Face aux menaces françaises, le Royaume-Uni déploie des navires militaires à Jersey

Le port de Saint-Helier à Jersey, théâtre de tensions franco-britanniques, le 09/11/17
Le port de Saint-Helier à Jersey, théâtre de tensions franco-britanniques, le 09/11/17 ©AFP - Oli Scarff
Le port de Saint-Helier à Jersey, théâtre de tensions franco-britanniques, le 09/11/17 ©AFP - Oli Scarff
Le port de Saint-Helier à Jersey, théâtre de tensions franco-britanniques, le 09/11/17 ©AFP - Oli Scarff
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Boris Johnson envoie deux navires militaires à Jersey face à un hypothétique blocus de son port par les pêcheurs français, alors que Paris menace de couper l'électricité à l'île. En Colombie, au-delà de la réforme fiscale c'est toute la politique du gouvernement Duque qui est contestée par la rue.

La France et le Royaume-Uni ont trouvé une bien étrange manière de commémorer ensemble les 200 ans de la mort de Napoléon. Etrange mais logique finalement : quoi de mieux pour marquer cet anniversaire que de rejouer une bataille entre les deux rives de la Manche ? Sauf que cette fois la bataille est navale, ou en tous cas c'est la tournure qu'elle semble prendre. 

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Je parle là des tensions commerciales très vives qui opposent la France (qui menace de couper l'électricité à l'île de Jersey pour défendre les intérêts de ses pêcheurs empêchés de jeter leurs filets dans les eaux troubles de l'après-Brexit) et le Royaume-Uni qui lui, a dépêché ce mercredi soir sur la zone deux navires militaires. C'est cette information qui s'étale en Une des quotidiens à Londres ce jeudi matin : "Boris Johnson envoie la Marine royale face à la France à Jersey", titre par exemple le Daily Telegraph.

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Le mot du jour c'est "gunboat", utilisé par toute la presse britannique pour désigner le type de bateaux déployés : des "canonnières" en termes militaires, ce qui vous en conviendrez semble beaucoup plus belliqueux que "navires de patrouilles" comme on les désigne dans les médias français et qui évoque plus de paisibles vedettes de garde-côtes. 

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Non, à croire la photo publiée par The Times, toujours en Une, il s'agit bien de deux bateaux militaires avec leur armement.  Sur l'île de Jersey, le quotidien local The Bailiwick Express, nous explique que Londres a déclenché ce déploiement par crainte qu'au petit matin une soixantaine de bateaux de pêche français ne viennent bloquer le port insulaire de Saint-Hélier, pour protester contre les restrictions de pêche dans la zone imposées unilatéralement par le Royaume-Uni en violation selon Paris des accords du Brexit. Les Jersiais prennent cette menace française très au sérieux ; ils redoutent que ce coup de force des pêcheurs n'empêche sciemment le passage du ferry qui doit permet le ravitaillement en nourriture et en essence.   

On est là clairement face à une réminiscence napoléonienne, on y revient, cette vieille crainte des Britanniques de voir se reproduire deux siècles plus tard le blocus continental que leur avait imposé Napoléon pour mettre le Royaume-Uni à genoux. Mais quoi qu'il en soit, "Boris Johnson, écrit Fiona Potigny toujours dans le Bailiwick Express, mobilise la flotte militaire tout en appelant à la désescalade et au dialogue autour de ce conflit maritime"... Voilà qui peut pour le moins sembler paradoxal. 

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Surtout que sa décision d'envoyer les canonnières a remis une pièce dans la machine anti-française au Royaume-Uni : The Daily Express constate que sur les réseaux sociaux d'outre-Manche, le hashtag #WarWithFrance, "en guerre contre la France" est devenu viral en quelques heures. "La France a commis ce qui ressemble très fort à un acte de guerre" en menaçant de couper l'approvisionnement en électricité de Jersey, tonne pour sa part le chef de l'association des pêcheurs de l'île, dans une interview au Guardian.  

Il est rejoint dans son analyse par l'élu du parti conservateur Danny Hannan : dans une tribune publiée par le Daily Mail, il s'emporte contre un "Emmanuel Macron qui se rêve en Napoléon mais n'est au final qu'un Poutine de supérette". "Une démocratie sereine ne menace pas son voisin de lui couper l'électricité", assène le député européen, qui voit là "des méthodes dignes de celles pratiquées par la Russie contre l'Ukraine avec la soi-disant 'diplomatie du gaz'". 

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Le parallèle est volontairement provocateur, la France est vilipendée par le député européen, comme l'Europe, dépeinte comme l'agresseur perpétuel d'un Royaume-Uni appelé à se draper dans sa grandeur insulaire en protégeant jalousement ses richesses maritimes, comme si le blocus continental était toujours d'actualité. Le genre de discours que l'on pouvait sans doute déjà lire dans les gazettes londoniennes il y a deux cents ans : qu'on se le dise, le fantôme de Napoléon plane plus que jamais, ces derniers jours, au-dessus des relations franco-britanniques.

En Colombie, la grève nationale et les manifestations contre le gouvernement durent depuis déjà plus d'une semaine. 

... Et elles ne montrent aucun signe d'affaiblissement, atteste ce matin encore le réseau de radios colombiennes Caracol, malgré la répression policière qui s'intensifie chaque jour : déjà 24 morts, et seulement trois policiers mis en cause pour homicide par la Justice. Les autres cas de violences voire d'exactions commises par les forces de l'ordres seraient le fait des Esmad, les brigades anti-émeutes de sombre réputation et qui n'ont apparemment de compte à rendre à personne. 

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Cela fait d'ailleurs bien des jours, note El Espectador, que la mobilisation populaire, et donc la grève nationale, ne se font plus contre la seule réforme des impôts voulue par le pouvoir de droite du président Ivan Duque (il s'agissait d'augmenter les impôts pour financer la réponse à la crise sanitaire et économique qui justement, prive les Colombiens de revenus). Non, ce qui pousse les gens par milliers dans la rue, c'est une rupture plus franche et plus globale encore, le rejet de la politique menée par ce gouvernement depuis deux ans... et la dénonciation des violences policières qui, en quelque sorte, alimentent et renforcent encore la colère. "Cette mobilisation scelle le divorce entre Ivan Duque et la jeunesse de son pays", analyse Santiago Torrado dans l'édition sud-américaine d' El Pais

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Et ça ne semble pas prêt de s'arranger, car tout en appelant l'opposition au dialogue, le président l'a dit : face à ce qu'il qualifie de "vandalisme en bande organisée" et de "terrorisme urbain", il n'exclut pas de décréter l'état d'urgence nationale... mais attention, alertent des experts en sécurité dans El Espectador : cette mesure d'exception risquerait d'attiser plus encore les tensions et les affrontements entre forces de l'ordre et manifestants. "Le chemin vers le dialogue et la réconciliation est long et épineux", constate enfin le quotidien.

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