Obligation, choix, lutte : le port du voile musulman dans les journaux internationaux

Six pays en Europe interdisent partiellement ou totalement le voile intégral dans les lieux publics
Six pays en Europe interdisent partiellement ou totalement le voile intégral dans les lieux publics ©Maxppp - PHOTOPQR/L'ALSACE/MAXPPP
Six pays en Europe interdisent partiellement ou totalement le voile intégral dans les lieux publics ©Maxppp - PHOTOPQR/L'ALSACE/MAXPPP
Six pays en Europe interdisent partiellement ou totalement le voile intégral dans les lieux publics ©Maxppp - PHOTOPQR/L'ALSACE/MAXPPP
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Voile interdit, voile honni ou voile plébiscité, le sujet occupe la presse internationale.

La presse internationale évoque l'interdiction du voile musulman qui se répand à travers l'Europe, explique ce matin le Washington Post. Le quotidien américain rapporte qu'au début du mois le Danemark est devenu le sixième pays européen à interdire de se couvrir le visage dans les lieux publics. Et la police a sérieusement commencé à faire appliquer la loi. Le 3 août, elle a infligé une amende à une femme musulmane de 156 dollars.  

Désormais, détaille le journal, six pays en Europe ont des lois nationales interdisant partiellement ou totalement le voile intégral dans les lieux publics : la France, la Belgique, la Bulgarie, l'Autriche, les Pays-Bas et donc le Danemark. Plusieurs autres pays comme l'Espagne et l'Italie l'ont interdit dans certaines villes.  

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Ces politiques devraient encore se répandre dans les années à venir pense le Washington Post, alors que les gouvernements européens tentent d'éviter l'influence croissante des dirigeants d’extrême- droite dans leurs pays. Même les administrations modérées ou libérales peuvent ressentir de la pression à faire ce choix stratégique, estime dans les colonnes du journal, Asma Uddin, professeur au Freedom Forum Institute. Et plus encore, dit-elle, les gouvernements en Europe ont maintenant le sentiment d'avoir le droit de prendre de telles mesures en raison des précédents juridiques établis par leurs voisins.  

Ces décisions suscitent cependant des protestations, rapporte le site d'information Mediapart, évoquant cette manifestation au Danemark contre la loi interdisant le port du niqab et de la burqa. Une policière a surpris tout le monde en prenant dans ses bras une femme drapée d'un voile intégral. Des citoyennes et des membres d'Amnesty international sont aussi venus les soutenir. L'ONG dénonce une loi qui au lieu de protéger les droits des femmes, criminalise des choix vestimentaires...et bafoue les libertés que le Danemark prétend protéger.  

Et a t-on la liberté de ne pas serrer la main de son employeur ? s'interroge la presse ce matin.  

La BBC rapporte cette décision hier d'un tribunal du travail suédois. Une entreprise a été condamnée pour discrimination à l'encontre d'une femme musulmane. Elle postulait à un emploi d'interprète à Uppsala, dans l'est de la Suède. Son entretien a tourné court alors qu'en arrivant, elle a refusé de serrer la main de son employeur, invoquant des convictions religieuses. A la place, elle a posé la main sur son cœur. L'employeur a annulé l'entretien. Une forme de discrimination a jugé le tribunal. L'employeur devra lui verser 3 822 euros. La jeune femme a réagi sur le site de la radio anglaise "Dans mon pays, on ne peut pas traiter différemment les hommes et les femmes. Je respecte cela. C'est pourquoi je n'ai de contact physique ni avec les hommes ni avec les femmes. Je peux vivre selon les règles de ma religion tout en suivant celles du pays dans lequel je vis ." 

Le tribunal suédois explique encore le Muslim Post a conclu que le refus de serrer la main de quelqu'un du sexe opposé était une manifestation religieuse protégée par l'article 9 de la Convention européenne des droits de l'homme. Pour le tribunal, poursuit le site d'information tunisien, rien n'indiquait que la religion de la femme causerait des obstacles ou des difficultés dans le travail ou l'entreprise. Mais ces poignées de main sont traditionnelles en Europe. La France a pris une décision inverse en avril dernier, rappelle la BBC. Elle a rejeté la demande de nationalité française d'une Algérienne. Elle avait  refusé de serrer la main d'un fonctionnaire lors de sa cérémonie de citoyenneté.

Et en Iran aussi le voile fait polémique. Les femmes ici se battent contre l'obligation de le porter. De plus en plus de citoyennes s'opposent à la loi sur le "hijab" instaurée par la république islamique d'Iran en 1979, rapporte Le Soir. C'est sur les réseaux sociaux qu'elles mènent le combat avec le hashtag #mycameraismyweapon ("ma caméra est mon arme" ) . Le quotidien belge raconte comment les femmes dénoncent le harcèlement qu'elles subissent chaque jour par la police des mœurs vis à vis de leur tenue vestimentaire. Elles filment ces scènes avec leur smartphone et les publient. Un mouvement qui fait suite à d'autres initiatives de ce genre dans le pays, comme les mercredis blancs. Chaque mercredi, des femmes enlèvent leur voile, se prennent en photo et les postent sur Facebook. Des centaines de témoignages recueillis que les femmes espèrent suffisants pour faire changer les mentalités en Iran.  

Et c'est avec le voile qu'une jeune musulmane birmane a choisi de se battre. L'histoire de Win, 19 ans,  est racontée sur le blog de l'agence anglaise Reuters. Une étudiante comme les autres, ou presque. Win propose sur internet des tutoriels beauté et des cours dans des studios de fortune... en portant le voile. Dans une Birmanie, à majorité bouddhiste, où les musulmans gardent généralement un profil bas par peur de l'intimidation, précise l'article, Win fait le contraire. Maquillage multicolore tranchant avec sa robe à manche longue blanche et verte et son foulard assorti, Win explique "Le voile est comme une clé pour moi. Je peux l'utiliser pour aller où je veux, et faire ce que je veux". Dans le pays de 50 millions d'habitants, les musulmans représentent environ 5 % explique Reuters et la persécution systématiques des musulmans se développe, bien que l'attention du monde soit concentré sur les Rohyngas musulmans apatrides.  Alors pour ceux qui suivent les tutoriels de Win, il s'agit bien plus que d'application de fards à paupières, c'est aussi la construction de la confiance et de la fierté d'une identité constamment remise en question.