Le cauchemar de Bruxelles

Rassemblement pour les victimes des attaques de Bruxelles.
Rassemblement pour les victimes des attaques de Bruxelles. - Stephanie Keith
Rassemblement pour les victimes des attaques de Bruxelles. - Stephanie Keith
Rassemblement pour les victimes des attaques de Bruxelles. - Stephanie Keith
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Chaque matin, l’actualité vue au travers de la presse étrangère. Aujourd’hui : les attaques à Bruxelles revendiquées par l'organisation État islamiste ont provoqué une nouvelle fois une onde de choc et soulèvent de nombreuses questions.

Bruxelles attaquée par des kamikazes, la terreur frappe Bruxelles, Bruxelles sous le choc, les terroristes frappent le cœur de l'Europe. De LA STAMPA au NEW YORK TIMES, en passant par EL PAIS ou le SPIEGEL, partout les mêmes titres s'affichent à la Une de la presse. Tous les témoignages évoquent un bain de sang cauchemardesque, un chaos indescriptible, des corps sans têtes, des jambes broyées et pour nombre de témoins, ce sang sur leurs vêtements maculés qui n'est pas le leur.

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Et puis aussitôt après viennent les sirènes. Elles ont continué toute la journée, raconte notamment cet italien au magazine SLATE. Arrivé chez moi, les sirènes me suivaient encore, interrompues uniquement par un hélicoptère. Bruxelles n’est plus qu’une sirène, c'est également le titre de l'édito à lire dans les colonnes du journal LE SOIR. Le bruit est continu, il sort de partout, il traverse la ville comme une blessure ouverte. Ambulances, voitures de pompiers ou de police, gyrophares allumés, hurlent leur passage. Les gens s’arrêtent et regardent, hébétés : ils ont les yeux vides. Ils savent que tout cela est vrai. Ils savent aussi qu’ils savaient : ils savaient que cela allait et même que cela devait arriver.

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Depuis les attentats de Paris, on sentait la menace se rapprocher de la Belgique, peut-on lire encore ce matin dans les colonnes de LA LIBRE BELGIQUE. Mais on avait aussi fini par s’habituer à ce climat pesant, espérant que les terroristes finiraient par renoncer à leurs actes criminels, aveugles, barbares et sanglants. Ou qu’ils seraient neutralisés. Et d'ailleurs, l’arrestation de Salah Abdeslam avait rendu un certain espoir à la population et renforcer le crédit de ceux qui luttent, pied à pied, jour après jour, contre ce mal absolu qu’est le terrorisme. L’arrestation de cet homme révélait, du moins l’espérait-on, la supériorité des forces de police contre ces petites frappes minables. Et puis non. L’horreur et la barbarie ont fini par frapper Bruxelles. Bruxelles a été touchée en plein cœur. Des innocents sont morts. Ils partaient en vacances, rentraient au pays. Ils allaient au travail ou à l’école.

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Les attentats d'hier sont-ils un acte de vengeance après l'arrestation de Salah Abdeslam ?

Plusieurs médias s’interrogent. Coïncidence ou vengeance organisée ? S’agit-il de représailles ? Et si oui, auraient-elles pu être anticipées ? Pour le quotidien britannique THE GUARDIAN, le but pour les terroristes est de montrer qu’ils peuvent encore terroriser et mobiliser avec violence. Voilà pourquoi il ne s’agit sans doute pas tant de vengeance, dit-il, que de volonté de démontrer une capacité toujours vivace à frapper. Reste qu'il y a tout lieu de croire que cette arrestation a bien été ressentie par les milieux djihadistes comme une provocation et que cela a pu jouer dans leur détermination. L’hypothèse, reprend LA LIBRE BELGIQUE, est donc que des attentats contre Bruxelles étaient en préparation et que l’arrestation du terroriste français aurait accéléré les choses. Même analyse pour son confrère allemand FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG, repéré par le Courrier International. Selon les experts français, le réseau terroriste d'Abdeslam était bien plus important qu’on ne le pensait. Et d'ailleurs, la veille, à Bruxelles, le procureur François Molins avait mis en garde contre de nouvelles attaques. Enfin sous ce titre, l’attaque attendue, son confrère de Berlin TAGESPIEGEL estime que l’attentat d'hier n’était pas une surprise pour les autorités belges, surtout après l’arrestation d’Abdeslam, mais qu'elles n’ont pas pu l’empêcher.

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Y aurait-il eu des failles dans la sécurité ?

LA LIBRE BELGIQUE, notamment, s'étonne que le niveau de sécurité soit passé au niveau 4 en 2015, sans que cela s’impose vraiment, puis au niveau 3 au moment où depuis l’arrestation d’Abdeslam la menace devenait maximale. Avant les attentats d'hier, LE SOIR s'inquiétait lui déjà des statistiques publiées par l’Organe de coordination et d’analyse de la menace. Le 31 janvier dernier, les chiffres étaient limpides, dit-il. Ils indiquaient que 117 djihadistes étaient rentrés au pays, soit un quart des 451 Belges qui, ces dernières années, ont gagné la Syrie pour intégrer les rangs de Daech. Et puis la double explosion meurtrière à l’aéroport de Bruxelles, hier, donne là encore un relief particulier et amer à une tribune récemment publiée par l'un des principaux syndicats de transport, rapporte L'ECHO. Celui-ci avait dénoncé de nouvelles failles dans la sécurité à l’aéroport national il y a moins de trois mois. Lors des premiers tests actifs (des tests aveugles pour vérifier la qualité des fouilles) réalisés par les inspecteurs, les résultats étaient tellement catastrophiques que la BAC (la compagnie de l'aéroport de Bruxelles) avait demandé aux inspecteurs de simplifier les tests. Mais même dans ces conditions favorables, la proportion d’éléments prohibés détectés restait insuffisante. Ce qui signifie qu’en pratique, dans des conditions réelles, une bombe dans un bagage à main avait au moins une chance sur deux de passer inaperçue.

Comment l’Europe et l’ensemble du monde civilisé doivent-ils réagir à cela ?

Pour l'éditorialiste de LA LIBRE BELGIQUE, le message doit rester clair. Rien, absolument rien, pas même cette barbarie, ne doit nous empêcher de maintenir vivantes nos valeurs. Notre volonté de vivre, celle du peuple belge et de tous ceux qui sont confrontés à cette pourriture, ne doit pas faiblir. Nous devons rester optimistes. Et faire face, debout.

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La seule réaction possible, c’est de vivre comme on a toujours vécu et ne pas se laisser briser, renchérit son confrère russe du quotidien KOMMERSANT. En clair, continuer à prendre l’avion, aller au restaurant et aux matchs de foot. Car la seule alternative serait la capitulation inconditionnelle devant ces fanatiques médiévaux, qui continueront de toute façon de formuler toujours plus d’exigences et ne s’arrêteront pas. Désormais, il faudra nous habituer à vivre dans un monde nouveau, un monde où le terrorisme devient une réalité quotidienne, même dans les pays qui, comme la Belgique, avaient l’air de sages provinces européennes où, par définition, rien de terrible ne peut survenir. Les sages provinces n’existent plus dans le monde. Pour autant, ce n’est pas une raison pour céder à la panique, ou pour cesser la lutte contre l’ennemi qui nous a déclaré la guerre à tous. L’ennemi est puissant, cruel et cynique. Mais cette guerre, il la perdra quand même.

Par Thomas CLUZEL