

Après l'attaque du café restaurant Aziz Istanbul, la circulation a repris hier sur l'avenue Kwame N'Krumah, les "Champs- Elysées" burkinabés, où se trouvent les restaurants et cafés à la mode de la capitale
Les commerces ont rouvert mais le cœur n'y est pas constate L'Orient Le Jour "On vient ouvrir mais on a toujours peur" confie le responsable d'un magasin dans les colonnes du quotidien libanais. Les petits stands de grillades, de vente de cigarette et de mouchoirs en papiers sont là. Un tailleur de 38 ans s'est arrêté devant la scène du drame " c'est horrible, c'est incompréhensible" dit il.
C'est sur cette même avenue, à 300 mètres de là qu'en janvier 2016, trois djihadistes avaient tués 30 personnes en mitraillant des cafés et des hôtels.
Et si pour l'instant, l'heure n'est pas au bilan économique souligne le Faso.net, il est évident que cette nouvelle attaque meurtrière aura des conséquences sur l'économie nationale. 72 heures après l'attentat certains établissement ont enregistré de nombreuses annulations.
Parce qu'aujourd'hui le Burkina Faso n'est plus en sécurité assure Le Monde. Hier préservé du terrorisme sous Blaise Compaoré le pays est aujourd'hui confronté aux djihadistes de la sous région mais aussi à une insurrection islamiste locale. Dimanche 13 août, ce nouvel attentat dans le centre ville qui a fait 18 morts et 22 blessés selon un dernier bilan officiel, est venu rappeler "la vulnérabilité du pays des hommes intégres".
Même si cette fois "les unités d'interventions étaient plus aguerries et la coordination meilleure" assure un porte parole de la gendarmerie. En janvier 2016, les forces de sécurité burkinabées avaient montré d'immenses failles.
Mais "nous n'avons pas su tirer les leçons du 15 janvier 2016" assure un autre gendarme cité par le quotidien. Il y a eu des menaces avant l'attaque mais personne n'a pris ses responsabilités L'Etat n'a pas de stratégie antiterroriste. Les autorités ne font que boucher les trous."
Aussi résilient soit-il, l'affable pays des hommes intègres n'ignore pas qu'il est une pièce du puzzle jihadiste sahélien lance un intervenant de Jeune Afrique. Et puisque transnational est le puzzle, transnationale se devait d'être la solution. Réunissant le Burkina, le Mali le Niger la Mauritanie et le Tchad, la force militaire G5 Sahel, soutenue par la France, devrait être opérationelle au début de l'automne rappelle le journal. Aux politiques de démontrer que cette nouvelle configuration n'est pas un trompe l'oeil diplomatique.
Ce dont doute le site d'information burkinabé Wakar Séra. La victoire sur le terrorisme au Sahel demeure encore une chimère, regrette un éditorialiste. Les attentats se suivent et rivalisent dans la comptabilité macabre que ce soit au Tchad, au Niger, au Mali ou au Burkina faso. Ces pays n'ont d'autres solution que de s'unir pour vaincre l'hydre djihadiste. Malheureusement le nerf de la guerre fait défaut de façon criarde. En gestation, la force du G5 sahel doit se créer dans le dénuement presque total. Comment mettre en place et a fortiori déployer une force aussi lourde composée de 5000 hommes sans les moyens nécessaires ? Le budget collossal nécessaire est de 423 millions d'euros annuels pour mettre la machine antiterroriste en branle.
Et aujourd'hui seuls 50 millions ont été promis souligne encore l'Orient Le jour. Et il reste à traiter les causes économiques et sociales : la pauvreté, le chomage qui favorisent la montée des extrémismes religieux."Le manque d'éducation, d'emploi pour les jeunes, cela a joué" explique un officier dans les pages du quotidien. Pour lui les autorités doivent rapidement réagir contre la radicalisation.
A lire à ce sujet le dossier édifiant de la BBC sur ces jeunes adolescents entrainés dans les camps de l'Etat islamique en Syrie
Comme Mutassim, qui a aujourd'hui 16 ans et s'est réfugié en Allemagne. Mutassim a été recruté par les troupes du groupe Etat islamique en Syrie à l'âge de 14 ans. Sa famille refusait qu'il se marie. L'organisation lui a promis une femme. L'adolescent a donc été volontaire.Il a alors suivi le programme d'éducation du groupe : prière à 4 heures du matin, entrainement au combat, enseignement de la charia. Avant de se retrouver à Raqqa sous les bombes, à assister aux humiliations, aux éxécutions sommaires. Mutassim a décidé de partir quand il a vu un soldat battre une femme syrienne. Mutassim a réussi à faire le trajet depuis la Syrie jusqu'en Europe en un mois, sans être repéré.
Omar 17 ans lui aussi s'est échappé des troupes de l'Etat islamique. Il a mis des mois avant de raconter son histoire. Aujourd'hui arrivé en Belgique il boit une bière en répondant au journaliste, avec méfiance. On pourrait facilement le croire plus jeune, jusqu'à ce qu'on voit ses yeux, épuisés, fuyants.
" Les enfants sont un terrain fertile pour l'Etat islamique, c'est facile de leur laver le cerveau et de les recruter explique un intervenant au journaliste de la BBC qui précise qu' au moins 2000 enfants ont été enrolés dans la machine de guerre de l'organisation. Ceux qui s'en sont échappés vivent à l'extrème marge de la société qui les accueillent. Il faudrait beaucoup d'argent et de moyens pour les aider à s'en sortir. Tout ça est difficile et impopulaire. Sans doute que ces experts de la destruction et de la divisions que ceux les membres de l'etat islamique le savent : après tout, qui voudrait aider un garçon qui voulait être kamikaze ?
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