La coalition anti-houthis au Yemen affiche ses divisions entre gouvernement officiel soutenu par les Saoudiens et rebelles séparatistes du STC, poussés par le Emiratis, qui viennent de proclamer leur prise de pouvoir sur le sud du pays. En Italie le déconfinement s'organise, sauf dans les églises.
Retour au Yemen, ce lundi.
C'est vrai que nous l'avions laissé de côté depuis quelques semaines, ce conflit au Yemen qui vient pourtant de marquer les 6 ans de son déclenchement. Alors c'est vrai qu'on en était resté sur une note plutot positive au début du mois avec l'annonce par l'Arabie Saoudite d'un cessez-le-feu, un arrêt des hostilités contre les rebelles chiites houthis le temps de laisser passer la pandémie de Covid-19.
Mais voici donc le Yémen qui se rappelle à nous, et pas forcément cette fois pour une bonne nouvelle : dans la nuit de samedi à dimanche, rapporte l'agence turque Anadolu, l'une des deux composantes de la coalition anti-houthis, le STC soit le Conseil de transition du Sud, a fait sécession : il a déclaré unilatéralement sa prise de pouvoir su la partie sud du pays, celle qui était jusque-là contrôlée, depuis la ville portuaire d'Aden, par l'alliance Arabie-Saoudite/Emirats Arabes Unis.
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Cette prise de contrôle du sud par le STC, elle met en lumière les dissensions entre ces deux moteurs de la coalition au Yémen, selon la grille d'analyse retenue par Lyse Doucet de BBC Word : pour faire simple, les Emiratis financent et arment les séparatistes du STC, quand l'Arabie Saoudite est derrière le gouvernement officiellement reconnu du président Mansour Hadi, en exil d'ailleurs à Riyad. Les tiraillements, dans ce que l'on croyait trop facilement être un front uni contre les houthis du nord, étaient jusque-là tenus sous le couvercle d'un accord entre les deux camps signé en novebre 2019. Mais ils ont dégénéré en fin de semaine dernière, détaille Anadolu, autour du contrôle militaire de l'île de Socotra, au débouché du golfe d'Aden ; puis les rebelles séparatistes ont ensuite affirmé leur contrôle sur le port, l'aéroport et les bâtiments publics d'Aden, et donc déclaréqu'ils assument désormais seul le pouvoir, faisant exploser l'accord de non-agression de novembre.
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Aujourd'hui, au lendemain de leur déclaration d'indépendance, le STC ne contrôle qu'une petite partie du territoire, autour de la ville d'Aden et de Socotra. Ailleurs dans le sud du Yemen, les autorités locales ont dit ce dimanche qu'elles ne reconnaissent pas la proclamation d'indépendance du STC. Sur Al Jazeera, le gouvernement officiel et donc soutenu par l'Arabie Saoudite, crie au "coup d'Etat catastrophique et dangereux".
Reste à voir s'il y aura affrontements physiques, territoriaux, entre ces deux puissances étrangères dans le sud du Yemen. On devrait le savoir vite, poursuit Al Jazeera : il va falloir surveiller la situation de très près ces prochains jours, mais il faut aussi reconnaître que, bien avant que l'Arabie Saoudite , les Emirats, et même l'Iran, ne viennent mettre leur nez dans leurs affaires, les Yéménites étaient déjà profondément divisés, entre le Nord et le Sud, deux territoires qui ne forment un même et unique pays que depuis 1990. Le risque, avec l'éclatement au grand jour des divisions au sein même du camp du sud, c'est celui d'une nouvelle partition, à terme, du Yemen, en deux entités nationales... voire plus.
Mais l'avenir du Yemen et de ses populations, finalement ni les Saoudiens ni les Emirati ne semblent y prêter beaucoup d'importance, à lire cette éclairante analyse signée Arhama Siddiqa dans l'Express Tribune du Pakistan. Depuis le début, même si nous n'avons pas toujours su le voir, la guerre du Yemen se joue sur "deux fronts" : entre le Nord et le Sud (et à gros traits entre chiites et sunnites), mais surtout au sein même du camp du sud entre Arabie Saoudite et Emirats Arabes Unis qui se livrent là à distance une bataille de souveraineté régionale.
Dans un contexte où Ryiad et son leader le prince héritier Ben Salmane sont fragilisés par l'épidémie de Covd-19, le ralentissement de l'économie mondiale et surtout l'effondrement du marché pétrolier, les Emirats, via leurs pions du STC, ont beau jeu de tenter un "coup" sur l'échiquier yéménite, qui plus est à un moment où les Saoudiens cherchent, sans l'avouer mais de plus en plus clairement ces derniers mois, à se tirer discrètement du bourbier qu'est devenue cette guerre au Yemen.
Et pendant ce temps-là, au nord, dans les territoires tenus par les houthis, que se passe-t-il ?
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Eh bien à Sanaa, la capitale, on goûte un calme paradoxal mais bienvenu, alors que le ramadan vient de débuter. Sanaa, à lire le reportage qu'y a réalisé The Middle East Eye, est même depuis vendredi l'une des rares villes du monde arabe où l'on peut célébrer le mois saint de l'Islam sans véritable restrictions liées à la peur de la Covid-19 : les marchés sont bondés, les mosquées ouvertes et les visites entre proches sont autorisées ; on célèbre la rupture du jeûne dans la rue ou à la maison avec les siens, une sorte de parenthèse enchantée pour un Yemen-nord qui n'a officiellement compté qu'un seul cas de contamination au coronavirus, qui bénéficie de la trève fragile décrêtée début avril par les Saoudiens, et qui ne boude pas son plaisir de voir les voisins du sud s'entre-déchirer. Avec cette idée diffuse que tant qu'ils se battent entre eux à Aden, au moins à Sanaa on peut dormir tranquille.
En Italie, l'annonce d'un déconfinement progressif suscite la colère du clergé catholique.
Ils sont fâchés, les évêques italiens, car hier soir le président du Conseil Giuseppe Conte a présenté l'agenda de la "phase 2" de l'épidémie, le déconfinement progressif d'une IItalie enfermée chez elle depuis le 6 mars. Le problème, c'est que dans cette énumération de dates attendues par des millions d'Italiens, les catholiques du pays n'ont pas lu celle de la réouverture de leurs églises.
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Autant, détaille Il Sole-24 Ore, les chantiers, les usines textiles et automobiles reprendront le travail et l'on pourra rendre visite à ses proches à partir de lundi prochain 4 mai ; autant les magasins rouvriront le 18 mai ; autant les cafés et restaurants pourront à nouveau accueillir à des clients le 1er juin ; autant les enfants, eux, ne retourneront pas à l'école avant septembre... autant aucune date n'est fixée pour la reprise des offices religieux.
D'autant plus paradoxal, note Il Corriere della Serra, qu'à partir de lundi prochain on va rouvrir les équipements sportifs par exemple, ou encore autoriser les cérémonies funéraires dans le cimetières et les églises. Pourquoi alors ne pas accorder aux mêmes églises le droit de célébrer des messes, tant qu'elles respectent les règles (qui resteront en vigueur bien sûr) de distanciation sociale et de port hautement recommandé du masque ?
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Pour le Conseil des évêques d'Italie, il s'agit là d'une "violation criante de la liberté des cultes". Pour l'édito de l'Avvenire c'est "une blessure incompréhensible et injustifiable", une rupture de confiance entre le clergé italien et les décisions prises par les politiques sur recommandations des scientifiques.
L'Eglise se sent-elle oubliée, négligée alors que se met en place le monde d'après, en tous cas comme le dit Giuseppe Conte où il va falloir "apprendre à vivre, durablement, avec le coronavirus" ? En tous cas à force de ruer dans les brancards, par voie de presse, elle a réussi à se faire entendre par le chef du gouvernement, lequel dans Il Sole-24 Ore déclare qu'il "prend note" de ces récriminations catholiques et va annoncer "dans les prochains jours" quand pourront reprendre les messes.
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