Le "virez-moi si vous pouvez" de Boris Johnson et Donald Trump

Boris Johnson et Donald Trump réunis à l'ONU à New-York
Boris Johnson et Donald Trump réunis à l'ONU à New-York ©AFP - SAUL LOEB
Boris Johnson et Donald Trump réunis à l'ONU à New-York ©AFP - SAUL LOEB
Boris Johnson et Donald Trump réunis à l'ONU à New-York ©AFP - SAUL LOEB
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Boris Johnson humilié par la Cour suprême britannique et forcé de se confronter à nouveau au Parlement sur le Brexit, Donald Trump visé par une enquête en destitution par les démocrates : les deux dirigeants réagissent aux dernières turbulences avec le même style bravache et provocateur.

Deux hommes dans la tourmente et qui semblent aimer ça, en Une de la presse internationale. 

Je veux bien sûr parler de Donald Trump et Boris Johnson, deux hommes aux destins liés par un style, des liens personnels...  A priori, on peut se dire que ces deux-là figureront un jour à la même page, dans les futures manuels d'histoire politique mondiale (je vous laisse trouver vous-même le titre de cette page et de cette période que traversent nos démocraties occidentales). Ils sont tellement liés, ces deux destins, qu'hier à quelques heures d'intervalle, ils se sont tous deux rapprochés un peu plus du "chaos" dans lequel ils semblent déterminés à entraîner leur pays respectif.

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On commence avec le Royaume-Uni de Boris Johnson où ce mardi donc, à la mi-journée, la Cour Suprême a jugé "nulle, non avenue" et même "illégale", la décision du Premier ministre fin août de suspendre les activités du Parlement.  C'est ce mot, "illégal", et ce jugement historique qui barrent ce matin la Une sur fond sombre de The Independent.

Et voici notre BoJo, nous dit The Times,  qui "vole à nouveau au-devant du chaos", lequel s'épaissit encore avec un retour forcé dès aujourd'hui face à la chambre des Communes rappelée de son congé forcé et qui va se remettre au travail immédiatemment, nous dit The Daily Telegraph, pour "contrecarrer à tout prix" le Brexit à la sauce Johnson. 

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Après les parlementaires, les juges de la Cour suprême assènent un uppercut au Premier ministre ? "C'est à se demander qui dirige ce pays", s'interroge le Daily Mail, qui a de plus en plus de mal à justifier son soutien à Boris Johnson. Alors on bascule doucement dans la mauvaise foi, comme dans The Daily Express qui se demande en Une si la vrai illégalité, ce n'est pas plutôt de renier le choix des 17 millions de britanniques qui ont voté pour le Brexit il y a 1189 jours, comme si tous, aujourd'hui, soutenaient encore le Premier ministre comme seul défenseur prossible de "leur" Brexit.

Boris Johnson "humilié", mais Boris Johnson... toujours debout. 

C'est le grand titre de The I, Bojo "refuse de démissionner"? Pourtant, "il a trompé la Reine, le Peuple et le Parlement", il est "coupable d'avoir menti, assène l'édito du Guardian, mais il ne partira pas. S'il lui restait un peu d'honneur, il démissionnerait, Mais Johnson n'a ni honneur ni honte, alors il va rester et tirer le Royaume-Uni toujours plus bas dans la fausseté, l'opportunisme et la belligérance".

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Il est cinglant, ce réquisitoire du Guardian, et il se termine sur un injonction contradictoire : tous les partis opposés à un Brexit sans accord, des travaillistes aux dissidents conservateurs, en passant par les libéraux, tous doivent à présent faire bloc pour résister à la tentation de faire tomber le gouvernement Johnson. Car cela déclencherait des élections anticipées, et c'est exactement ce que veut BoJo. 

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Il faut donc garder le Premier ministre ou le pousser à la démission. Voilà pourquoi  le quotidien gratuit Metro UK ce matin prête ces mots en Une au Premier ministre : "Get rid of me if you can", soit "débarassez-vous de moi si vous le pouvez"... comme une énième provocation.

Comme promis nous en venons au cas Donald Trump, qui voit prendre corps face à lui la menace d'un "impeachment" démocrate.   Cela fait des mois qu'on en parle,  mais on en voit désormais le bout de la queue : le camp démocrate au Congrès va bien demander l'ouverture d'une enquête en "impeachment", une mise en accusation du Président américain qui pourrait théoriquement déboucher sur sa destitution. 

L'annonce est venue hier de celle qui y faisait obstacle jusque-là, la speaker démocrate Nancy Pelosi. Elle craignait que cette arme puissante n'explose au visage des démocrates, à un an de la présidentielle de 2020... hier elle s'est finalement ralliée au flanc gauche de son parti, mais en l'annonçant face à la presse, nous dit Edward Luce dans le Financial Times, "on avait l'impression que Nancy Pelosi était en train de se faire arracher une dent" tant ce revirement semblait douloureux. 

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Pourtant, voici donc "la mère de toutes les batailles" lancée contre Donald Trump, proclame le même Edward Luce : si Trump a survécu à l'enquête russe, voyons à présent s'il tiendra face à "l'affaire du coup de téléphone ukrainien". Si vous avez raté la revue de presse de lundi, je vous fais le résumé : un lanceur d'alerte a révélé le contenu d'une conversation téléphonique en juillet entre le président américain et son homologue ukrainien, au cours de laquelle Trump semble-t-il fait pression sur Zelensky, exerce même un chantage aux aides internationales américaines,  pour lui soutirer des informations compromettantes à propos de son principal rival dans la course à la Maison blanche, le démocrate Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, et père d'un certain Hunter Biden qui a fait des affaires apparemment louches en Ukraine.  

En bref, Donald Trump est accusé, dans cette enquête ukrainienne, d'avoir mis en danger la sécurité nationale et détourné son pouvoir présidentiel pour servir ses propres intérêts politiques...  et ça change la donne, pour Nancy Pelosi et la procédure d'impeachment. Avec l'ouverture d'une enquête en destitution, "la présidence Trump entre à nouveau dans une zone de danger", écrivent les correspondants  à Washington du Boston Globe

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Mais le président, lu i(c'est le New York Times qui l'affirme), reste convaincu que "cette procédure lancée par les Démocrates va 'in fine' jouer en sa faveur", et lui servir sur un plateau sa réélection l'an prochain. Car l'impeachment en tant que tel ne devrait pas aboutir, ou alors il faudrait retourner de nombreux élus républicains qui composent la solide majorité au Sénat.  Ca n'arrivera pas, à priori. Mais les démocrates se rassurent en faisant référence à l'un des trois précédents historique rappelés par Politico : Richard Nixon en 1974 avait démissionné avant d'être destitué et avant surtout que l'enqupête sur le Watergate ne deviennent encore plus accablante pour lui. 

Mais personne n'imagine vraiment Donald Trump démissionner (je vous renvoie à  ce qu'on disait tout à l'heure sur l'absence totale de honte et d'honneur de Boris Johnson)... et Politico nous rappelle aussi que lors des deux autres procédures d'impeachement aux Etats-Unis... qui ont elles abouti (contre le président Andrew Johnson en 1868 et contre Bill Clinton en 1998), par deux fois les présidents étaient restés en fonction car le Sénat avait refusé de les chasser de la Maison Blanche.  

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On en revient donc à Peter Baker, du New York Times, selon qui "Trump savait cette épreuve inévitable : l'épée de Damoclès de l'impeachment est au-dessus de sa tête depuis avant même son investiture". Le président a eu le temps de se préparer à la bataille, il est donc prêt à défendre chèrement sa peau, et il est surtout a il est convaincu que le peuple américain ne suivra pas les démocrates dans cette aventure-là. Bref, à croire Peter Baker qui est l'un des meilleurs connaisseurs de l'administration présidentielle, Donald Trump doit dormir sur ses deux oreilles, en ce moment-même à la Maison Blanche.

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