Chaque matin, l’actualité vue au travers de la presse étrangère. Aujourd’hui : Snowden sur Twitter, Corbyn devant le congrès annuel du Labour et une nouvelle flambée de violences en Centrafrique.
« M'entendez-vous ? » c'était jusqu'à présent le slogan publicitaire de l'un des plus importants opérateurs téléphoniques américains, Verizon, l'un des touts premiers à être concerné, notamment, par les écoutes révélées par Edward Snowden. Or c'est justement avec cette question «
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» (« est-ce que vous m'entendez maintenant ? ») que le lanceur d'alerte a fait une entrée remarquée hier sur Twitter. Un message, bien entendu, directement adressé à la NSA, puisque c'est même le premier compte qu'Edward Snowden a choisi de suivre.
Et puis son deuxième tweet, non moins ironique, était cette fois-ci adressé à l'un de ses intervieweurs, un astrophysicien à qui Snowden a demandé, après les révélations de la NASA, s'il était possible de se rendre sur Mars ?
Quoi qu'il en soit ce compte, en revanche, lui n'est pas une blague. Il a été certifié par Twitter, prouvant que c'est bien celui de Snowden. Il a aussitôt dépassé les 100.000 abonnés en quelques minutes. Et sur sa bio de présentation on peut lire ceci : "Je travaillais pour le gouvernement. Maintenant, je travaille pour les gens".
Lui aussi devait réussir à se faire entendre, hier, car même s'il inspire l’honnêteté et la franchise, il a encore tout l'establishment contre lui.
Elu il y a deux semaines avec 59% des voix des adhérents et sympathisants du Labour, Jeremy Corbyn prononçait hier son premier grand discours lors du congrès annuel du parti. Et c'est peu de dire qu'il était attendu au tournant. Dès hier, THE SUN avait donné le ton, en mettant la photo de Corbyn devant la planète Mars, décidément, avec ce titre : Alors qu'on a trouvé de l'eau sur Mars, voici la planète rouge!
Il faut dire qu'au-delà de la peur qu'il suscite chez les conservateurs, qui l'accusent ainsi que l'écrit le tabloïd de lancer la guerre contre la capitalisme, Corbyn n'est pas vu non plus d'un très bon œil par la majorité de l'appareil du parti.
Dans ces conditions, écrit le correspondant du TEMPS de Genève, le nouveau patron des travaillistes marchait hier sur des œufs. En évitant les sujets les plus controversés ou les envolées radicales, il s'est dit prêt à accepter les désaccords internes. Et pour des militants traumatisés par la discipline extrême imposée par Tony Blair et ses successeurs le soulagement était perceptible. Et puis l’autre message était celui d’un retour aux valeurs de base du Parti travailliste, celles qui ont mené à sa création, il y a plus d’un siècle. «Depuis toujours, quelques personnes possèdent beaucoup et la majorité n’a presque rien. On nous dit qu’on ne peut rien y faire. Mais c’est pour lutter contre cette attitude que le Labour a été formé. Et c’est aujourd’hui encore la raison d’être de notre Parti. Nous sommes cette voix qui dit : «Vous n’avez pas à accepter la place qui vous a été donnée.» Un discours suivi d'une véritable standing ovation.
Et le journaliste de préciser encore : au cœur de la ferveur qu'il suscite, il y a une véritable rupture de ton. Corbyn parle d’incarner les «valeurs britanniques» et de renouer avec une politique qui met le citoyen au centre des préoccupations. Bien sûr, il serait facile de le moquer, la «Corbynmania» c’est un peu le retour à la mode des sabots de bois, mais désormais les politiciens le font un peu moins outre-manche, tant il est clair que les questions qu’il soulève sont pertinentes. Car, en Grande-Bretagne, comme ailleurs, le lien de confiance avec les politiciens a été rompu.
Et justement, la perte de confiance des citoyens envers leurs dirigeants, c'est en partie ce qui explique depuis quelques jours, la nouvelle flambée de violences en Centrafrique.
Depuis le week-end dernier, la capitale centrafricaine est paralysée par des barricades dressées par des manifestants qui réclament, notamment, la démission de la présidente. En clair, même si les véritables instigateurs de ce regain de tension ne sont pas identifiés et leurs mobiles encore moins, écrit le site d'information guinéen LEDJELY, au-delà, c’est bien la méfiance des Centrafricains à l’égard des institutions qui inquiète aujourd'hui. A trois semaines des élections, les autorités de la transition sont de plus en plus en perte de légitimité. En d'autres termes, poursuit le site, l’objectif ultime du scénario horrible qui se joue actuellement, c’est la remise en cause d’un processus qui, en dépit de beaucoup d’atermoiements était parti pour déboucher sur l’ordre constitutionnel, à la faveur des élections initialement programmées pour le 18 octobre prochain.
Or quelqu’un n’avait visiblement aucun intérêt en cette issue heureuse. Il semble que l’idée soit à présent de provoquer une situation insurrectionnelle pour qu’à son tour, celle-ci serve de prétexte à la confiscation du pouvoir des mains des autorités actuelles de la Transition. Voilà pourquoi, devant le chaos et l’horreur dans lesquels certains voudraient installer le pays, la population a le devoir de faire montre d’intelligence, pour ne pas se laisser abuser par les manipulateurs. Elle doit faire en sorte de ne pas, elle-même, par sa naïveté, précipiter la Centrafrique dans le gouffre qui l’engloutira tout entière. Et pour cela, conclue LEDJELY, la population doit faire appel à l’harmonie, à l’entente cordiale et à l’unité.
Quoi qu'il en soit, hier, c’est dans cette étrange ambiance écrit LA NOUVELLE CENTRAFRIQUE, que la présidente a parlé sur les ondes nationales pour demander à la population de revenir au calme : "Je lance un appel au calme à vous mes compatriotes", a-t-elle déclaré avant d'ajouter : "Je sais que quand je m’adresse à vous, vous m’écoutez". Seulement voilà, l'entendra-t-on ? Rien n'est moins sûr.
Par Thomas CLUZEL
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