Par Marine de La Moissonnière
Des dizaines de rebelles capturés, douze autres tués et surtout sept civils morts, dont un enfant. C'est le bilan de cinq jours d'affrontements dressé Radio Okapi. Après un mois d'accalmie, les affrontements ont repris depuis mercredi soir, dans le nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, entre l'armée, les casques bleus et le M23. Ce mouvement est composé d'anciens soldats de l'armée régulière qui ont déserté en mars 2012, essentiellement des Tutsis. Les combats qui se sont intensifiés jeudi, et se prolongent depuis. Goma a même été la cible d'obus par deux fois, rapporte Afrik.com. "La guerre est enclenchée ", écrit le journal en ligne. "Nouvelle mise en garde de la Monusco ", tempère pour sa part Le Soleil du Sénégal qui rapporte les propos de Martin Kobler, le chef de la Monusco. "Ces agressions contre les populations civiles ne resteront pas impunies (...) J'ai donné l'ordre aux casques bleus (...) de réagir ". Pour Afrik.com , "avec cette guerre qui a pris une nouvelle dimension, le pire est à craindre. "Mais les inquiétudes viennent surtout de l'impuissance des Nations unies. "Les casques bleus dépassés par la violence des combats à Goma. " Titre ce week-end d'Afrik.com qui n'hésite pas à parler d'"échec de la Monusco ". Et de les lister, ces échecs : "La Mission de l’Onu pour la stabilisation en RDC avait délimité une zone rouge à Goma que les rebelles qui l’avaient brièvement occupée en 2012 ne devaient pas dépasser. Elle s’était engagée le 30 juillet dernier à repousser la rébellion du M23 de la localité qui abrite un million de personnes ", écrit encore le journal en ligne. "Elle avait lancé un ultimatum de 48 heures à toutes les milices qui se trouvent dans la localité de Goma et celles situées dans le nord de la ville pour qu’elles déposent les armes dans une de ses bases et rejoignent le processus de désarmement et de démobilisation. "Sur tous ces points, la Monusco a failli, et aujourd'hui, "la population du Kivu est fatiguée ! " Cri poussé par Justine Masika, présidente de l'ONG "Synergie des femmes", dans les colonnes d'Afrik.com . "On n’en peut plus de vivre dans ces conditions ", dit encore cette femme qui, avec son association, vient en aide aux victimes de violences sexuelles. Selon un rapport récent des Nations unies, il y en a 10 par jour. La moitié des victimes a moins de 17 ans. Autre conséquence de ce conflit : d'importants mouvements de population. Environ 800.000 personnes ont fui, selon la BBC. "La population se sent démunie, livrée à elle-même, impuissante ", raconte encore Justine Masika. Et d'ajouter : "D’ailleurs, pour crier son ras-le-bol, elle a attaqué la Monusco il y a sept jours, dénonçant son inefficacité. " Samedi, il y a aussi eu une manifestation dans les rues de Goma pour dénoncer l'inaction de la Monusco. Les protestataires ont ensuite tenté de pénétrer dans un camp des Nations unies, situé à côté de l'aéroport de Goma, raconte un témoin contacté par la BBC . Pour les disperser, les Casques bleus auraient alors tiré sur la foule. Bilan : deux morts, deux civils. La population accuse des militaires uruguayens. Démenti en provenance de l'autre côté de l'Atlantique. Le président Pepe Mujica a nié toute implication de soldats uruguayens, rapporte El País d'Uruguay. Selon El Observador qui cite le porte-parole de l'armée, ils n'auraient utilisé que des balles en caoutchouc. Et le journal uruguayen de préciser qu'une enquête menée par la Monusco et la police congolaise va avoir lieu.Ce n'est pas la première fois que les Casques bleus urugayens sont montrés du doigt. En Haïti déjà, en 2011, quatre d'entre eux avaient violé un jeune homme. Puis les Casques bleus urugayens avaient été mis en cause dans le déclenchement d'une épidémie de choléra. Bref, si la responsabilité des Urugayens dans la mort de ces deux civils, samedi, venaient à se confirmer, cela pourrait déclencher la colère de la population en RDC. Quelles sont les solutions pour sortir du conflit en RDC ? Il y en a trois, en tout cas pour Radio Okapi . L'armée doit neutraliser le M23, c'est à la Monusco de venir à bout de la rébellion ou le gouvernement doit reprendre les négociations avec le M23. La radio congolaise demande à ses auditeurs de voter sur son site internet. Et c'est la première des solutions qui emporte la majorité des suffrages : 75% des quelque 2.200 votes. Seulement 18% de personnes pensent que la brigade d'intervention des Nations unies peut faire quelque chose. C'est une nouvelle preuve du peu de confiance accordée à la Monusco sur le terrain. "La solution ne viendra pas des Nations unies. " Ce sont six sénateurs américains en mission dans la région des Grands lacs qui le reconnaissent. Des propos rapportés par Radio Okapi. La solution doit être politique, disent encore les envoyés de Washington. Une solution qui implique la RDC, mais aussi ses voisins, précisent-ils. Car c'est là tout le problème dans ce conflit : il dépasse les frontières du pays. Le Rwanda et l'Ouganda soutiendraient le M23, afin de mettre la main sur le Nord-Kivu, région riche en minerais. Des accusations réfutées par ces deux pays.
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