Les Etats-Unis lancent la "guerre transatlantique du fromage" avec l'aval de l'OMC

Meules de parmesan italien, touché par la surtaxe américaine de 25%
Meules de parmesan italien, touché par la surtaxe américaine de 25% ©Maxppp - Spada
Meules de parmesan italien, touché par la surtaxe américaine de 25% ©Maxppp - Spada
Meules de parmesan italien, touché par la surtaxe américaine de 25% ©Maxppp - Spada
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Soldant un vieux litige aéronautique, l'OMC a approuvé des sanctions commerciales voulues par les Etats-Unis contre les importations de nombreux produits européens, notamment les fromages qui seront surtaxés à 25%. La pénurie d'oignon fait craindre une crise socio-économique à Narendra Modi.

Les journaux européens ce matin s'inquiètent pour leurs fromages nationaux. 

A lire Der Spiegel en Allemagne, c'est une véritable "guerre transatlantique du fromage" qu'a déclenchée hier l'Amérique de Donald Trump. Pour être précis, c'est l'Organisation Mondiale du Commerce qui a donné raison aux Américains sur un dossier qui n'a à priori rien à voir avec les produits laitiers : l'OMC a reconnu que les subventions européennes accordées à l'avionneur Airbus constituaient une violation de concurrence par rapport à l'américain Boeing, elle a donc validé l'imposition de surtaxes douanières à toute une liste de produits européens importés aux Etats-Unis à compter du 18 octobre. 

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Dans cette liste longue de 9 pages, consultée par le Financial Times, on trouve bien sûr les avions, l'aéronautique, ça c'est logique...  mais sont aussi concernés des produits que l'on trouve d'ordinaire plus sur les tables que sur le tarmac des aéroports : la surtaxe sera de +25% pour (entre autres) les vins français, l'huile d'olive espagnole, le café allemand (je ne savais pas que c'était une spécialité), le whisky écossais... et donc les fromages du vieux continent. 

Voilà pourquoi ce sont de vénérables meules de gouda néerlandais, en photo, qui illustrent ce matin le sujet dans les pages du Telegraaf d'Amsterdam Où l'on apprend qu'étrangement le droit de douanes augmentera de 25% sur la nourriture mais seulement de 10% sur les avions qui sont pourtant au coeur du litige ; où l'on apprend aussi que les produits de maroquinerie, comprenez le luxe français notamment, sont pour le moment épargnés. 

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La mesure est clairement punitive et étrangement sélective, de la part d'un Donald Trump rendu complètement hystérique par l'enquête en impeachment qui le vise... du coup la presse italienne tente de s'y retrouver : le Corriere Della Serra s'étonne (et se satisfait) du fait que les vins, les pâtes et l'huile d'olive d'Italie ne soient pas surtaxés, quand le Parmesan et consorts ainsi que le jambon transalpin devraient être les exportations les plus touchées. D'ailleurs c'est bien un morceau de parmesan, étonnant objet diplomatique, qui a été offert au secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, quand il a été reçu par Giuseppe Conte mardi à Rome.

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Et c'est vrai qu'on a du mal à trouver une logique dans cette liste de produits frappés par la surtaxe américaine : comment expliquer aux Espagnols d' El Mundo que leur huile d'olive va être surtaxée et pas celle des concurrents italiens ? Idem pour les vins, français concernés, et pas italiens donc : Giuseppe Conte et son ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio ont du sacrément bien négocier ces deucx derniers jours avec Mike Pompeo ; mais au final ces sanctions semblent avoir été fixées à la carte, un peu à la tête du client. 

Enfin dasn les colonnes du The Financial Times, Peggy Hollinger ne peut s'empêcher de noter une ultime contradiction : "Donald Trump relance la guerre commerciale avec l'Europe dans un  litige concernant des avions subventionnés qui volent déjà depuis longtemps, alors que dans le même temps, la Chine subventionne à fond la construction d'un nouveau modèle d'avion monocouloir qui va clairement venir contester le duopole Airbus-Boeing". Une manière de dire que les deux éternels rivaux transatlantiques feraient mieux de s'entendre pour régler leurs comptes, avant que l'outsider chinois ne profite de leur division pour leur couper l'herbe sous le pied.

De la fromagerie nous passons au rayon des légumes, avec cette crise de l'oignon qui secoue l'Inde.

C'est un article du New York Times qui m'a alerté et je me suis donc plongé dans la presse indienne pour documenter cette crise nationale qui d'après The Economic Times of India en vient même à fragiliser l'homme fort du pays, le Premier ministre Narendra Modi. 

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Pour replacer le contexte, il faut savoir, d'abord, que "l'oignon, nous dit-on, est aussi indispensable à la cuisine indienne que le sont les épices" et ensuite que depuis quelques semaines le précieux légume voit son prix flamber sur les marchés du pays : plus de 200% d'inflation le mois dernier. C'est la conséquence des inondations causées par la mousson, qui ont retardé mais surtout amoindri les récoltes ; dès lors, le produit devenant rare il est devenu cher, d'où donc cette inflation galopante qui fait que de très nombreux foyers indiens ne peuvent plus se payer des oignons, et se rendent compte, comme le raconte The New York Times, que la vie (ou en tous cas le biryani) ne vaut la peine d'être vécue sans oignon. 

Et là où les autorités indiennes s'arrachent les cheveux, c'est sur les mesures à prendre pour remédier à cette crise nationale : d'un côté il y a les consommateurs qui reprochent au gouvernement de pas en faire assez pour limiter l'augmentation des prix sur ce produit de première nécessité, et de l'autre il y a les producteurs, les paysans indiens qui ont besoin de compenser les baisses de volume produit en augmentant les prix pour ne pas boire le bouillon.  

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Le gouvernement Modi, tout de même, a pris une décision drastique cette semaine : il a interdit tout exportation d'oignon indien à des pays voisins qui en sont pourtant de très gros consommateurs. Du coup, des camions entiers sont bloqués aux frontières, et surtout nous dit The Deccan Herald, ce sera bientôt dans toute l'Asie que les oignons vont atteindre "des prix tellement élevés qu'ils vous mettent les larmes aux yeux".

C'est déjà le cas au Népal, au Pakistan et au Bangladesh, mais les effets se ressentent jusqu'aux Emirats Arabes Unis, dont le journal émirati The National nous rappelle qu'y vivent pas moins de deux millions d'émigrés indiens sur une population totale de 9 millions d'habitants.  Il y a aussi les pays qui se frottent les mains, comme la Chine et l'Egypte, grands producteurs et exportateurs d'oignons : pour essayer de contenir la flambée des prix l'Inde leur a déja acheté 364 tonnes selon la Dhaka Tribune

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Mais ce n'est qu'une solution de court-terme, et la crise économique et sociale gronde derrière cette pénurie d'oignon, à croire The N ew York Times qui constate que quand on demande  aux Indiens de la rue quelles sont leurs principales préoccupations du moment, c'est bien du prix des oignons qu'ils vous parlent. Avec la saison qui arrive des fêtes hindoues (et des grands repas qui vont avec), il y a là un réel risque politique pour Narendra Modi.

L'équipe