Félicien Kabuga, "l'architecte du génocide rwandais", arrêté près de Paris

Félicien Kabuga
Félicien Kabuga ©AFP - AFP PHOTO /Mecanisme pour les Tribunaux penaux internationaux/Nations Unies
Félicien Kabuga ©AFP - AFP PHOTO /Mecanisme pour les Tribunaux penaux internationaux/Nations Unies
Félicien Kabuga ©AFP - AFP PHOTO /Mecanisme pour les Tribunaux penaux internationaux/Nations Unies
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L'ancien homme d'affaires et proche du pouvoir génocidaire au Rwanda Félicien Kaguba a été arrêté samedi à Asnières. Recherché depuis 23 ans pour avoir organisé et financé le massacre de 800 000 Tutsis, il devrait être jugé à Arusha, La Haye ou Kigali. Covid-19 : le Brésil paye la facture Bolsonaro.

Revenons ce matin sur l'arrestation, samedi à Asnières près de Paris, du génocidaire rwandais présumé Félicien Kabuga. 

Celui que la presse française a beaucoup décrit ce week-end comme "l'argentier, le financeur" du génocide de 800 000 Tutsis au Rwanda au printemps 1994 est plutôt présenté, dans les pages de New Times de Kigali, comme «"l'architecte  Kabuga " : celui qui a échafaudé le mécanisme implacable du génocide, passé commande de millions de machettes,  armé les esprits aussi en créant et présidant la pire arme de ces massacres, cette "radio des Mille collines" qui a préparé les esprits au pire et organisé le passage à l'acte des milices interahamwés. 

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26 années de cavales plus tard, l'homme le plus recherché d'Afrique avec 5 millions de dollars de prime sur sa tête tombe donc à 85 ans dans les filets de la police française, interpellé au petit matin dans un appartement où il vivait tranquillement, en famille et sous une fausse identité, au cœur d'une coquette banlieue parisienne. Ça fait dire à l' Observateur Paalga, le grand quotidien d'Afrique de l'Ouest, que «"c'est un gros requin qui a été pris sur les bords de Seine".  

Bien sûr, poursuit The New Times, "la France doit des comptes au Rwanda, sur le fait qu'un des derniers génocidaires recherchés par la justice internationale puisse échapper pendant si longtemps à la vigilance" de notre pays. A ce propos, on notera la différence sémantique entre ceux qui, comme Le Soir en Belgique, décrivent comme un roman la "vie d'errance" de Félicien Kabuga ce dernier quart de siècle, en faisant un homme traqué du Rwanda à la France en passant par le Kenya et les Comores, ou bien ceux, comme le magazine Jeune Afrique, qui s'interrogent sur les "protections" sans lesquelles ces 26 années de "folle cavale" n'auraient pas été possibles. 

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"Le fait de le retrouver aux portes de Paris, c'est une grosse surprise, on le pensait en Afrique mais si Félicien Kabuga a pu résider en France, c'est qqyu'il avait soit un réseau de soutien issu de l'ancien régime rwandais, soit qu'il bénéficiait aussi de complicités françaises ", explique Philip Grant, de l'ONG Trial International, interrogé par Le Temps à Genève. 

Car la Suisse n'échappe pas non plus aux critiques dans le dossier Kabuga  : c'est elle la première qui l'a laissé disparaître dans la nature, en 1994 juste après le génocide. Des réfugiés rwandais victimes des interahamwés, nous raconte le Temps, avaient reconnu leur bourreau en chef Félicien Kabuga parmi la foule de leurs semblables dans un centre d'accueil de demandeurs d'asiles genevois. Il l'avaient signalé aux autorités helvétiques...qui avaient préféré expulser simplement celui qui était à l'époque l'homme le plus riche et l'un des plus puissants du Rwanda. 

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"Ce jour-là, on a perdu 26 ans, résume Philip Grant avant de poursuivre : des enquêteurs ont même été tués en cherchant à retrouver sa trace  ; tout cela ne serait pas arrivé si la Suisse ne l'avait pas laissé filer ".     

Depuis samedi, conclut le Burundi Daily, «_ Kigali et le monde libre exultent_ » de savoir l'architecte du génocide enfin derrière les barreaux. Et après, s'interroge The New Times depuis Kigali ? La suite devrait prendre la forme d'une complexe bataille de compétence entre juridiction nationale rwandaise et internationale onusienne : Félicien Kabuga pourrait être jugé aussi bien dans son pays, comme l'ont été de plus récents génocidaires arrêtés, ou bien devant un tribunal pénal international du Mécanisme spécial créé pour le Rwanda, à Arusha en Tanzanie ou plus classiquement à La Haye aux Pays-Bas.  

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Dans les méandres de cette justice de l'Histoire mondiale, une chose est sûre, et c'est le titre de l'article du Temps déjà cité un peu plus haut : «"le pire, ce serait que Félicien Kabuga, 85 ans, décède avant d'avoir été jugé ".  

Nous partons à présent au Brésil, frappé à son tour par la déferlante Covid-19. 

Les hôpitaux des principales métropoles du pays, à commencer par Sao Paulo, sont "sur le point d'imploser" sous le poids des malades qui leur sont amenés, alerte la BBC qui décrit des équipes médicales trop peu et trop mal préparées à ce pic d'épidémie pourtant terriblement prévisible. 

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Le nombre de morts dépasse désormais les 16 000 pour 240 000 personnes contaminées à ce jour selon les données du ministère de la Santé reprises par le groupe de presse brésilien Globo : en quelques jours le Brésil est devenu le quatrième pays le plus durement touché par la pandémie derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie.

Le pire, c'est donc que tout cela était écrit, prédit par les spécialistes de la santé brésiliens depuis deux mois, et que rien n'a été fait pour l'empêcher au sommet de l'Etat brésilien. Selon la formule très juste employée par Romeo Cotroneo dans Il Corriere della Serra, "le Brésil paye aujourd'hui la facture" de l'entêtement et du déni dans lesquels s'est enfermé Jair Bolsonaro ces derniers mois. 

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Un président qui, à l'inverse par exemple de son grand ami Donald Trump, semble fragilisé politiquement par tout ça : il a vu encore ce week-end son ministre de la Santé démissionner... c'est le second en un mois, nous rappelle le Corriere, parce que la présidence a voulu lui imposer (contre 90% des avis scientifiques) de revoir tous les protocoles médicaux pour que l'on donne de la chloroquine aux malades de la Covid-19.   

Plus grave encore, rapporte le magazine Veja, l'étau judiciaire se resserre contre Bolsonaro et son entourage visés par l'enquête judiciaire tonitruante qu'a lancé le Parquet général du Brésil... il s'agit d'établir si, comme l'a révélé l'ex baron noir du président et ministre de la Justice Sergio Moro (lui mêmle démissionnaire il y a deux semaines), Jair Bolsonaro a bien fait pression sur l'appareil judiciaire pour empêcher que ce dernier ne s'intéresse de trop près aux affaires de ses fils. 

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Voilà qui pousse l'éditorialiste d' O Globo Miriam Leitao à évoquer la possibilité d'une d'une procédure d'impeachment contre ce président qui, dit-elle, "a commis des crimes d'irresponsabilités, a violé le droit social, la santé publique, menacé le libre exercice des pouvoirs législatifs et judiciaires... et contre qui les preuves s'accumulent chaque jour un peu plus sur le bureau du procureur général Augusto Aras". 

La constitution brésilienne est claire, il faut 172 voix de députés pour destituer le président, comme cela a été fait pour Dilma Roussef. Reste à savoir si le président du Parlement et bête noire de Bolsonaro, Rodrigo Maia, prendra la responsabilité de lancer ou non la procédure. En tous cas "s'il ne le fait pas, conclut Miriam Leitao, ce ne sera pas faute de preuves accablantes contre le président, mais bien pour de sombres motifs politiques".  

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