Pas de Carnaval au Brésil mais des fêtes improvisées malgré la pandémie

La ville de Rio a annulé le Carnaval mais tout le monde n'a pas renoncé aux festivités. Les médias brésiliens traquent les festivités illégales et constatent l'incapacité de la police à sanctionner ces enfreintes aux règles anti covid-19.
La ville de Rio a annulé le Carnaval mais tout le monde n'a pas renoncé aux festivités. Les médias brésiliens traquent les festivités illégales et constatent l'incapacité de la police à sanctionner ces enfreintes aux règles anti covid-19.  ©AFP - CARL DE SOUZA
La ville de Rio a annulé le Carnaval mais tout le monde n'a pas renoncé aux festivités. Les médias brésiliens traquent les festivités illégales et constatent l'incapacité de la police à sanctionner ces enfreintes aux règles anti covid-19. ©AFP - CARL DE SOUZA
La ville de Rio a annulé le Carnaval mais tout le monde n'a pas renoncé aux festivités. Les médias brésiliens traquent les festivités illégales et constatent l'incapacité de la police à sanctionner ces enfreintes aux règles anti covid-19. ©AFP - CARL DE SOUZA
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Pandémie de Covid-19 oblige, le Carnaval a été annulé mais les Brésiliens défient les interdictions de rassemblement. En Birmanie, Aung San Suu Kyi a comparu hier en vidéo conférence devant un tribunal lors d'un procès truffé d'anomalies, son avocat ayant été prévenu trop tard pour y assister.

En Birmanie, première apparition d'Aung San Suu Kyi 15 jours après son arrestation par les militaires, lors d'un procès en vidéo conférence le 16 février. C'est son avocat U Khin Maung Zaw qui raconte au New York Times les dessous de cette comparution truffée d'anomalies.    

On lui avait dit que la procédure judiciaire commencerait lundi, puis finalement peut-être mercredi, et c'est à 11h hier finalement qu'il a été averti que sa cliente était en train de comparaitre par vidéo conférence dans un tribunal de Naypidaw (la capitale du pays depuis 2005) qui est située à 400 kilomètres au nord de Rangoon. Comparaissait aussi le Président de la République, Win Myint, arrêté également le 1er février, et qui a prévu de se défendre lui-même, fort de son passé de magistrat à la Haute cour.   

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La prix Nobel de la paix est officiellement poursuivie pour avoir importé illégalement des talkies walkies, or, explique son avocat, "les talkies walkies en question étaient utilisés par son équipe de sécurité, équipe que lui avait assignée le ministère de l'intérieur qui est contrôlée par l'armée".   

C'est la première question qu'il posera lors de sa plaidoirie, dit-il au New York Times, s'il en a l'occasion, car il n'est pas sûr de pouvoir assister au procès qui selon ses informations pourrait commencer le 1er mars, et durer 6 mois à un an.   

Comme si cette accusation d'importation illégale n'était pas déjà assez obscure, les militaires en ont ajouté une deuxième liée à la pandémie : Aung San Suu Kyi est aussi inculpée pour avoir enfreint une loi sur la gestion des catastrophes naturelles, en interagissant avec la foule pendant la pandémie de coronavirus. Le président est lui aussi accusé d'avoir enfreint les règles de restriction en temps de catastrophe naturelle.   

"Ils sont en bonne santé et retenus chez eux, ils ne sont pas arrêtés", a précisé ensuite l'un des généraux qui est apparu en civil lors d'une conférence de presse tenue juste après ce procès à huis clos. Se présentant, comme le relève la journaliste du New York Times : "the state administration council", c'est-à-dire "le conseil d'administration de l'Etat", le nouveau pouvoir birman a considéré que le mouvement de désobéissance civile qui réuni plus de 750 000 médecins, fonctionnaires, cheminots... et les mobilisations qui se poursuivent ne sont que la marque d'un manque de patriotisme.    

"Le général Zaw Min Tun a balayé les questions sur les effets possibles des sanctions financières ciblées de l'Occident. Et il a défendu les suspensions répétées des services de télécommunications par l'armée et ses interdictions sur les sites de médias sociaux populaires" rapporte le New York Times.  

Nous avons besoin d'une sorte de restriction parce que Facebook est la principale source de désinformation et de fausses nouvelles. Général Zaw Min Tun, vice-ministre de l'information.   

Or, cette conférence de presse était justement diffusée sur Facebook. Les Birmans ont donc lancé sur le mode de l'humour des alertes à Facebook pour enfreinte à ses propres règles sur la désinformation... rapporte la correspondante du New York Times qui rappelle qu'une dizaine d'autres membres du gouvernement birmans ont été arrêtés début février et que les charges retenues contre eux n'ont toujours pas été rendues publiques. 

Quand un "hedge fund" achète des journaux à la pelle  

On reste avec la presse américaine qui s'inquiète de la prise de pouvoir d'un fond spéculatif sur un éditeur.   

Ce fonds s'appelle Alden, et il va racheter Tribune Publishing, l'éditeur de neuf grands quotidiens métropolitains, dont The Chicago Tribune, et le New York Daily News. Alden était déjà propriétaire à 32% de cet éditeur né en 1847, il est maintenant quasi acquis qu'il rachètera les actions qui lui manquent. Un journaliste du Chicago Tribune considère que c'est une "terrible nouvelle". 

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Les financiers sont de plus en plus présents dans la presse aux Etats-Unis mais pas parce que c'est une industrie lucrative s'inquiète le New York Times.    

Entre 2004 et 2019, un quart des journaux ont disparu outre-Atlantique, et les fonds spéculatifs considèrent que les journaux sont une bonne affaire car on peut encore y supprimer des emplois.   

Alden, société basée à New York possède déjà 200 publications à travers tout le pays, dont le Denver Post, St. Paul Pioneer Press et San Jose Mercury News. C'est l’un des rares acheteurs de journaux ces dernières années, rapporte le Washington Post, et c'est l’un des plus agressifs pour réduire les coûts du secteur. Il a réduit les emplois dans les salles de rédaction, vendu leurs actifs, tels que l'immobilier. Depuis la pandémie, et le passage au télétravail en mars dernier, le New York Daily News n'a plus de bâtiment, ses journalistes sont sommés de poursuivre pour toujours leur travail à distance.  

"Si ces fonds sont devenus des acteurs dominants de la presse, c'est parce que personne d'autres n'en veut, explique Dean Singleton, qui est resté pendant plusieurs années président du Denver Post après qu'Alden en a pris le contrôle. Mais ils ne sont pas des sauveurs. Quand Heath Freeman parle de ses journaux, il parle d'actifs. Je ne lui en veut pas de supprimer des emplois, c'est ce que font les hedge funds". 

Heath Freeman, 40 ans, est l'un des propriétaires d'Alden. Le Washington Post lui a consacré un portrait en juin.  

Selon le Washington Post, ces réductions de personnel vont de pair avec une couverture des nouvelles locales de plus en plus erratique. Une vingtaine de sénateurs ont exhorté ce fond à mettre un terme à l'acquisition et la destruction imprudentes des journaux car des études montrent qu'une moindre couverture médiatique locale conduirait à une baisse de l'engagement civique et de la participation aux élections...   

En 10 ans, les journaux américains ont perdu la moitié de leurs effectifs, et dans les journaux que détient ce fond spéculatif Alden, la baisse a été de 70%. "Sans nous c'était la faillite", justifie Heath Freeman l'un de ses patrons.  

Je veux dissiper certaines idées fausses. L'activité des nouvelles locales est interrompue depuis longtemps. Nous avons acheté presque tous nos journaux parce qu'ils étaient en faillite. Beaucoup de ces journaux étaient laissés pour morts, et auraient été liquidés si notre équipe de direction chevronnée spécialisée dans les médias n'avait pas intensifié ses efforts. Heath Freeman, d'Alden, au Washington Post.   

Où sont passés les magnats de la presse du passé, Pullitzer ou même Randolph Hearst (plus connu sous le nom de Citizen Kane), se demande le Washington Post, qui constate que ce genre de titans ne veut plus diriger les journaux, et que c'est dans cette brèche que s'engouffrent les fonds, plus intéressés par leur retour sur investissement que par la liberté d'expression.   

Pas de Carnaval au Brésil en 2021... gros espoir pour 2022   

Le carnaval a été annulé à Rio, et dans la plupart des villes du Brésil, mais les bars, les restaurants, et les plages ne sont pas fermés et la police peine à contrôler toutes les fêtes improvisées.     

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Sur la plage d'Ipanema, dans le quartier chic de Leblonc, à Laranjeiras, au hasard des rues, sur plusieurs étages en terrasse dans un immeuble... les cariocas ne peuvent s'empêcher de se réunir, sans masque, et sans respect des distanciations sociales.   

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Les journaux et la télé traquent ces fêtes sporadiques. Il suffit de quelques enceintes, ou de hauts parleurs, d'une petite guitare, un cavaquinho, ou un tambour, et des cercles se forment, chantent. La police quand elle le peut saisit le matériel, mais elle est le plus souvent absente, note le journal Exame.     

C'est cette nuit, en ce moment même qu'aurait dû commencer le défilé du sambodrome qui rassemble 70 000 spectateurs deux nuits de suite. Le Carnaval rapporte habituellement aux commerces 4 milliards de réais (environ 750 millions de dollars).  

OUI c'était hier Mardi Gras, on l'a aussi oublié chez nous. Le Carnaval a été annulé à Dunkerque, Nice... ou plus loin la Nouvelle Orléans.  

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La BBC publie un reportage tout en photos de Rio, son stade du sambodrome vide, et des portraits de ceux et celles, costumiers, vendeurs ambulants... pour qui c'était LA ressource de l'année.   

"J'ai dû licencier mes salariés" raconte Chico, le patron de Babado de folia, l'un des magasins les plus connus pour ses plumes et accessoires, mais il comprend que les festivités aient été annulées. "T_rop de personnes meurent on doit être prudent_".   

Vendredi dernier, le carnaval, qui dure au Brésil 5 jours (et donc 5 jours fériés), a été lancé en hommage aux 236 000 morts du Covid avec une samba composée par Nelson Sargento. Le musicien de 96 ans tout juste vacciné assistait à la cérémonie sur un fauteuil roulant. Le morceau s'appelle "Samba, agoniza mas não morre", "la samba agonise, mais ne meurt pas" (NDLR un morceau magnifique...). 

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Le carnaval est le moment de l'année où on voit tout en rose au Brésil. Pour que ce soit le cas encore cette année, c'est dans le passé que le magazine VEJA nous amène. Au Carnaval de 1919, l'un des plus inoubliables de tous les temps, les plus euphoriques paraît-il.     

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Pourquoi celui-là ? Parce que c'est celui qui a suivi la grippe espagnole. La grippe espagnole était arrivée l'année précédente, "et à la mi octobre 1918, Rio comptait les morts, les corps éparpillés sur les trottoirs avant d'être ramassés par des camions", raconte Felipe Branco Cruz. Comme aujourd'hui, Rio était l'une des villes les plus touchées par la pandémie, "mais aussi vite qu'elle était apparue, la grippe a disparu et après avoir pleuré les morts, les cariocas voulaient célébrer la vie".   

Plusieurs groupes de samba (qu'on appelle les blocos) verront le jour cette année-là, notamment le bloc Cordão do Bola Preta, qui existe encore aujourd'hui, et a diffusé sa prestation cette année "en distanciel".     

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"1919 fut l'année où les costumes se firent plus festifs, plus libidineux", rapporte Veja. "9 mois plus tard, il y eut un boom des naissances. Alors qui sait, peut être qu'après le non carnaval de 2021, le carnaval 2022 sera aussi amusant que celui de 1919", s'enthousiasme le journaliste. 

Chez nous on parle de "résilience" à tout bout de champ. Au Brésil, on a déjà le nom du prochain carnaval. C'est la même chose, en bien plus beau : Não Há Tristeza que Possa Suportar Tanta Alegria, soit, "Aucune tristesse ne peut résister à tant de joie". 

L'équipe