Le Conseil de l'Europe a voté en faveur d'une réintégration de la Russie, suspendue en 2014 après l'annexion illégale de la Crimée ukrainienne. Inquiétudes autour de l'Etat de Rakhine, en Birmanie, où le gouvernement a fait bloquer les télécommunications pour réprimer une rebellion régionale.
Le retour en grâce diplomatique de la Russie s'est joué cette nuit à Strasbourg.
Et plus précisément dans l'hémicycle du Conseil de l'Europe, cette institution qui regroupe 47 pays du continent élargi, qui défend les veleurs démocratiques et les droits de l'Homme, et où la Russie n'était plus la bienvenue depuis son annexion de la Crimée ukrainienne en 2014.
Or donc, la nuit dernière, une majorité de pays-membres a approuvé le retour de la délégation russe dans ce Conseil et de facto la levée des sanctions diplomatiques censées la punir pour son interventionnisme belliqueux en Ukraine. Et sans surprise c'est à Kiev, que l'on accueille le plus mal cette nouvelle : le quotidien en ligne Ukrainska Pravda reconnait une défaite cuisante pour la diplomatie ukrainienne qui avait tout tenté pour ne pas que les Russes reviennent siéger au Conseil de l'Europe "comme si rien ne s'était passé en 2014 en Crimée et dans le Donbas".
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Mais le pire, vu d'Ukraine, c'est la manière dont s'opère ce retour, qui ne peut être vu autrement que comme un retour en force. Le site spécialisé sur les questions européennes, EUObserver, nous rappelle que les Russes, dont la participation au Conseil avait été suspendue, avaient ensuite menacé de quitter d'eux-même le Conseil, et donc de ne plus verser leur participation à son budget, mettant en péril l'existence-même de l'institution. Pour ne pas mettre cette menace à exécution, ils ont exigé (et obtenu) que les mécanismes de vote et de sanctions au sein du Conseil soient modifiés, pour ne plus risquer à l'avenir d'être sanctionnés.
A présent, c'est l'Ukraine qui menace de quitter le Conseil de l'Europe, indique le quotidien kiévien en langue russe Obozrevatel, qui note bie qu'elle n'a pas le poids de son voisin et agresseur, et que "l'Europe a clairement choisi la Russie contre l'Ukraine". Pour illustrer cette nouvelle, l'allemande Süddeutsche Zeitung a choisi, forcément, une photo de Vladimir Poutine, léger sourire aux lèvres, en train d'applaudir... ou peut-être de se frotter les mains ?
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La même Süddeutsche Zeitung s'interrogeait, avant le vote, sur l'efficacité des sanctions qui depuis 2014 n'avaient pas fait bouger Moscou d'un iota en Ukraine. "A présent s'ouvre le temps du compromis avec les Russes", écrivait Stefan Ulrich. Ce compromis, il a été à Strasbourg défendu par la France et l'Allemagne avec cette idée, nous dit la Deutsche Welle, qu'en "revenant au Conseil de l'Europe la Russie s'expose aussi à ce que ses citoyens puissent demander à nouveau la protection de la Cour Européenne des Droits de l'Homme", dans les litiges qui les opposeront à leur Etat.
Ce à quoi les Ukrainiens vous répondront que les condamnations de la CEDH n'ont jamais empêché les autorités russes de violer allègrement les droits civiques. Par contre le message diplomatique, lui, est clair, selon le leader de la délégation ukrainienne à Strasbourg : "message très négatif", cité par la Deutche Welle, qui dit en somme à la Russie "allez-y, annexez d'autres territoires de pays voisins, tuez-y autant de monde que vous le voulez... et vous en tirerez toujours à bon compte".
Une zone grise est apparue que la carte des télécoms asiatiques, et elle pourrait bien cacher un conflit particulièrement sanglant.
C'est en Birmanie que je vous emmène à présent, et même dans l'Etat côtier de Rakhine (ou Arakan), au nord-ouest. C'est la région des Rohingyas, ceux qui ont fuit vers le Bangladesh voisin, et ceux qui sont restés malgré les persécutions. Et cette région, à lire The Guardian, concentre les pires inquiétudes de l'ONU et des ONG déployées en Asie du Sud-est : depuis vendredi, les opérateurs de téléphonie mobile ont tous interrompu leur service, sur ordre du gouvernement birman.
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Et si c'est inquiétant, c'est parce que cette région, toujours selon The Guardian, est le théâtre depuis des mois d'une nouvelle flambée de violence. Les autorités accusent l'Armée de l'Arakan, qui se bat pour l'autonomie des hindouistes de la région, de multiplier des opérations de guerilla sanglantes. Et l'armée birmane s'est lancée, en représailles, dans des opérations militaires (non moins sanglantes) pour etouffer ce début de guerre civile. Cette recrudescence des hostilités, selon l'ONU citée par le Guardian, aurait déja fait des dizaines morts parmi les civils et aurait forcé à l'exil au bas mot 35 000 d'entre eux.
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Mais il y a une autre dimension à ce conflit qui se déroule désormais en dehors des radars internationaux : dans The National, journal émirati, on apprend que l'Armée de l'Arakan se bat particulièrement contre plusieurs projets d'infrastructures qui menacent la région : les habitants particulièrement pauvres de l''Etat de Rakhine ne voient pas d'un bon oeil, d'abord la construction d'un pipeline chinois, et puis cet autre chantier colossal négocié entre la Birmanie et l'Inde : la construction d'un "carrefour de transports multi-modal", qui relierait le port indien de Kolkota à celui, birman, de Sittwe, la capitale de l'Arakan. Toute la région serait ensuite traversée par une autoroute longue de 300 kilomètres à travers la jungle, pour rejoindre au nord l'Etat indien de Mizoram qui est complètement enclavé par le Bangladesh.
Ces chantiers-là, les autonomistes de l'Armée de l'Arakan n'en veulent pas, et à croire India Today, les Indiens sont allés ces dernières semaines jusqu'à envoyer leur armée en Birmanie, pour mener des opérations conjointes de nettoyages des foyers insurgés. Il y a donc bien une dimension économique, d'aménagement du territoire asiatique, à ce qui nous est présenté au premier abord comme une énième guerre civile birmane.
L'ONU citée par l'agence Reuters redit sa crainte que le black-out des télécommunications orchestré depuis 4 jours par les autorités, ne cache des exactions commises contre les civils de l'Etat de Rakhine. "La bataille contre la guerrila ne doit pas excuser des crimes contre l'Humanité", écrit enfin Burma News International qui tient déjà le compte des villages, soupçonnés de complicité avec la guerilla de l'Arakan, qui ont été attaqués ou même bombardés par l'armée régulière... avec, à chaque fois, des civils parmi les victimes.
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