Les présidentielles et législatives de samedi à Taïwan seront polarisées autour de la question des relations avec la Chine qui ne cache pas sa volonté d'intégrer l'île, sur fond de tensions à Hong Kong. Au Brésil, une "Vie de Jésus" gay sur Netflix est censurée... puis validée par la Cour Suprême.
Arrêtons-nous ce matin sur les élections qui vont se dérouler demain samedi à Taïwan.
Elections législatives et présidentielle, deux scrutins que l'on serait tentés de résumer en une phrase relevée dans le Strait Times de Singapour : "il ne fait aucun doute que ces élections vont être scrutées de très près par Pékin comme un baromètre du sentiment anti-chinois sur l'île".
L'île de Taïwan, rapide rappel, n'a jamais été gouvernée par le parti communiste chinois mais celui-ci la considère toujours comme une partie de son grand projet de "Chine Unique". Cette volonté "d'unification" a encore été qualifié "d'inévitable" tout récemment par le président Xi Jinping. Mais Taïwan est indépendante de facto depuis 1949 et toute la question donc, selon la presse internationale, semble être de savoir si oui ou non les habitants de l'île veulent se rapprocher de Pékin.
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A priori... non, croit comprendre, le nez dans les sondages, le Wall Street Journal : car c'est la présidente sortante, Tsaï Ing Wen, qui fait la course en tête. Son slogan de campagne "Résister à la Chine, défendre Taïwan", parle de lui-même : elle est clairement favorable à l'indépendance de Taïwan doublée d'une coopération renforcée avec les Etats-Unis.
Tout l'inverse donc de la politique d'unification voulue par Pékin, le pouvoir chinois qui, selon Li Zheng Lian à lire dans le New York Times a sans le vouloir renforcé la candidate Tsaï Ing Wen, en tentant de se mêler de la campagne pour l'affaiblir. D'où cette sentence : " si la présidente sortante arrive à garder son poste (elle qui avait perdu sèchement les dernières élections locales), elle pourra remercier la stupidité des autorités chinoises" qui lui ont facilité la tâche en lui offrant une nouvelle jeunesse et un positionnement clair, l'anti-Pékinisme primaire.
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Il y a un autre facteur qui a polarisé le débat à Taïwan autour du clivage pour ou contre Pékin : c'est tout ce qui s'est passé ces derniers mois à Hong-Kong. Bien évidemment, les deux territoires, leurs histoires, leurs statuts, leur rapport à la Chine ne sont pas comparables, mais les Taïwanais ont suivi de très près la mobilisation (qui se poursuit d'ailleurs) de la jeunesse hong-kongaise contre l'emprise liberticide de Pékin. Ils se sont reconnus dans cette bataille désespérée pour sauvegarder leur démocratie contre les velléités intégrationnistes du continent.
Dans l'édito du Wall Street Journal, cette comparaison s'étale d'ailleurs dès le titre : "Taïwan tient samedi ses élections à la Hong Kong". Le journal rappelle que le président chinois en personne a fait le lien entre les deux territoires, en disant clairement qu'il veut appliquer le principe (décrié à Hong-Kong) du "un pays, deux systèmes" à Taïwan, manière de dire que l'île devrait être rattachée à la République Populaire de chine mais conserverait, en théorie, un système politique spécifique et donc plus libéral.
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Un rapprochement progressif, et avant tout économique : c'est justement la ligne défendue par le principal parti opposé à la présidente Tsaï Ing Wen dans les élections de demain. Ce parti, c'est le KMT, nationaliste, populiste, héritier du Kuomintang qui avait fuit la Chine continentale en 1949 lors de la prise de pouvoir des Communistes, pour se réfugier à Taïwan et y installer un régime martial.
Aujourd'hui donc c'est ce parti et son candidat Han Kuo Yu, qui portent donc la ligne pro-Pékin. Une ironie du sort qui n'a fait que renforcer la ligne de défiance anti-chinoise appuyée par la présidente sortante, à croire The Guardian qui consarcre lui aussi son éditorial aux élections taïwanaises. Si Tsaï Ing-Wen l'emporte demain et obtient une majorité au Parlement, ce sera un "saisissant renversement de situation, mais le plus dur restera à faire : tenir cette position d'indépendance forcenée face à une Chine qui, quel que soit le résultat, devrait réitérer sa volonté d'unification".
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Et puis il y a un dernier aspect soulevé par The Guardian comme d'ailleurs par The South China Morning Post : les électeurs taïwanais, notamment les jeunes, ne veulent pas que l'on réduise le débat politique sur leur île à cette seule question chinoise. Chose entendue au cours d'un meeting d'une jeune candidate à la députation, dans une ambiance "manga et heavy-metal" : "Ce dont nous avons besoin, c'est de rêver plus, de retrouver de l'espoir " et des projets communs... autres que celui d'échapper à l'ogre chinois.
Au Brésil c'est un film parodique diffusé par Netflix qui a donné du fil à retordre à la Cour suprême.
Eh oui c'est remonté au sommet de la chaîne judiciaire brésilienne, cette histoire de nanard parodique intitulé "La première tentation du Christ", émission spécial Noël du programme humoristique "La porte de derrière" ... et qui me moque gentiment de la vie de Jésus en mettant en scène un Messie homosexuel.
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Alors ce n'est pas très fin, c'est pas du Scorcese comme nous le confirme la BBC qui a enquêté de très près sur le dossier, mais ça ne méritait sans doute pas pour autant la vague d'indignation qui a suivi la mise en ligne de ce film parodique sur la plateforme Netflix Brésil. Une pétition demandant son retrait a été signée par 2 millions d'internautes, des cocktails Molotov ont été lancés sur lesbureaux de la production... et enfin, sous la pression des milieux religieux et pas très portés sur l'humour, un juge mercredi a ordonné la censure du film. Mais la Cour suprême donc, nous confirme ce matin O Globo, vient de casser cette décision et de réautoriser la diffusion... Question de liberté d'expression selon elle. Et de remettre les choses en perspectives : " J_e ne crois pas_, dit le président de la Cour cité par O Globo, qu'une satire humoristique représente vraiment un danger pour la foi chrétienne qui est attestée depuis plus de deux mille ans et qui unit la majorité des Brésiliens".
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Dans un pays, nous rappelle la BBC, dont le président avait déclaré qu'il "préfèrerait avoir un fils mort qu'un fils homosexuel", l'affaire sonne en tous cas comme une victoire pour ceux qui s'inquiètent de voir Jair Bolsonaro et les siens prôner une homophobie décomplexée au sommet de l'Etat. Une victoire, on va dire... peu importe la qualité intrinsèque de l'oeuvre qu'il s'agissait de défendre.
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