Si l'issue de la pandémie semble dépendre de la découverte d'un vaccin efficace, certains opposants à la vaccination capitalisent sur la crise actuelle pour faire circuler leurs messages conspirationnistes. Au Zimbabwe, l'épidémie de malaria tue plus que celle de Covid-19 mais passe au second plan.
Une fois n'est pas coutume, ce matin nous parlons du n°1 mondial de tennis.
Novak Djokovic est serbe, mais ça vous le saviez peut-être déjà, et en début de semaine il a fait parler de lui en expliquant, sur son compte Facebook, qu'il ne pourra peut-être pas reprendre le cours normal de sa brillante et lucrative carrière au sommet du tennis mondial... parce qu'il est anti-vaccin, et que même si un vaccin contre le Covid-19 était disponible et lui permettait de reprendre les voyages, les tournois, il ne pense pas qu'il accepterait de se faire piquer.
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Cette déclaration est toutefois empreinte d'une part de doute, note le quotidien gratuit Metro, édition britannique. Novak Djokovic n'affirme pas qu'il refusera à tout prix de se faire vacciner, mais il nous dit une chose : on peut encore être anti-vaccin aujourd'hui ; cette croyance-là, pour le coup, a la peau dure.
Oui, même si des centaines de milliers d'habitants de cette terre meurent, avec des conséquences encore impossible à vraiment mesurer sur nos sociétés et nos vies à l'avenir ; même si on a à peu près tous compris, poursuit Metro UK, que le seul moyen réaliste de se débarrasser de ce coronavirus, c'est de trouver le bon vaccin , sûr et efficace, et de vacciner un maximum de monde (ce qui soit dit au passage va prendre entre 12 et 18 mois) ; même si la situation pandémique semble assez criante comme ça.... il y a encore des personnes, et parmi elles le n°1 mondial de tennis, qui semblent "prêtes à refuser d'être sauvées par la science et la médecine".
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Enfin, il y en a tout de même de moins en moins, veut croire The Independent, toujours de l'autre côté de la Manche. "Maintenant qu'ils ont vu ce à quoi ressemble vraiment une pandémie, certains reconsidèrent leur position". Mais ce sont les moins convaincus, tempère The Guardian, ceux qui se sont laissés embarquer dans la sphère "anti-vaxx" comme on dit, à la naissance d'un enfant bien souvent, en allant à la pêche aux infos sur une blog soi-disant bieninformé, ou en tombant sous le charme d'une célébrité qu'ils admirent et qui s'est elle aussi converti à cette cause.
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C'est d'ailleurs pour ça que la prise de position de Novak Djokovic est grave, selon le journaliste sportif Tumaini Carayol : parce qu'elle illustre l'influence négative que peut avoir le vedettariat sur un sujet de société aussi crucial et la "frontière très fine qu'il y a entre le sportif de haut niveau sympa qui vante en interview la sérénité qu'il trouve dans la télékinésie et la spiritualité... et un homme qui utilise son exposition médiatique pour faire passer des messages dangereux" pour la santé de ses fans et plus généralement pour la santé publique.
Ce que nous dit aussi The Guardian c'est que les plus radicaux des anti-vaccination, eux, ne sont pas ébranlés dans leurs conviction. Si les plus tendres se sont laissés convaincre, les anti-vaxxers "extrémistes" tels que les désigne le quotidien britannique sont en train de capitaliser sur la situation actuelle pour renforcer leur discours, et le moment venu ils pourraient sérieusement perturber les campagnes de vaccination contre le Covid-19.
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The Guardian nous rappelle au passage que ce mouvement anti-vaccin est particulièrement fort en France où des études montrent que 33% de nos compatriotes estiment que "les vaccins ne sont pas sûrs". Mais c'est aux Etats-Unis que le quotidien de Londres termine sa démonstration, sur la radicalisation des opposants les plus farouches aux vaccins en période de Covid-19. La pandémie actuelle et la quête désespérée d'un vaccin est vue, forcément, comme une manœuvre des grands laboratoires pharmaceutiques pour maximiser leurs profits, : c'est l'un des ressorts conspirationnistes préférés des anti-vaxxers et il est donc renforcé par la crise que nous traversons.
Pour s'en convaincre, il suffit de constater, avec l'américain Business Insider, qu'on trouve aussi des slogans anti-vaccins dans les manifestations américaines contre le confinement et pour la "liberté" dont je vous parlais lundi. La pandémie, il faut bien le constater, conforte plutôt ceux-là dans leur refus des discours scientifiques et rationnels.
Parlons à présent d'une autre maladie, pour laquelle il n'existe là non plus aucun vaccin homologué.
Et pourtant elle reste la plus meurtrière en Afrique depuis des décennnies : la malaria (le paludisme si vous préférez) fait un retour tristement remarqué au Zimbabwe et vient compliquer la lutte contre le Covid-19... à moins que ce ne soit l'inverse.
On lit, dans le journal local The Chronicle, que la fièvre des marais a déjà fait 131 morts zimbabwéens et 135 000 malades depuis le début de l'année.C'est beaucoup plus que le Covid-19, qui a fait 3 morts pour 28 personnes contanimées, et pourtant l'épidémie trop bien connue des Africains ne suscite pas la même urgence chez les dirigeants du pays. Hier le gouvernement d'Harare a prolongé de deux semaines le confinement contre le Covid, et il y a des craintes que la combinaison des deux épidémies ne nuisent au final à la gestion des deux.
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Car les symptômes des deux maladies sont assez proches, constate The Chronicle, et il y a des risques de mauvais diagnostics, voire de co-infection puisque le parasite de la malaria et le coronavirus sont compatibles ; le problème c'est eu l'un peut masquer l'autre et empêcher qu'on applique les bons traitements à chaque personne.
Il y a aussi le risque, plus globalement, que la mobilisation contre le Covid-19 n'affaiblisse la lutte nécessaire contre la malaria. C'est ce sur quoi alertait la semaine dernière un article de Devex, revue en ligne spécialisée dans les questions de développement international. Dans de nombreux pays, en Afrique mais aussi en Asie, on constatait que la fermeture des frontières entre pays ou entre régions et le confinement avaient compliqué voire empêché les campagnes de prévention contre la malaria et de démoustication.
En Afrique du Sud, le Mail and Guardian compare avec une autre épidémie, Ebola, qui dans les pays où elle a mobilisé les force sanitaires ces dernières années a également entraîné un pic de malaria.
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Cette dernière reste, on l'a dit, la maladie qui tue le plus chaque année en Afrique, avec 380 000 morts en 2018 selon l'OMS dont une grande majorité d'enfants. Pourtant il faut le rappeler, aucun vaccin n'a encore pu être mis sur le marché. Devex nous explique que les essais cliniques sur des volontaires humains n'ont commencé que l'an dernier dans trois pays, Kenya, Ghana et Malawi.
Mais là encore, ils doivent faire face à la réticence de nombreux africains, mal informés par des discours conspirationnistes autour de l'industrie pharmaceutique étrangère (et blanche) qui utiliserait les Africains comme "cobayes" ou voudrait rendre les Africaines infertiles.
Les anti-vaccination n'ont décidément pas dit leur dernier mot.
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