

Un mois après avoir été arrêté par les services US de lutte contre le narcortafic, le général mexicain Cienfuegos va être rendu à son pays sans aucune charge retenue aux Etats-Unis. Sera-t-il vraiment jugé au Mexique ? La chanteuse country Dolly Parton érigée en sauveuse de l'Amérique face au COVID.
Ce matin, des questions sur une décision assez incompréhensible de la Justice américaine…
Oui c'est l'un des derniers titres du Washington Post : le département américain de la Justice annonce qu’il renonce à poursuivre aux Etats-Unis l’ancien ministre de la défense du Mexique, Salvador Cienfuegos. Ce général mexicain avait été arrêté le 15 octobre à Los Angeles, puis placé en détention dans une prison décrite comme secrète et ultra-sécurité, avant d’être transféré à New York où l’on apprenait qu’une enquête était instruite contre lui, depuis plus d’un an, pour des soupçons de trafic de drogue aggravé.
En fait, le général Cienfuegos, du temps où il était ministre de la Défense entre 2012 et 2018 (du temps donc où il était en charge officiellement de la lutte contre les narcos), aurait profité de son statut pour couvrir les activités du cartel nommé H2 de fabrication et export vers les Etats-Unis de tonnes de stupéfiants.
Il s’agit tout simplement, selon The Washington Post, de "l’une des plus grosses prises effectuée par les services américains depuis des décennies, en matière de narco-trafic"… et pourtant, on apprenait cette nuit qu’il allait être rendu au Mexique "sans aucune charge retenue contre lui".
"Absurde et improbable", voilà comment un ancien responsable américain de la lutte contre les cartels qualifie cette décision. Il est interrogé par le Wall Street Journal, qui nous indique que les charges accumulées contre Cienfuegos étaient "très lourdes". D’ailleurs, en théorie, précise bien The Financial Times, si la Justice américaine accepte de laisser filer le général, c’est en vertu de la coopération judiciaire anti-drogue entre les Etats-Unis et le Mexique, et donc dans l’idée que Salvador Cienfuegos sera bel et bien jugé au Mexique. Les Américains ont d’ailleurs transmis à cet effet un dossier d’accusation de 750 pages, avec preuves à l’appui contre l’ancien ministre.
... Et c’est là que ça se complique, puisque personne ne semble vraiment croire que ce procès aura bien lieu, au Mexique. A en juger par la manière dont la presse mexicaine présente ce dernier rebondissement, il y a du soucis à se faire : selon le quotidien Milenio, Salvador Cienfuegos revient quasiment blanchi au pays, "en bonne santé, et libre comme n’importe quel citoyen lambda".
En vérité, les Américains devraient insister pour qu’il soit ramené au Mexique sous bonne escorte des US Marshalls, et s’ils avaient confiance en la justice mexicaine pour vraiment poursuivre l’ancien ministre, alors on peut se demander pourquoi ils ont enquêté sur lui pendant plus d’un an… sans jamais demander son aide à Mexico.
Non, dans les pages Opinion d’ El Universal, Alejandro Hope préfère en déduire que "l’enquête américaine n’a rien donné, que l’accusation s’est effondrée", et que Salvador Cienfuegos n’a rien à se reprocher… ce qui permet d’affirmer que son arrestation tonitruante il y a un mois n’aurait été qu’un objet d’obscur marchandage des Américains pour faire pression sur le président mexicain AMLO.
Dès lors, comme l’indique le site d’info latino-américain InfoBae, les commentaires de journalistes et d’opposants mexicains se multiplient, pour dire à quel point l’hypothèse d’un procès (voire d’une condamnation) de Salvador Cienfuegos dans son pays semble illusoire. The Financial Times conclut son article en rappelant que ces dernières années, les quelques parrains des cartels mexicains qui ont pu être arrêtés et condamnés l’ont été… aux Etats-Unis, et pas au Mexique, où l’armée dont est issu Cienfuegos est quasiment intouchable tant le président AMLO dépend d’elle pour maintenir le pays à flots.
Il faudra certainement un peu de temps pour savoir ce qui s’est joué, en coulisse, entre les présidents mexicain et américain derrière cette libération de facto. En attendant, note The Wall Street Journal, AMLO s’est bien gardé de féliciter Joe Biden pour sa victoire à la présidentielle… ce qui n’a sans doute pas déplu à Donald Trump.
Restons aux Etats-Unis qui se sont trouvé une sainte, une sauveuse face à la pandémie.
Ils n’ont pas eu à aller chercher bien loin, puisqu'il s’agit de la plus grande chanteuse populaire du pays, l’idole de la country Dolly Parton qui se retrouve donc érigée en héroïne de la lutte contre le Covid-19. Le mélange des genres a de quoi surprendre, alors voici un indice musical pour vous mettre sur la bonne voie :
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Ce n’est pas Dolly Parton elle-même qui chante, mais vous aurez reconnu son plus grand tuble "Jolene", réinterprêté dans un campagne d'ONG pour que le futur vaccin anti-Covid sot gratuit pour tous. C'est donc bien de vaccin qu’il est question, nos explique enfin The New York Times : on a appris mardi que la déesse vivante de la country avait fait don, en avril, d’un million de dollar pour financer la recherche sur le vaccin Moderna… celui dont on a appris mardi également qu’il était efficace à 95% selon des tests partiels.
Bon d’accord, reconnaît USA Today, ce n’est pas dans l’absolu l’info du siècle, mais dans le contexte de morosité ambiante, avec la pandémie qui fait de plus en plus d morts aux Etats-Unis, Donald Trump qui s’accroche coûte que coûte à la Maison Blanche… cette histoire de Dolly Parton en sauveuse de l’humanité redonne un peu d’espoir et de sourire. Le magazine Vulture fait même état de nombreux messages, sur les réseaux sociaux, pour exiger que la chanteuse soit nommée Prix Nobel de la Paix, rien de moins !
Vous l’avez compris, en ces temps troublés il est rassurant d’adorer ses idoles, et de bénir ses bienfaiteurs. En lisant l’article que lui consacre The Guardian, on apprend que la star n’a pas fini de faire parler d'elle : elle vient de sortir son 47e album, qui est un recueil de chants de Noël, et elle sera également dans un mois la vedette d’un film musical de Noël diffusé sur Netflix. Arriver à sauver la magie de Noël cette année, en plus de nous débarrasser du Covid19, ça vaut bien une canonisation pour sainte Dolly Parton !
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