Le réalisme politique de Barak Obama

France Culture
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Alors si vous le voulez bien Thomas ... je vais avoir besoin ce matin de vos talents de bruiteur ... Imaginez que nous soyons à la Maison Blanche ... c'était mardi dernier ... Barak Obama donnait un entretien à la chaîne de télévision CNBC ... Et ... soudain ... c'est là que vous intervenez Thomas ... une mouche fait son apparition .... et vient importuner le président américain ... Est-ce que vous voulez bien nous bruiter le son d'une mouche qui vole ... Formidable ... alors que se passe-t-il à votre avis lorsqu'une mouche vient interrompre ainsi l'homme le plus puissant de la planète ... écoutez SON Et oui ... vous l'aurez compris ... pas de salut donc pour les mouches qui osent tourner ainsi autour du président des Etats-Unis ... Après un premier avertissement tout de même ... "get out of here" ... en clair ... dégage de là ... l'insecte a donc eu le malheur de se poser sur la main de Barak Obama ... lequel ... d'un geste sec et précis lui a définitivement réglé son compte ... provoquant aussitôt l'enthousiasme de l'assistance. Alors cette scène ... qui fait désormais florès sur l'Internet a eu lieu ... lors d'entretien pourtant extrêmement sérieux puisqu'il portait sur les évènements en Iran ... et d'aucun y ont vu du coup un aperçu en somme de la force de frappe des Etats-Unis. Et pourtant ... grave erreur ... toute la presse s'interroge en effet ce matin ... tout au contraire ... sur l'atonie ... l'inertie ... la mollesse avec laquelle l'Amérique réagit aujourd'hui face aux évènements qui secouent la République islamique ... Alors que des dizaines de milliers de manifestants investissent la rue ... écrit le NEW YORK TIMES ... les officiels de Washington se demandent à présent si la réaction du Président Obama à la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad ne supporterait pas un léger tonifiant ... Nombreux sont ceux en effet ... y compris au sein de l'administration démocrate à estimer que le président court aujourd'hui le risque de manquer son rendez-vous avec l'Histoire ... Alors c'est vrai ... concède le journaliste américain ... certaines de ces critiques ... et en particulier quant elles son issues du camp républicain ... pourraient être perçues comme du simple opportunisme politique .... une manière ... pour ses adversaires ... de peindre l'administration Obama comme particulièrement lâche quand vient le temps de la confrontation sur la scène internationale ... Toujours est-il ... poursuit son confrère britannique du GUARDIAN ... que Barak Obama ne pourra pas chercher encore très longtemps à rester ainsi comme il le fait aujourd'hui au dessus de la mêlée ... en se grattant le nez ... et en feignant de regarder ailleurs ... Comme en janvier dernier lors des évènements dans la bande de Gaza ... le président américain courrait alors le risque d'apparaître comme un homme qui place ses intérêts personnels au-dessus des responsabilités que lui imposent sa fonction ... Et puis ... une telle réaction serait qui plus est ... en totale contradiction avec son discours adressé au Monde arabo-musulman ... c'était il y a moins de 15 jours. Alors pour l'heure ... l'argument le plus convainquant avancé aujourd'hui par Barak Obama précise THE GUARDIAN ... c'est de rappeler qu'au vu de l'histoire récente ... et en particulier de la politique menée par son prédécesseur Georges Bush ... l'ingérence des Etats-Unis sur cette question iranienne serait contre-productive ... Et à cet égard ... poursuit le journaliste ... c'est vrai que la soit disant promotion de la démocratie sur le terrain irakien ne plaide pas franchement en faveur d'un interventionnisme trop marqué de la part des Etats-Unis ... Et puis l'autre argument de Barak Obama ... c'est de dire que ... in fine ... cela ne changerait pas grand chose à la face du monde de voir Ahmadinejad ou Moussavi à la tête de la République islamique. Le problème écrit l'éditorialiste britannique ... c'est qu'une telle politique de la part de Washington a peu de chances de porter ses fruits ... Par la nature même de leur statut de première puissance mondiale ... les Etats-Unis sont aujourd'hui nécessairement concernés et même d'ores et déjà directement touchés par la réalité des évènements en Iran ... Et il serait donc absurde de faire croire que la personnalité du président de la République islamique n'aurait aucun impact sur les intérêts stratégiques américains. En réalité ... renchérit le WASHINGTON POST ... toute cette agitation politique en Iran pose l'administration américaine devant un vrai dilemme ... En clair ... faut-il se tenir tranquille pour pouvoir continuer à gérer la question notamment du nucléaire avec le guide Suprême ... ou bien faut-il envoyer un message positif aux manifestants et risquer du coup de s'aliéner le pouvoir religieux chiite. Et bien ce que souhaite la Maison Blanche poursuit l'article ... c'est de pouvoir continuer à faire affaire avec la République islamique ... Pour cette raison ... les Etats-Unis doivent donner des garanties au régime des mollahs qu'ils ne chercheront pas à le déstabiliser ... Autrement-dit ... tant que Washington n'encouragera pas l'opposition dans ses revendications ... il aura encore une chance de négocier avec le régime des ayatollahs ... Obama devait faire un choix et il l'a fait ... Le choix du réalisme politique ... Ce même réalisme précise l'article qui avait vu autrefois Brent Scowcroft .... Conseiller américain à la sécurité nationale trinquer au champagne avec les leaders de la Chine ... au lendemain du massacre de la place Tien an men ... ce même réalisme qui avait également convaincu Gerald Ford de ne pas rencontrer Alexandre Solzhenitsyn aux plus belles heures de la détente Est-Ouest ... Vous trouvez cela inquiétant conclut l'article ? ... Et bien vous pouvez.

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