Géopolitique du vaccin anti-covid19 : le piège ukrainien

Vaccination anti-Covid (illustration)
Vaccination anti-Covid (illustration) ©AFP - Joël Saget
Vaccination anti-Covid (illustration) ©AFP - Joël Saget
Vaccination anti-Covid (illustration) ©AFP - Joël Saget
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L'Ukraine peine à acheter des vaccins contre le Covid-19: coincée entre l'ennemi russe, l'allié américain qui refuse d'exporter ses vaccins, Kiev a finalement décidé d'acheter des vaccins chinois. Au Kirghizistan, les électeurs plébiscitent un populiste pour incarner le virage présidentialiste.

L'Ukraine, cas pratique sur l’inégalité des pays face à la vaccination contre le Covid-19

C’est le New York Times, sous la plume de Maria Varenikova, qui nous emmène en Ukraine pour illustrer ces grands enjeux économiques et géopolitiques qui se cachent derrière la circulation des précieux vaccins.

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En Ukraine comme partout dans le monde, la journaliste a rencontré des familles endeuillées par la pandémie, ou simplement inquiètes, fatiguées par cette demi-vie que nous imposent les mesures sanitaires, et qui se raccrochent à l’idée d’une vaccination massive et rapide comme seul espoir véritable d’en finir avec le coronavirus. Ces Ukrainiens voient à la télévision, sur internet, que dans les pays riches, on vaccine déjà à tour de bras. Mais chez eux, contrairement aux promesses des gouvernants, la réalité c’est qu’il faudra sans doute attendre des mois, avant que la campagne de vaccination commence vraiment. 

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Ce que montre le reportage du New York Times, c’est le piège géopolitique dans lequel se trouve l’Ukraine : toujours en conflit ouvert avec la Russie sur la Crimée et le Donbas, elle "préfèrerait mourir", écrit Maria Varenikova, plutôt que d’accepter le vaccin russe qui la replacerait dans une situation de dépendance vis-à-vis de son ennemi historique ; mais pour autant, elle ne peut pas compter sur l’aide de son allié habituel face aux Russes, les Etats-Unis, puisque Donald Trump a interdit toute exportation du vaccin américain Pfizer. 

Et voilà donc nos Ukrainiens pris entre le nationalisme vaccinal américain et les arrières-pensées impérialistes russes, forcés, comme le confirmait l’agence nationale Unian la semaine dernière, de passer un contrat avec la Chine, et son vaccin SinoVac.

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Le pays pourrait aussi compter sur la solidarité internationale organisée par l’OMS… mais cela voudrait dire attendre, en quelque sorte, la charité réservée aux pays pauvres. Et ça l’Ukraine, qui est aux portes de l’Union Européenne, a du mal à s’y résoudre. D’autant qu’il ne faut pas se faire  d’illusions, là non plus : le pays, avec sa population de 42 millions d’habitants, n’est censé recevoir de l’organisme international Covax, qui gère la solidarité vaccinale sous l’égide de l’OMS, que 8 millions de doses, et ce, pas avant ce printemps. 

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"On est là", déplore Pavlo Kalashnik pour le média indépendant Hromadske, "dans ce que l’on avait pu craindre et qui est bel et bien arrivé : les pays riches sont servis les premiers, leur égoïsme et la pression politique qu’il mette sur les laboratoires font que les pays qui n’ont pas les moyens de rivaliser sont condamnés à repousser la vaccination de longs mois… avec les conséquences que cela aura sur la mortalité au sein de leur population. Il y a aussi l’effet économique de l’offre et de la demande, avec des prix des vaccins poussés à la hausse par les commandes des grandes puissances et difficile à suivre pour les moins riches."

Pas étonnant dès lors, comme on pouvait le lire la semaine dernière dans le journal en ligne Ukrainska Pravda, qu’il y ait de forts soupçons sur le fait que des Ukrainiens fortunés aient pu se faire expédier clandestinement d’Israël des doses de vaccin Pfizer, et se soient fait vacciner en toute discrétion, à 2500 euros la dose. Une enquête a été lancée sur demande expresse du président Volodimir Zelensky. 

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Petit rappel : le Covid-19 a déjà fait près de 20 000 morts en Ukraine, et le pays vient de se reconfiner pas plus tard que ce week-end.

Plus à l’Est et toujours en ex-URSS, le Kirghizistan vient d’élire un nouveau président.

Et ce président, sans surprise, ce devrait être (on attend toujours les résultats définitifs) Sadyr Japarov, un homme à la "trajectoire météoritique" dixit la radio internationale financée par les Etats-Unis Radio Liberty. Japarov, il y a encore trois mois, dormait en prison, condamné entre autres, pour avoir participé à des séquestrations pendant une manifestation contre un projet minier... et le voilà donc sur le point de prendre les rênes de cette petite république d’Asie centrale censée être un îlot de démocratie entouré de voisin autocratiques ,mais qui pourrait bien être en train de basculer à son tour.

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En effet, précise le site Eurasianet, en plus de la présidentielle, hier, les Kirghizes participaient à un référendum constitutionnel sur le fondement-même de leur démocratie, à savoir choisir entre le système parlementaire actuel (qui jusque-là a permis d’éviter l’accaparation de tous les pouvoirs par un seul clan mais il faut bien le dire, entraîne aussi une grande instabilité politique) et un système présidentiel (qui pour le coup, concentrerait les pouvoirs entre les mains du chef de l’Etat). C’est cette deuxième proposition qui s’est imposée largement au référendum ; c’était celle défendue par Sadyr Japarov, et le voilà donc sur le point de se voir confier des "pouvoirs écrasants", s’inquiète Eurasianet

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Inquiète aussi, la BBC en langue russe, qui s’alarme de voir les supporters du nouveau président le décrire fièrement comme leur "Trump kirghize" lui qui, il faut le rappeler, a été à l’origine de l’envahissement du Parlement kirghize en octobre, quand ses partisans contestaient les fraudes lors des élections législatives et s’étaient empressés d’aller extirper leur leader de prison pour le porter au sommet du pouvoir. 

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C’est désormais chose faite : Japarov le "populiste" est le prochain président du Kirghizistan, lui qui pendant la campagne, raconte Bruce Pannier de Radio Liberty, a rassemblé des foules impressionnantes dans des stades mais a toujours refusé d’affronter ses adversaires dans des débats publics. Lui aussi, qui a reçu des sommes considérables de mystérieux donateurs privés pour financer sa campagne, alimentant les soupçons de financement par des clans oligarchiques, voire par le crime organisé. 

Le virage autoritaire qu’il devrait incarner ramènera-t-il la stabilité espérée par les Kirghizes ? C’est loin d’être sûr, conclut Bruce Pannier, tant l'ampleur des défis posés par la crise économique risque de fragiliser son pouvoir, tout "écrasant", soit-t-il.