Les incertitudes du Brexit

A Londres, Alistair fait campagne pour le "Remain" jusqu'à la dernière minute
A Londres, Alistair fait campagne pour le "Remain" jusqu'à la dernière minute ©Radio France - Catherine Duthu
A Londres, Alistair fait campagne pour le "Remain" jusqu'à la dernière minute ©Radio France - Catherine Duthu
A Londres, Alistair fait campagne pour le "Remain" jusqu'à la dernière minute ©Radio France - Catherine Duthu
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Six mois jour pour jour après le référendum, c'est toujours la confusion au Royaume Uni sur la procédure de divorce avec l'UE. Et cela inquiète la presse britannique et mondiale. Comment, quand et combien de temps Londres va négocier avec Bruxelles ? Comment vont réagir Édimbourg et Belfast ?

Tout d'abord, l'article 50 qui entame la procédure n'a toujours pas été enclenché, cela devrait se faire, et surtout le pays a des doutes sur les intentions réelles de Theresa May et sur son plan pour réussir le Brexit, car à part sa célèbre phrase Brexit Means Brexit, le Brexit veut dire le Brexit, la première ministre britannique n'a pas été des plus précises.

L'hebdomadaire belge le Vif met en lumière ces imprécisions en rapportant les propos de Theresa May affirmant qu'il n'était pas dans son intention d'étendre la période de négociation avec l'UE prévue pour deux ans mais qu'il se pourrait cependant que certains aspects pratiques requièrent une période de mise en œuvre. En clair, deux ans ne veulent pas dire deux ans...

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Une impression d'impréparation britannique décrite par le Wall Street Journal qui affirme : une chose est sûre, le Royaume Uni n'aura pas assez de temps pour négocier de nouvelles relations en deux ans. Il faudra donc, affirme le quotidien américain, un accord de transition pour amortir l'impact de ce départ de l'Union.

Et le Wall Street Journal de prévoir que Londres sera obligé de faire des compromis difficile à avaler avec Bruxelles.

Une opinion partagée par le Belfast Telegraph qui estime que l'attitude des Européens face au Brexit s'est durci depuis le vote à cause de l'approche de Theresa May. Pour le quotidien nord-irlandais, le Royaume Uni n'a plus aucun allié au sein des 27. Même le Danemark, pourtant plutôt eurosceptique, ne fera pas de concession à Londres dans un divorce qui pourrait coûter jusqu'à 60 milliards de livres sterling au Royaume.

Le Brexit a laissé des traces politiques très fortes dans tout le Royaume-Uni

Et pour commencer en Angleterre où le souffle de l'explosion est encore perceptible. Pour le Guardian, le paysage post Brexit pourrait bien voir le parti travailliste disparaître des écrans radar, victime d'une double pression celle des eurosceptiques de UKIP qui mordent sur son électorat populaire et celle des centristes du Parti Libéral Démocrate, récupérant les électeurs pro-Remain. Les résultats des dernières législatives partielles où le Labour a été devancé largement par les Lib-Dem et le silence de Jeremy Corbyn, le leader travailliste sur comment va se dérouler ce Brexit, laissent le Labour dans une situation des plus inquiétantes.

Ce qui fait dire au Scotsman, quotidien d’Édimbourg, que le Labour pourrait bien éclater sur les thèmes de la liberté de circulation et de l'immigration.

L'immigration justement, le site de la BBC s'est rendu à Erdington, dans la banlieue de Birmingham, surnommé la petite Pologne. Là où après le référendum les actes racistes ont bondi de 40%. Les immigrés polonais racontent les insultes, les agressions mais aussi les réactions citoyennes. Une chaine humaine de cent personnes, de toutes nationalités, s'est formée dans la rue principale d'Erdington en réaction à ces actes racistes qui sont depuis en diminution. D'ailleurs, comme l'explique la BBC, les Polonais d'Erdington ne veulent pas partir.

Cependant, il ne faut pas baisser la garde, comme l'explique The New European, il faut aller dans ses villes du nord de l'Angleterre qui se sentent abandonnées par la mondialisation, comme Burnley, Bolton, Hull, Grimsby. Ces villes ouvrières, qui ont sombrées avec la désindustrialisation.

The New European est un nouvel hebdomadaire surprenant. Fondé par des journalistes pro-européens, son slogan est "Nous sommes 48%". Il se veut le porte-parole de ceux qui ont votés pour le Remain. Sans publicité ou marketing, ce journal a fait une percée remarquée avec un tirage de 40 000 exemplaires.

Mais c'est en Écosse et en Irlande-du-Nord que les anti-Brexit sont les plus virulents

Dans la bataille anti-Brexit, explique le Herald, journal de Glasgow, l’Écosse veut des nouveaux pouvoirs pour rester dans le marché unique.

Nicola Sturgeon, la première ministre indépendantiste écossaise a été claire. Soit le Royaume Uni reste dans le marché unique, soit, ce n'est pas possible, alors l’Écosse y restera au prix, pourquoi pas de l'instauration d'une frontière avec l'Angleterre et si rien de tout cela n'est possible, l’Écosse réclamera un nouveau référendum sur l'indépendance en 2019.

En Irlande du Nord, explique le journal suisse l'Hebdo, le Brexit mine le processus de paix. En plus des insolubles problèmes économiques qu'il entraine, beaucoup dans la province redoutent que le Brexit ne ravive les tensions entre Catholiques et Protestants sur l'avenir de l'île et en particulier sur le retour d'une frontière entre les deux Irlande.

Car 60% des exportations Nord-Irlandaises sont en direction de l'UE et en particulier de l'Irlande. Et 60% des exportations irlandaises sont en direction du Royaume Uni.

Alors que fait-on se demande The Irish Times à Dublin ? Quelles seront nos relations avec Londres et que deviendront les nombreux Irlandais vivant au Royaume Uni ? La visite de Theresa May à Dublin en janvier est attendue avec impatience...

Mais même la Reine se pose des questions. D'après le Times, la Reine et le Duc d'Edimbourg auraient demandé à Theresa May, lors d'une visite de cette dernière à Balmoral, le château écossais de la Reine, qu'elle était son plan pour le Brexit. Et, nous explique le Daily Mail, sa Gracieuse Majesté aurait été "déçue" par l'absence de réponse claire de la première ministre. Si même la Reine ne sait pas où va son Royaume...c'est que l'heure est grave. By Jove !

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