Manifestations, répression, grève générale, accusations mutuelles de coup d'état, le Venezuela inquiète la presse internationale au lendemain de manifestations monstres de l'opposition et à la veille d'une grève générale que le pouvoir souhaite contrer en mobilisant l'armée dans les entreprises.
Situation explosive au Venezuela avec une véritable bombe à retardement qui menace la stabilité politique du pays depuis que le Conseil National Électoral a suspendu le référendum de l'opposition lancé en avril dernier afin de révoquer le président socialiste Nicolas Maduro. En réponse, le parlement, contrôlé par l'opposition a ouvert une procédure de destitution du chef de l'état.
On le comprend donc, comme l'explique le quotidien vénézuélien de référence, El Universal, le pays est complètement coupé en deux camps irréconciliables : d'un côté le mouvement d'opposition "La prise du Venezuela" qui organise les manifestations massives de ces derniers jours et de l'autre le Conseil pour la défense de la Nation des Chavistes.
La tension continue donc de monter dans un pays au bord de l'explosion.
Le site de Radio Canada rappelle pourtant que le Vatican tente une médiation pour des négociations acceptées un temps par une partie de l'opposition avec le gouvernement sur l'île vénézuélienne touristique de Margarita. Nicolas Maduro s'étant même rendu lundi au Vatican pour une audience privée avec le Pape. François l'exhortant à dialoguer afin d'atténuer les souffrances de la population. Difficile mission vaticane, car comme l'explique Radio Canada les deux camps semblent irréconciliables. "Nous voulons la liberté" scandant les manifestants dans la ville de San Cristobal, près de la Colombie. Et les manifestations prennent de l'ampleur.
Le quotidien proche de l'opposition El Nacional fait le bilan des rassemblements d'hier. En citant une ONG, le journal parle de 147 personnes détenues, de 120 blessés dont 4 par balle dans tous le pays. Des agences de presse évoquent également ce matin la mort par balle d'un policier. Ce qui fait dire à El Nacional dans son éditorial : "Peut-on avoir un dialogue entre un régime dictatorial et une opposition démocratique ?"
El Universal de son côté signale que l'inquiétude grandit sur le continent au sujet de la situation vénézuélienne et que 12 gouvernements latino-américains expriment leurs inquiétudes au sujet de la crise au Venezuela.
Le Wall Street Journal décrit les manifestations massives d'hier avec des dizaines de milliers de personnes descendus dans les rues des principales villes du pays. A Caracas, ils ont bloqués l'autoroute qui traverse la capitale. A Maracaibo, ils ont encerclés le Palais de Justice.
Car la tension monte encore d'un cran ce matin
L'opposition appelle en effet à une grève générale dans tous le pays pour demain nous apprend l'Orient-le Jour et la réplique du pouvoir est inquiétante. Le gouvernement en appelle à l'armée pour occuper les entreprises qui participeraient à cette grève générale.
Mais cela va être difficile d'enrayer le mouvement, tellement comme l'estime le Wall Street Journal, la crise économique et l'inflation galopante exaspèrent la population. La frustration est immense dans le pays estime je journal new-yorkais.
Pour le quotidien québécois la Presse, le pays, en plein naufrage économique, est dans une situation sans issue. Après le succès des manifestations d'hier, l'opposition se sent pousser des ailes et fait monter la pression avec cette grève générale. Les deux camps ne se reconnaissent plus aucune légitimité. Pour le Parlement, majoritairement dans l'opposition, Nicolas Maduro doit partir. Mais ce dernier ne reconnait plus l'Assemblée tout comme le Tribunal Suprême de Justice qui bloque tous les projets de loi depuis que le Parlement a basculé dans l'opposition.
Dialogue de sourds pour El Pais à Madrid qui note que le climat politique ne cesse de se dégrader avec une protestation populaire qui se transforme en rejet massif de Nicolas Maduro dans tous le pays.
Le Telegraph à Londres rappelle que les sondages indiquent que plus de 75% des Vénézuéliens rejettent leur président.
Les deux camps se jettent à la figure des accusations de coup d'état...
C'est même devenu le seul point commun entre gouvernement et opposition explique le quotidien belge la Dernière Heure, Le parlement dénonce un coup d'état de Maduro après la suspension du référendum et le président accuse le parlement de coup d'état sa tentative de destitution.
Mais le camp présidentiel se fissure également. El Mundo, en Espagne, titre sur le général favori de Chavez qui est en faveur de la révocation de Nicolas Maduro. Il s'agit du général en retraite Rodriguez Torres qui dans une interview estime que la révocation du président est un droit des Vénézuéliens car pour lui le pouvoir en fermant les portes de la démocratie ouvrent celles de la violence.
Le général Torres n'est pas n'importe qui dans le camp chaviste. C'est un ancien compagnon d'armes d'Hugo Chavez, en particulier lors de la tentative de coup d'état militaire en 1992, et également un ancien ministre de l'intérieur du leader bolivarien.
On semble donc se diriger vers un pic de tension au Venezuela. Le quotidien britannique The Guardian évoque l'ultimatum de l'opposition à Nicolas Maduro par Henrique Capriles, l'un des leaders de l'opposition et ancien candidat à la présidentielle. Soit le gouvernement restaure la constitution ou alors, le 3 novembre les opposants marcheront sur le palais présidentiel. Et le Guardian de rappeler qu'en 2002 déjà, les opposants avaient marchés sur ce palais, où résidait à l'époque Hugo Chavez et que le sang avait alors coulé...
Mais peut-être que la différence aujourd'hui est que le pouvoir est particulièrement affaiblie par une crise économique terrible suite à l'effondrement des cours du pétrole, principale manne de la politique sociale d'Hugo Chavez et dont son successeur ne peut plus utiliser.
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