

Le conseiller à la Maison Blanche John Bolton s'en est pris très violemment lundi à la Cour Pénale Internationale de la Haye qu'il voue à une "mort" prochaine. Au sommaire également, les indigènes d'Amazonie équatoriens déboutés face au pétrolier Chevron et la répression des Ouïghours en Chine.
Les journaux des deux côtés de l'Atlantique ce matin remettent au goût du jour une théorie chère à Alexis de Tocqueville: celle de l'"exceptionnalisme américain".
Cette conviction qu'ont les Américains d'eux même, qu'ils ne sont pas n'importe quel pays dans le monde, qu'ils ont une destinée à part, et qu'à ce titre ils pourraient s'affranchir des règles qui s'appliquent aux autres pays. A en croire le Guardian britannique, ce matin, cet "exceptionnalisme américain" culmine à nouveau de manière "inacceptable" après ces propos très virulents tenus hier par le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump: John Bolton, devant un lobby conservateur, s'en prend à l'une de ses bêtes noires, la Cour Pénale
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Les Etats-Unis utiliseront tous les moyens pour protéger leurs citoyens et nos alliés contre les poursuites injustes de cette cour illégitime. Nous laisserons la CPI mourir par elle-même. Pour nous cette Cour est en fait déjà morte.
Il faut rappeler, comme le fait le Washington Post, que les Etats-Unis n'ont jamais ratifié l'accord de Rome qui créait la CPI pour juger les crimes de guerre et crimes contre l'humanité. A l'époque, en 2002, John Bolton, dans l'ombre de Georges W Bush, avait fait signer à une centaine de pays amis de l'Amérique des accords bilatéraux jurant qu'ils n'utiliseraient pas la Cour pour poursuivre des Américains.
Mais cet été les juges de la Haye ont redit leur volonté d'enquêter sur des crimes commis par des soldats US en Afghanistan. Et ça, c'est inacceptable, pour Trump et son administration qui, vous le lirez également dans la Vanguardia de Barcelone, n'ont pas hésité hier à menacer les magistrats de la CPI de sanctions personnelles, privation de visas américains et bannissement des marchés financiers, s'ils entamaient des recours contre les Etats-Unis ou leurs alliés à commencer par Israël.
C'est donc cette virulence, dans les attaques, qui fait dire à Simon Tisdall dans le Guardian que les Américains n'ont pas seulement juré la mort de la CPI, mais bien de toute idée de justice internationale. Et à l'en croire, et "il y a de bonnes chances qu'ils réussissent". Car la Cour de la Haye est déjà très fragilisée, critiquée justement pour n'avoir aucun pouvoir contre les grandes puissances comme les Etats-Unis, et pour concentrer ses ardeurs presqu'exclusivement contre des dirigeants africains.
En s'attaquant, sous couvert de défense de leur souveraineté nationale, à une CPI déjà contestée, les Américains pourraient donc bien précipiter sa disparition, prédit le Guardian, et cela ferait le bonheur aussi bien de la Russie, sous le coup d'une enquête sur son implication dans le conflit dans l'Est de l'Ukraine... que de la Chine, inquiétée à propos de Taïwan et du conflit en mer de Chine du Sud.
Toujours à la Haye, un tribunal d'arbitrage vient de rendre une décision très commentée par les médias étrangers.
Victoire du pot de fer contre le pot de terre, c'est à lire sur le site du Courrier International: la Cour permanente d'arbitrage de la Haye a donné tort aux indiens d'Amazonie contre le géant pétrolier américain Chevron. La multinationale avait pourtant été condamnée, en juillet, par la Cour Constitutionnelle d'Equateur, à payer une amende de 9 milliards et demi d'euros en réparation de la pollution causée pendant des décennies à la forêt primaire.
Mais, lit-on dans les pages du journal El Comercio à Quito, les juges d'arbitrage en fin de semaine dernière ont donc cassée cette décision. Chevron obtient finalement gain de cause devant un tribunal privé, immédiatement contesté par le Collectif Indigène de Défense de l'Amazonie.
Dans l'article qu'y consacre BBC Mundo, ce revirement judiciaire est expliqué par les soupçons de pots-de-vins, qui auraient été versés par les plaignants à la Cour Constitutionnelle équatorienne en juillet. Le gouvernement d'Equateur, s'il ne parvient pas à mener un ultime recours contre Chevron, va devoir à son tour dédommager la firme américaine. Et voilà, s'il en était besoin, qui illustre les dangers d'un affaiblissement de la justice internationale des Etats face à une justice d'arbitrage des intérêts privés.
Un sujet qui monte dans la presse internationale ces dernières heures, en particulier dans les journaux du monde musulman: la répression massive dont sont victimes les Ouïghours dans l'Ouest de la Chine.
Ça fait suite à la publication dimanche d'un rapport accablant de l'ONG Human Rights Watch sur ces camps d'internement installés par les autorités chinoises dans le désert du Taklamakan pour y rééduquer, y siniser, et surtout y désislamiser la minorité turcophone et musulmane des Ouïghours du Xin Tiang. La campagne de répression menée par Pékin serait selon Human Rights Watch "d'une ampleur équivalente à celle de la Révolution culturelle entre 1966 et 76".
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Alors les chaines panarabes qatari Al-Jazeera et Al-Araby se sont emparées du sujet pour dénoncer ces attaques contre l'Islam considéré par Pékin comme "une maladie infectieuse à éradiquer", et la défense des Ouïghours, depuis, devient un sujet fort dans la presse des pays à dominante musulmane.
Le quotidien indien en langue ourdou, le Siasat Daily, reprend ce chiffre d'un million de Ouïghours passés de force dans ces camps d'internements; l'Indian Express titre sur cette campagne de "transformation forcée", d'endoctrinement politique de la communauté ouïghoure, sous couvert pour la Chine de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme islamiques.
Mais il n'y a pas qu'en Asie et dans le monde arabe que l'on s'indigne du sort réservé aux Ouïghours: dans le New York Times on lira que, sous la pression du Congrès américain, l'adminsitration Trump réfléchit à des sanctions économiques contre les dirigeants chinois. Ce seraient les premières, prises en représailles de violations des droits humains. Mais ce n'est pas encore fait: de telles sanctions, nous explique le Times, fragiliseraient les négociations déjà incertaines avec la Corée du Nord, et dans lesquelles la Chine reste un médiateur incontournable.
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