La presse étrangère dépeint un président français affaibli qui avec son "grand débat citoyen" risque de susciter plus de frustration encore chez les gilets jaunes. La ville polonaise de Gdansk pleure son maire assassiné. Les artistes russes réprimés se font entendre au procès Serebrennikov à Moscou.
Une fois n'est pas coutume, nous évoquons l'actualité française ce matin à travers le prisme de la presse étrangère.
Et c'est vrai qu'elle questionne les éditorialistes du monde entier, cette crise de la démocratie française qui a été amenée sur le devant de la scène par les "gilets jaunes". Ces derniers n'ont pas fini de susciter des commentaires et des vocations aussi à l'étranger, il n'est donc pas surprenant que le dernier épisode en date de cette crise, le lancement d'un grand débat citoyen par Emmanuel Macron, soit lui aussi abondamment commenté.
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L'allemand Die Welt, par exemple, n'est pas franchement tendre avec le président français, "ex-enfant chéri de l'Europe désormais chef d'Etat malmené, qui s'essaye à une forme l'alchimie politique : il veut changer la crise en opportunité pour la France".
Mais le quotidien allemand pronostique déjà son échec. Car, explique Die Welt, "les "gilets jaunes" refusent avec ce grand débat ce qu'il réclament finalement depuis le début : une sorte d'agora, de forum public où ils pourraient vraiment participer à la décision politique. Mais le niveau de rejet des dirigeants politiques est tel, que de débat semble enterré avant même d'avoir démarré".
Pour l'autrichien Der Standard, "le seul salut possible pour le président français, ce serait de prendre au sérieux les revendications des Gilets Jaunes, de ne pas faire semblant". Mais c'est peu probable, tant cela reviendrait à "accepter une limitation de ses compétences, avec par exemple le référendum d'initiative citoyenne. Le risque avec ce débat c'est donc que Macron tente de récupérer, d'édulcorer ces grandes idées comme le RIC, que les "gilets jaunes", in fine, se sentent floués, et que la Nation se retrouve face à une nouvelle vague de violences. A ce moment- il se mordra peut-être les doigts, d'avoir initié le grand débat populaire", conclut Der Standard.
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Emmanuel Macron, commente finalement le Financial Times, "ne donne aucun signe qu'il pourrait revenir sur ses réformes les plus controversées comme la suppression de l'ISF". Le lancement de son grand débat apparaît donc comme "une stratégie à haut risque : autant elle pourrait canaliser la colère et la frustration du peuple, autant elle pourrait alimenter le cynisme et le rejet en politique". Et à entendre les critiques exprimées depuis dimanche sur le cadre de ce débat, il semble à craindre que ce soit cette seconde option qui l'emporte in fine.
En Pologne, l'assassinat du maire de Gdansk suscite un véritable deuil national et esquisse un débat sur les discours de haine dans la vie politique.
Pawel Adamowicz a été poignardé à la poitrine dimanche soir par un homme, au beau milieu d'un rassemblement caritatif très populaire, une sorte de Téléthon Polonais. Il a succombé à ses blessures à l’hôpital hier, et dans la foulée, de manière spontanée, des dizaines de milliers d'habitants de Gdansk sont descendu dans les rues du centre-ville, en silence, pour y rendre hommage à leur maire.
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Le quotidien local, le Dziennik Baltycki, insiste sur le caractère silencieux, en tous cas sans prise de parole politique, du recueillement dans ce moment de deuil imité par d'autres milliers de polonais au même moment dans la plupart des villes du pays. Le silence, donc, et l'émotion blanche, tant il est vrai, nous dit le Dziennik Baltycki, que le défunt maire, 20 années à la tête de la ville, était apprécié de ses administrés pour les valeurs qu'il portait. Pas forcément les plus consensuelles, pourtant, dans une Pologne dirigée par les nationalistes conservateurs du PiS : Adamowicz, qui avait fait partie des meneurs du mouvement Solidarnosc dans les années 80, défendait ouvertement, par exemple, l'indépendance de la justice, les droits des homosexuels, ou l'accueil des immigrés.
"Il est mort comme il a vécu", résume le quotidien, "avec une vraie vision d'une société juste et égalitaire, des valeurs qu'il ne reniait pas dans ses décisions politiques".
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Sur le mobile de son assassinat, l'affaire semble entendue, à lire le journal wP olityce, proche des conservateurs au pouvoir : l'agresseur âgé de 27 ans souffre de troubles mentaux, il venait de sortir de prison, après une condamnation pour plusieurs braquages. wPolityce refuse de politiser ce crime, expliquant dans un édito que, "tout ce que nous montre cette affaire, c'est que nous courons tous le risque de se faire poignarder par un déséquilibré, et donc que cette réflexion ne mène nulle part sinon à se faire peur".
Mais pour le correspondant en Pologne de la Suddeutsche Zeitung, ce "meurtre qui secoue tout le pays" pose, qu'on le veuille ou non, "la question de la violence croissante dans les débats politiques, et pointe la responsabilité des formations politiques de droite et d'extrême-droite qui ont table ouverte dans les médias".
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Le maire assassiné de Gdansk s'opposait à cette radicalisation des idées et des discours, c'est aussi pour cela que sa mort, si violente, si publique, "horrifie les polonais", selon The Economist. "C_e traumatisme va peser lourd_, prédit l'hebdomadaire, dans l'année cruciale qui débute en Pologne et qui culminera avec les élections législatives à l'automne prochain".
A Moscou, le procès du metteur en scène et réalisateur Kirill Serebrennikov donne à entendre les craintes du monde de la Culture russe.
C'est un reportage à lire sur le site d'info américain The Atlantic, qui nous emmène aux portes du tribunal moscovite où est jugé de puis novembre Kirill Serebrennikov pour détournement de fonds. Ce procès, hier encore, s'est transformé en tribune pour de nombreux artistes venus dire qu'eux aussi se sentent menacés, réprimés, dans leur liberté de création.
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The Atlantic cite en particulier l'auteur Mikhaïl Zygar, connu pour ses essais critiques du poutinisme, qui explique que "pendant son premier mandat à la tête du pays, Vladimir Poutine a broyé les médias indépendants, pendant les deuxième et troisième il a mis au pas le milieu des affaires, et à présent il s'en prend aux artistes, toute une jeunesse talentueuse qui voit ses cinémas, théâtres et salles de concerts indépendants fermer les uns après les autres sous la pression".
Kirill Serebrennikov, qui est toujours assigné à résidence, est donc devenu l'incarnation de cette jeune création empêchée. Ça n'empêche pas la culture d'Etat de lui rendre à l'occasion quelques honneurs de façade : la Novaya Gazeta nous apprend qu'il a reçu le week-end dernier de la Guilde de critiques de cinéma russes "l'éléphant blanc" qui récompense le meilleur réalisateur de l'année, pour son film "Leto", "l'été" en français, où il est justement question de jeunesse, de création artistique en dehors des cadres que voudrait lui fixer l'appareil politique. L’histoire de l'avènement du rockeur-vedette Viktor Tsoy se déroule dans le Léningrad du début des années 80, mais le propos semble toujours d'actualité Le film toujours en salle en France et que je vous recommande chaudement.
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