L'ancien conseiller du président confirme dans un livre à paraître les accusations qui valent à Donald Trump un procès en destitution. Les républicains parviendront-ils à empêcher qu'il témoigne devant le Sénat ? Au Brésil le chanteur Caetano Veloso dénonce le"retour du facisme".
Un coup de théâtre venu des Etats-Unis : le procès en destitution de Donald Trump ne serait peut-être pas perdu d'avance ?
En maîtres absolu du suspense et des rebondissements à point nommé, les grands journaux américains (à commencer par le New York Times) on relancé hier l'intérêt pour un procès au Sénat qui dure déjà depuis six jours et qui, depuis le début, semble avancer mollement vers un acquittemment du président Trump.
Ce lundi donc, le New York Times a publié des extraits du livre-témoignage que s'apprête à faire paraître John Bolton, un ex-personnage-clé de la Maison Blanche dont on a souvent parlé ici ces derniers mois puisqu'il était le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump avant d'être limogé en septembre dernier sur fond de désaccords divers avec son employeur.
Bolton le néo-conservateur revient en grâce chez les démocrates américains, car dans le livre qu'il s'apprête donc à publier, il affirme que Donald Trump lui a dit, très clairement, qu'il voulait empêcher le versement par les Etats-Unis de 400 millions de dollars d'aide militaire à l'Ukraine tant que la justice ukrainienne ne lui aurait pas livré des informations compromettantes contre son rival démocrate Joe Biden.
Or, c'est très exactement cet abus de pouvoir à des fins politiciennes personnelles qui est reproché au président dans son procès en destitution, et ça fait dire à de nombreux journaux et sites d'infos comme Bloomberg que "cette fois ça y est, on le tient, le 'pistolet fumant', la preuve irréfutable, le témoignage de première main qui incrimine le chef de l'Etat".
Reste à savoir si ce temoin-clé va être auditionné par le Sénat au cours du fameux procès qui se poursuit. C'est tout l'enjeu des jours à venir : "il y a finalement une chance pour que le bon sens et la réalité arrivent à se frayer un chemin jusqu'à la barre du Sénat" lit-on ce matin dans l'édito du même New York Times ... comme un espoir qui renait de faire dérailler la campagne d'obstruction forcenée menée par le camp républicain.
Pour que John Bolton (et possiblement d'autres) soient appelés à témoigner au procès, il faut qu'une majorité de sénateurs le demandent... et pour ça, il faut que quatre républicains votent avec les démocrates. Et c'est là que l'on voit revenir deux personnages centraux dans toute cette histoire (je vous l'annonçais dès mercredi dernier) en la personne de sénateurs frondeurs au sein du camp républicain comme le très médiatique Mitt Romney.
"Romney passe à l'offensive", titre ainsi Politico : si la semaine dernière le sénateur de l'Utah avait respecté la consigne de vote de son parti et n'avait pas approuvé la convocation de John Bolton au procès, après les révélations du Times hier, il a dit qu'il y était désormais favorable, et qu'il appelait d'autres républicains à soutenir cette convocation avec lui. Et cette perspective devient de moins en moins improbable. Il suffirait qu'en plus de Romney et de l'autre dissidente déja connue Susan Collins, seulement deux sénateurs républicains votent pour un témoignage de Bolton au procès, et la majorité serait acquise. Le procès en destitution en serait relancé, tant, dixit The Washington Post, il deviendrait vraiment difficile pour les pro-Trump de nier la vérité ainsi exposée au grand jour.
Le site The Hill, qui scrute les arcanes du Congrès à Washington, constate que les révélations du New York Times créent un vrai trouble dans les rangs républicains. Deux sénateurs qui pourraient eux aussi changer de camp ont été identifiés : Lisa Murkowsky de l'Alaska et Lamar Alexander du Tennessee. Ils sont étonnement silencieux depuis hier, soumis à une pression très forte à la fois de leur propre camp et de la partie adverse. Le chef de file des républicains au Sénat, Mitch McConnel, les a mis en garde dès hier sur le fait que la convocation de nouveaux témoins retarderait considérablement la fin du procès en destitution (il espère le boucler dès cette fin de semaine par un acquittement) et en rendrait l'issue très incertaine.
Pour résumer la situation, selon Bess Levine de Vanity Fair, "le camp Trump panique et tente de noyer le livre de John Bolton derrière un brouillard de mensonges" ; les avocats du président réfléchiraient même à intenter un procès à l'ancien conseiller de la Maison Blanche pour lui interdire de témoigner publiquement... ce serait du jamais vu dans la démocratie américaine.
Le chanteur brésilien Caetano Veloso a quelque chose d'important à nous dire.
C'est le quotidien El Pais America qui le relève ce matin : la légende vivante de musique brésilienne a mis en ligne ce week-end un message, en anglais, sur son compte Twitter ; un message où il n'est malheureusement pas question de musique relaxante et chaloupée, mais d'une grande démocratie sud-américaine menacée selon lui par "les griffes du facisme renaissant".
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
"Jamais de mon vivant je n'aurais pensé vivre un tel recul démocratique", nous dit donc Caetano Veloso sur un ton très grave. Il rappelle que dans sa jeunesse il s'est battu contre la censure, que la dictature militaire l'a jeté en prison pour cela, comme elle "a emprisonné, torturé et même tué des milliers d'autres Brésiliens". Et aujourd'hui, "aussi fou que celà puisse paraître, le fascisme montre à nouveau ses griffes au Brésil".
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Caetano Veloso accuse le pouvoir actuel dirigé par Jair Bolsonaro de mener "une guerre, non pas seulement contre les arts et les créateurs mais contre l'environnement, l'Amazonie, et les droits humains en général". Et il ne faut pas chercher longtemps pour savoir à quoi il fait allusion : dans la Folha de Sao Paulo par exemple on rappelle que, la semaine dernière, le journaliste et lanceur d'alerte Glenn Greenwald a été inculpé pour avoir soi-disant "aidé, encouragé et orienté des pirates informatiques" afin d'obtenir les enregistrements de conversations confidentielles entre des juges, des révélations sur son site The Intercept Brasil qui avaient mis en évidence le fait que le procès en corruption contre les anciens présidents de gauche Lula et Dilma Roussef avaient été instrumentalisés politiquement pour leur nuire et favoriser l'élection de Bolsonaro.
Aujourd'hui la même Folha révèle que la présidence a payé des présentateurs vedettes de la télévision pour dire du bien de sa réforme des retraites : environ deux cent milles euros d'argent public versé aux plus complaisants.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Est-ce que c'est du "fascisme grimpant", comme le dit Caetano Veloso ? En tous cas le chanteur engagé termine son message en évoquant le documentaire The Edge of Democracy, de la réalisatrice brésilienne Petra Costa, visible sur Netflix et nommé aux prochains Oscar. Un film qui raconte justement comment la démocratie brésilienne a basculé en quelques années.
L'équipe
- Production
- Journaliste