

Le secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires politiques est attendu en Corée du Nord, pour une rare visite officielle de quatre jours, peu après le tir par Pyongyang d'un puissant missile et alors que Séoul et Washington ont donné le coup d'envoi d'importantes manœuvres militaires.
Comment ne pas voir, tout d'abord, le funeste ballet qui se joue actuellement dans le ciel de la Corée ? Hier, prévient le magazine NEWSWEEK, Séoul et Washington ont donné le coup d'envoi à leur plus important exercice militaire conjoint de tous les temps. Jusqu'à vendredi, 12 000 soldats et 230 avions vont multiplier les manœuvres, dont la préparation d'une attaque contre des cibles nucléaires nord-coréennes. Et pour parfaire l'écriture de ce scénario mortel, que Pyongyang considère comme une répétition grandeur nature de l'invasion de son territoire, THE NEW YORK TIMES précise que les avions les plus sophistiqués et les plus puissants de l'armée américaine ont été mobilisés. Une démonstration de force, qui intervient cinq jours, seulement, après le tir par la Corée du Nord d'un missile balistique intercontinental. Un missile, d'ailleurs, dont THE WASHINGTON POST rapporte que les passagers d'un vol parti de San Francisco à destination de Hong-Kong ont pu, eux-mêmes, observer. Du moins, ceux qui à ce moment-là avaient la tête tournée vers le hublot. Selon le quotidien SOUTH CHINA MORNING POST, le directeur général de la compagnie aérienne a expliqué que l’équipage avait vu le missile «exploser et se désintégrer». Ce qui pose, évidemment, la question de la sécurité des vols commerciaux dans la région. Mais ce détail offre une autre indication importante : si l'engin s'est effectivement désintégré, cela supposerait que la fusée n’était pas encore assez solide pour résister à la rentrée dans l’atmosphère. Ce qui constitue, en l'occurrence, l’une des dernières étapes à franchir pour le régime nord-coréen avant de devenir une puissance nucléaire, capable de frapper avec ses ogives une bonne partie de la planète. Quoi qu'il en soit, dans ce contexte de fortes tensions, un influent sénateur américain a estimé, sur la chaîne américaine CBS, que le spectre d'une «guerre préventive» se rapprochait. Des propos qui font écho à ceux du conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, lequel a lui déclaré que la probabilité d'une guerre avec la Corée du Nord «augmentait chaque jour». Avant de préciser : «Nous sommes dans une course permanente pour trouver une solution à ce problème». A ce titre, le site BLOOMBERG rappelle, lui, que le secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires politiques est attendu, aujourd'hui, en Corée du Nord, ce qui ne s'était pas produit depuis 6 ans.
L'ONU qui reste stupéfaite, en revanche, après une proposition avancée, sans scrupules, par plusieurs responsables politiques en Allemagne. Alors que Berlin envisage de donner jusqu'à 3000 euros aux demandeurs d’asile déboutés, prêts à accepter un retour volontaire dans leur pays d’origine, la TAZ revient sur la volonté de certains membres de l'AfD, mais aussi plusieurs responsables conservateurs, de renvoyer les réfugiés syriens dans les zones «sûres» de leur pays. Et le journal de citer, notamment, un haut fonctionnaire des Nations-Unies : «Ces hommes politiques sont soit des cyniques sans cœur, indifférents au destin de ceux qu'ils veulent reconduire dans leur pays, soit ils ne savent rien de la situation actuelle en Syrie». Et de fait, même dans les zones de désescalade où des cessez-le-feu locaux ont été négociés, de violents combats continuent à faire rage, précise le journal. Ou dit autrement, renchérit son confrère FOCUS, il est actuellement impossible de renvoyer des gens en Syrie car la guerre n'est tout simplement pas terminée.
Une autre guerre, à présent, dont on ne perçoit toujours pas l'issue : Au Yémen, hier, l’ex-dictateur Ali Abdallah Saleh a été tué. La chaîne de télévision AL-ARABIA a diffusé des images d'un corps présenté comme étant celui de l'ex-président, le crâne ouvert. Des photos et vidéos circulant sur les réseaux sociaux (mais impossibles, là encore, à authentifier) montrent également un corps ressemblant à celui d'Ali Abdallah Saleh. On y voit des miliciens déroulant une couverture et enveloppant le cadavre, avant de le charger à l'arrière d'un pick-up. Des images qui ne sont pas sans rappeler, d'ailleurs, celle de la mort d’un autre leader arabe, Mouammar Kadhafi, fuyant sa ville natale de Syrte. C'était en octobre 2011. Renversé l'année suivante, dans la foulée des printemps arabes, Ali Abdallah Saleh a donc été tué, hier, au sud de la capitale (Sanaa), où ses partisans affrontent depuis cinq jours les miliciens houthis, leurs anciens alliés. Samedi dernier, en effet, l'ex-président avait créé la surprise en proposant un rapprochement avec la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite, ce que les rebelles chiites Houthis ont considéré comme une trahison. Selon un sociologue yéménite, interrogé sur Al-JAZIRA, les houthistes savaient qu’un jour ou l’autre, Saleh allait se retourner contre eux. Ils avaient bien préparé ce moment et étaient prêts à réagir. Toujours sur la chaîne de télévision qatarie, un observateur estime qu'Ali Abdallah Saleh est mort comme il a régné, par la ruse et la trahison permanente. Enfin, parmi les réactions toujours relevées par le Courrier International, un intellectuel mauritanien écrit : «Le livre du printemps arabe continue de surprendre le monde. Et il continuera de s’écrire en lettres rouges, jusqu’à ce que les peuples arabes parviennent à la liberté et la dignité».
Enfin comment ne pas voir que le référendum catalan a secoué les velléités indépendantistes dans toute l’Europe ? Dernier exemple en date : la Corse.Dimanche, les nationalistes sont arrivés largement en tête du premier tour des élections régionales. Un véritable tsunami nationaliste, écrit LA VANGUARDIA. On s’attendait à leur succès mais pas à ce triomphe, commente à son tour la correspondante du TEMPS, avant de préciser toutefois qu’ils devront attendre dimanche prochain pour le savourer définitivement. Les nationalistes corses ont-ils bénéficié de la bourrasque indépendantiste venue de Catalogne ? Une chose est sûre, pointe EL PERIODICO, les nationalistes corses, eux, ont un bien meilleur sens des réalités, dit-il, que les séparatistes catalans. Pas même leur leader, Guy Talamoni, n'envisage une sécession dans un avenir proche. En clair, les nationalistes corses ne sont pas dupes quant au rapport de force avec l'Etat central. Là-bas, personne ne veut jouer le rôle de David contre Goliath. Enfin tandis que débute, aujourd'hui, la campagne pour les élections régionales du 21 décembre en Catalogne, le contraste est saisissant. Toute la presse espagnole, sans exception, affiche ce matin en Une la photo des anciens membres de l'exécutif catalans sortis de prison seulement hier, après le paiement d'une caution de 100.000 euros. A l'exception, en revanche, de l'ex-vice-président de la Generalitat qui, lui, mènera donc la bataille électorale derrière les barreaux de sa cellule.
Par Thomas CLUZEL
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