Mémoire divisée en Europe/ Suisse: prescrire de l'Héroïne pour luttre contre la drogue

France Culture
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Bonjour Ali Bonjour à tous "C'est un évènement historique que la condamnation officielle du communisme en Roumanie... et notre initiative devrait inspirer tous nos voisins européens de l'est" voilà ce qu'écrit ce matin dans les colonnes du quotidien roumain Ziua...Sorin Iliescou... l'un des instigateurs du rapport qui secoue le pays depuis lundi... et l'autre quotidien roumain Evenimentul Zilei raconte " le parlement roumain lundi a été un enfer... les parlementaires ont crié sifflé et trépigné... la condamnation du communisme par le président Traian Basescu devant les deux chambres réunies a divisé les élus dans des camps adverses... devant les anciens chef d'état communistes, des ambassadeurs des gens ordinaires venus assister au geste politique historique... le Parlement roumain s'est transformé en salle de spectacle" « scandale et controverse » titre alors le journal Cotidianul... le fantôme du communisme lutte jusqu'à la dernière minute !... et ce rapport qui condamne le communisme montre en premier lieu que l'évaluation du passé communiste et de ses protagonistes continue d'être un enjeu politique important en Roumanie ... et l'éditorialiste du journal explique ... car pour la première fois ce rapport remet en question les légendes fabriquées après 1990 par lesquelles des partisans reconnus du communisme et de la Securitate ont cherché à se présenter comme dissidents ou visionnaires de la démocratie! alors il fallait y mettre de l'ordre et c'est ce que j'ai fait ... j'ai donc aujourd'hui la conscience en paix... c'est ce que déclare le président Roumain dans les colonnes de Ziua ce matin... les restes du communisme sont encore très présents dans la société et c'est normal car cela ne fait que 15 ans que nous y avons mis fin explique Basescu... tous les segments de la vie politique économique sociale et jusqu'aux médias sont fortement encore affectés par le communisme.... un grand nombre d'anciens dignitaires du régime communiste sont des personnes qui ont une puissance économique extraordinaire... et ce sont des hommes d'affaires qui voudraient réduire le plus possible le pouvoir de l'état afin de pouvoir contrôler de façon discrétionnaire la vie économique et politique de la Roumanie... voilà le triangle qui lutte contre les institution démocratique de notre pays dit encore le président... un triangle financier tout puissant qui échappe à la justice ... peut nommer et démettre un ministre au gouvernement... et qui à terme décrédibilise le pays en entier... les institutions , même si elle ne sont pas parfaites, doivent sentir qu'elles sont libres pour commencer à réagir... c'est ce je fais... et je lutterai sans pitié contre ces phénomène qui tiennent le pays depuis 15 ans ! conclut le président Sauf que ça risque de prendre du temps ! écrit l'éditorialiste de Ziua Car un récent sondage montre que 53% des roumains considèrent encore aujourd'hui que la société communiste est une bonne idée « la mémoire roumaine est fortement divisée sur notre passé récent... parce que les roumains font l'erreur de croire qu'il faut départager les bons et les mauvais ... cette façon de voir l'histoire de façon morale est non seulement naïve mais elle est dangereuse car elle mène à un manque de solidarité nationale... mais nuance encore l'éditorial... ne prendre en compte aucun aspect moral, quand on connait les horreurs perpétrées par l'ancien régime, serait de la même manière criminel... il s'agit de comprendre que notre histoire est un tout qu'il faut accepter... D'où ce rapport de 600 pages conclut Ziua... qui rappelle la nature répressive sur le plan social et individuel qu'a été la dictature communiste ... un rapport qui sera un document accessible au public... afin que les roumains puissent se forger une mémoire! Exercice très difficile si l'on en croit le dossier que consacre cette semaine Courrier International à la « mémoire divisée de l'Europe »... " car non seulement au sein des anciens pays communistes la mémoire est difficile à définir mais européens de l'ouest et de l'est ont eux même des visions divergentes du passé et surtout de la signification du 8 mai 1945... " Journées et années de commémoration jettent une lumière crue sur les différences voire les antagonismes entre mémoire en Europe... explique l'historien Claus Leggewie dans les colonnes d'Eurozine en Autriche... les nations qui sont passées de la domination allemande à celle des soviétiques en 45 ne peuvent considérer le 8 mai comme un jour de libération...à vouloir mettre en avant la mémoire de l'holocauste dit encore l'historien on minimise souvent la terreur stalinienne et inversement... d'où, les voix qui se sont fait entendre un an après l'élargissement pour reformuler l'interprétation occidentale du passé... raconte un autre historien polonais, cette fois Marek Cichocki... car il n'était pas question de se conformer à la mémoire occidentale comme nous nous sommes conformés aux critères du marché unique... l'acquis historique communautaire doit prendre en compte la spécificité du passé des nouveaux entrés...c'est fondamental pour forger une identité européenne ... même si l'entreprise est très complexe... car il ne s'agit pas d'élargir l'acquis historique mais de confronter des philosophies politiques très différentes... et pour cela... s'accordent les deux historiens... une seule solution... il faut un vrai débat d'idées Relance: et direction maintenant la Suisse qui vient de prendre une décision d'avant garde en matière de drogue « Prescription d'héroïne le courage en Suisse » titre le Temps... « douze ans après avoir été imposée sous la pression des scènes de la drogue la prescription d'héroïne va être normalisée... cad ancrée dans la loi... prescrire de l'héroïne aux toxicomanes mais sous haute surveillance médicale est une mesure qui connait un regain d'intérêt en Grande Bretagne ... elle a été testé en Allemagne et est toujours à l'ordre du jour en Espagne et aux Pays-Bas. C'est que l'attitude consistant à considérer l'addiction comme une maladie à traiter avec des méthodes diversifiées tend à remplacer dans toute l'Europe le recours exclusif au diktat idéologique ! et ça marche ... veut prouver la Tribune de Genève qui publie un reportage sur un toxicomane qui vit depuis onze ans grâce aux prescriptions d'héroïne... "Evidemment, écrit le quotidien... la prescription d'héroïne a quelque chose de dérangeant, voire de choquant. Mais elle permet de sauver des vies. Pas d'infections, pas d'overdoses, pas de produits coupés avec du plâtre. Grâce à la prescription médicale d'héroïne, des toxicomanes sortent du cercle vicieux qui les maintenait dans la violence, la criminalité et la précarité, et retrouvent une vie quasi normale. La normaliser c'est donc faire le choix du moindre mal... et nos voisins feraient bien de s'en inspirer!

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