La presse américaine s'interroge sur les risques de voir Donald Trump personnellement inculpé dans l'enquête sur des violations de règles du financement de sa campagne 2016. Regards étrangers sur ce qu'Emmanuel Macron pourrait annoncer ce soir pour répondre à la "rage" des gilets jaunes.
A la Une de la presse mondiale ce matin, trois hommes puissants sur la sellette.
Le premier, c'est Donald Trump, "the individual one", selon le terme volontairement anonyme par lequel il est désigné dans les 40 pages d'accusation rendues vendredi par une Cour de New-York, contre l'ex avocat de Trump, Michael Cohen.
Trois jours plus tard, les journaux américains ont eu le temps de disséquer ce document, et ils en tirent leurs propres conclusions. La première, tirée par USA Today, c'est que Michael Cohen, qui avait accepté de plaider coupable et de coopérer avec l'enquête sur le financement de la campagne de 2016, a peu de chance d'échapper à "une peine substantielle de prison" ; mais la seconde, et la plus grave, c'est que Donald Trump est clairement impliqué par Cohen comme l'instigateur de ces violations présumées dès règles de financement des campagnes électorales, et donc que le Président lui-même est menacé par une inculpation.
Le sujet a passionné les télés américaines tout le week-end, avec par exemple hier, sur Fox News, l'expert juridique Andrew McCarthy, qui déclarait ceci (à 0'50 sur la vidéo ci-dessous):
"Il est clair que Donald TRump est la cible de cette enquête", nous dit donc Andrew McCarthy, "et il est clair aussi qu'il sera inculpé au bout du compte. Mais la règle aux Etats-Unis, c'est qu'un Président ne peut pas être mis en examen dans l'exercice de ses fonctions, donc le plus probable c'est que Trump le sera dès qu'il quittera la Maison Blanche".
Voila ce qui fait dire au Guardian, dans son éditorial du jour, que "le filet judiciaire est en train de se refermer" sur le Président américain, même si le quotidien britannique semble convaincu que, aussi graves et étayées qu'elles soient, les charges qui pourraient être retenues contre Donald Trump ne devrait pas l'empêcher d'aller au bout de son mandat.
Est-ce si sûr? L'autre mot que l'on lit dans tous les journaux américains depuis hier, c'est celui d'"impeachment". Une procédure d'initiative politique et non judiciaire celle-ci, avec les Démocrates, qui seront majoritaires dès Janvier à la Chambre des Représentants, et qui brandissent clairement la menace d'une destitution. C'est le futur président de la commission de la justice à la Chambre, Jerrold Nadler, qui l'a dit hier soir sur CNN (à partir de 0'45) :
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"Si l'implication directe du Président dans la fraude électorale se confirme", affirme Nadler, "alors oui il y aura matière à lancer une procédure d'impeachment", Car "jusque-là le Congrès protégeait Trump mais que ce temps-là est révolu", avec les Démocrates en majorité à la Chambre qui sont déterminés à "aller au fond de cette affaire".
Conclusion du New York Magazine : la campagne pour la réélection de Donald Trump en 2020 sera principalement destinée à lui éviter, pour au moins quatre ans, un passage par la case prison.
Donald Trump pris dans l'étau judiciaire, donc, et Emmanuel Macron, en France, acculé par les Gilets Jaunes à faire d'importantes concessions.
La presse étrangère suit de très près cette défiance massive et violente, exprimée contre le jeune Président qu'elle avait encensé il y a un an et demi. A croire le tabloïd londonien The Sun, c'est un Emmanuel Macron "humilié" par les Gilets Jaunes, trop "arrogant" aussi, qui s'apprête à faire "des excuses" aux Français, et à concéder de nouvelles baisses d’impôts pour tenter de calmer la "rage" exprimée par le peuple français aussi bien de droite que de gauche.
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Dans son édito du Temps, en Suisse, Richard Werly s'interroge sur la marge de manœuvre du président.
Augmenter le SMIC ? Ce serait insuffisant, car ça ne répondrait pas au mal-être des classes moyennes très mobilisées. Il faut des gestes fiscaux suffisamment concrets et symboliques pour "répondre aux accusations de favoritisme" dont bénéficieraient les plus fortunés.
Emmanuel Macron, écrit encore Richard Werly, ne fera pas l'économie d'une grande négociation sociale, ouvrant la voie à des concessions profondes sur les réformes, à venir l'an prochain, de l'allocation-chômage et des retraites.
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Dans le registre politique enfin, le chef de l'Etat va devoir trouver un "geste fort" sur la critique des institutions démocratiques : en la matière l'idée d'une dissolution, le spectre d'une possible cohabitation, semble exclue par l'Elysée, alors peut-être son locataire sera-t'il tenté de ressortir des placards une réforme constitutionnelle mal embarquée. En tous cas chef de l'Etat va devoir "changer de registre", dire "adieu à Jupiter et à la disruption", et faire entrer l'Elysée dans une "phase de sobriété", dans tous les sens du terme.
Vu du Japon, l'une des conséquences de cette crise des Gilets Jaunes en France, c'est le peu d'empressement d'Emmanuel Macron à intercéder en faveur du PDG de Renault.
Carlos Ghosn qui vient d'être à nouveau inculpé dans un second volet des accusations de fraude fiscale au Japon, n'est donc pas prêt de sortir de prison, et la Nikkei Asian Review se demande pourquoi Paris ne tente rien pour aider son patron le plus riche et le plus puissant, à la tête d'une entreprise, qui plus est, dont l'Etat est actionnaire.
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En temps normal, la diplomatie ferait son travail en coulisse pour alléger les tourments du "premier de cordée", mais cette fois-ci, Carlos Ghosn ne doit rien attendre d'Emmanuel Macron tant il semble "radioactif", en ces temps de révolte sociale : impossible d'apparaître comme soutenant un grand patron, un super-riche pris la main dans le sac en tentant de gagner encore plus en payant encore moins d'impôts. Alors Carlos Ghosn sait qu'il ne doit rien attendre de la France, dans cette"austère cellule de la maison d'arrêt de Tokyo" telle que la décrit le quotidien japonais Asahi Shimbun. Le détenu se plaint beaucoup paraît-il du froid, et de la piètre qualité des repas. Du riz midi et soir, du pain deux fois par mois, une douche deux fois par semaine... et la perspective pour Carlos Ghosn d'une détention qui pourrait durer jusqu'à 300 jours, comme cela avait été le cas pour un couple de riches et influents japonais, poursuivi eux aussi pour fraude fiscale l'an dernier.
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