La presse américaine ne cautionne plus les mensonges de Donald Trump

Allocution de Donald Trump le 05/11/20
Allocution de Donald Trump le 05/11/20 ©AFP - Brendan Smialowski
Allocution de Donald Trump le 05/11/20 ©AFP - Brendan Smialowski
Allocution de Donald Trump le 05/11/20 ©AFP - Brendan Smialowski
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La retransmission du point-presse de Donald Trump la nuit dernière a été interrompue par les principales chaînes d'info qui refusent de relayer ses fausses accusations de fraudes électorales contre le camp Biden. Un Donald Trump décrit comme "aigri, abattu, pathétique, empêtré dans ses mensonges".

Disons-le franchement : ça sent le roussi pour Donald Trump.

C'est en tout cas la tonalité qui domine la presse américaine en ce troisième jour sans résultat à la présidentielle mais avec cette tendance forte qui se dégage : plus les heures passent, plus Joe Biden se rapproche de la victoire et plus Donald Trump se vautre dans la contestation et les accusations de fraudes électorales.

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Cette nuit encore, le président a tenu un point presse depuis la Maison Blanche mais ce qu’on en lit dans les journaux depuis est barré de ce mot, en grosses lettres : mensonges ! « Un discours d’une malhonnêteté historique », selon le Washington Post qui a pourtant tenu le décompte précis, ces 4 dernières années, des contre-vérités proférées quasi-quotidiennement par Donald Trump. Ce dernier, devient « aigri, colérique face à la défaite qui pointe et ça commence à se voir », renchérit le quotidien de droite New York Post pour qui c’est « un homme abattu » qui est apparu face aux caméras ces dernières heures, et qui n’a trouvé d’autre parade que de s’embourber dans des accusations de fraudes… sans pouvoir apporter la moindre preuve.

Le jugement est encore plus radical, mais aussi plus imagé, chez le présentateur-vedette de CNN, Anderson Cooper, juste après le point-presse, écoutez : 

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"On parle du président des Etats-Unis, l’un des hommes les plus puissants au monde, et on le voit, dixit Cooper_, tel une tortue obèse coincée sur le dos, en train de se débattre au soleil et de réaliser que son heure a sonné, mais qui refuse de l’accepter et s’obstine à entraîner tout le monde, tout le pays, dans sa chute"._

Ce que l'on comprend, dès lors, c'est que les médias américains n’accordent plus aucun crédit à la parole de Donald Trump. A tel point que ce jeudi soir encore, comme le note The New York Times, les principales chaînes d’info comme ABC, MSNBC ou CNBC n’ont pas hésité à interrompre la retransmission du discours présidentiel quand ils ont estimé que Donald Trump avait trop menti, et que par soucis de rigueur journalistique il valait mieux lui couper la chique, reprendre l’antenne en studio pour rétablir la vérité après un tel torrent de mensonges et d’accusations infondées. Voilà ce que ça donnait par exemple sur CNBC : 

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Donald Trump est donc en train d’énumérer toutes les fraudes dont il accuse le camp démocrate, et le présentateur de CNBC Brian Williams reprend l’antenne (après seulement 35 secondes de discours) pour dire que la chaîne prend la responsabilité d’interrompre le discours, tout simplement parce que "ce que dit le président est en grande partie faux, et qu’il n’est pas possible de le laisser continuer à mentir" à l’Amérique. C’est très fort, comme moment, on imagine derrière le service juridique de la chaîne qui a dû s’arracher les cheveux avant de prendre cette décision d’interrompre, sachant bien, comme le New York Times l’a d’ailleurs immédiatement noté, que ça alimente la haine des médias chez les pro-Trump, les accusations de censure et de silence sur les soi-disant fraudes. 

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Oui mais voilà, cette fois les médias américains semblent avoir atteint leur niveau de saturation en mensonges, et l’affaire est trop grave, avec cette présidentielle, pour qu’ils continuent à tolérer les "vérités alternatives" de Donald Trump… on est là arrivés à une terrible extrémité, en terme de dévalorisation de la parole présidentielle, déplore également USA Today, qui note toutefois que CNN et FoxNews n’ont pas pris cette décision de couper le micro au président. En fait la ligne rouge pour les médias qui ont censuré Trump, c’est le fait qu’il ait, comme mercredi, revendiqué clairement la victoire, avant de dire qu’elle lui était volée par les fraudes démocrates. "Nous sommes fiers de travailler pour un média qui n’accepte plus d’être complice des manipulations du président", déclarait tout à l’heure une autre journaliste de CNBC, quand sur CNN la séquence s’est terminée sur ces mots de Jake Tapper : "c’est une triste nuit pour l’Amérique, ce qui est en train de se passer est laid… et franchement pathétique".

Comment le journalisme moderne peut-il contrer la désinformation orchestrée par les Etats en temps de guerre ? C’est une question qui nous ramène dans le Caucase.

Le Caucase où la guerre au Haut-Karabakh, entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, dure depuis désormais plus de 40 jours, et où les combats se poursuivaient encore ces dernières heures selon l’agence Reuters avec des bombardements intensifs menés par les Azerbaïdjanais sur Stepanakert la capitale de l’enclave arménienne et surtout sur la route qui relie encore, mais pour combien de temps, le territoire arménien au Haut-Karabakh. L’Azerbaïdjan concentre clairement ses attaques sur ce corridor de Latchin qui pourrait céder dans les prochains jours et piéger les Arméniens à l’intérieur de l’enclave.

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Mais moi ce matin je voulais vos parler de cet article lu sur le site Eurasianet, où le chercheur américain Ryan O'Farrell, rattaché au célèbre institut John Hopkins, nous explique comment il combat les mensonges de la guerre par une forme de journalisme 2.0. Il traque sur internet les vidéos de combats et de bombardements, il les géolocalise, par des calculs balistiques complexes il les place précisément sur des cartes (tout ça depuis son ordinateur à des milliers de kilomètres des montagnes du Caucase). 

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Et c’est comme ça que Ryan O'Farrell peut affirmer que "l’Azerbaïdjan, selon ses données, a conquis bien plus de terrain aux Arméniens que ces derniers veulent bien le reconnaître". Et ça n’augure rien de bon pour la suite de ce conflit que l’on a un peu trop tendance à oublier ces dernières semaines.