Qui manipule qui ?

Le fils aîné du président américain, Donald Trump Jr.
Le fils aîné du président américain, Donald Trump Jr. ©AFP - EDUARDO MUNOZ ALVAREZ
Le fils aîné du président américain, Donald Trump Jr. ©AFP - EDUARDO MUNOZ ALVAREZ
Le fils aîné du président américain, Donald Trump Jr. ©AFP - EDUARDO MUNOZ ALVAREZ
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Donald Trump Jr. a publié ses échanges avec WikiLeaks, après des informations de presse évoquant des contacts secrets entre le fils aîné du président américain et le groupe de Julian Assange soupçonné d’avoir manœuvré pour affaiblir les chances d’Hillary Clinton d’être élue.

En Allemagne, tout d’abord, voilà déjà sept semaines que les élections législatives ont eu lieu. Et presque autant que les partis arrivés en tête se tournent autour pour accorder leurs violons et former, enfin, une coalition. Or, comme le déplore la SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, il n'y a toujours pas de consensus en vue. Sans compter qu'on ne parle même pas là des négociations en tant que telles, mais seulement des premiers pourparlers. Et la population commence du coup à s'impatienter : selon un sondage de la chaîne de télévision ARD, plus de la moitié des personnes interrogées aurait, d'ores et déjà, une opinion défavorable de ce à quoi ressemblera le prochain gouvernement. D'où cette question, soulevée par DER TAGESSPIEGEL : et si les quatre partis censés former une coalition, ne parvenaient pas à un accord ? Mieux vaut que cela ne se produise pas car, le cas échéant, cela sonnerait le glas des partis traditionnels. Ou dit autrement, des élections anticipées ne profiterait qu'au seul parti radical AfD. Et c'est justement la raison pour laquelle, ce scénario n'arrivera pas, se rassure de son côté le quotidien de Budapest NEPSZAVA. Selon lui, les Verts ont déjà laissé entendre qu'ils étaient prêts à faire des concessions sur la politique climatique ; les libéraux pourraient également lâcher du lest sur la politique fiscale ; enfin la CSU finira sans doute, elle aussi, par modérer la stricte ligne de sa politique migratoire. Bref, tout ça pour ça. Ou comme l'écrit la FRANKFÜRTER ALLGEMEINE ZEITUNG, décidément, la politique est bel et bien une affaire d'égos et de lutte d'influence.

Et de lutte d'influence, il en est également question aux Etats-Unis, après de nouvelles révélations sur les liens présumés entre Moscou et l'entourage de Donald Trump.Le scoop publié, cette semaine, par le magazine THE ATLANTIC révèle que le fils aîné du président américain, Donald Trump Jr, a eu des contacts secrets avec WikiLeaks durant de la campagne présidentielle. De quoi donner un peu plus encore de grain à moudre au procureur chargé d’enquêter sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine. Pourquoi ? Parce que le site WikiLeaks est aujourd'hui suspecté par les renseignements américains d’avoir été choisi par le gouvernement russe pour diffuser des informations volées, qui allaient dans leur sens, en particulier des courriels compromettants d'Hillary Clinton obtenus à la suite de piratages informatiques. Le Renseignement américain impute ces hackings à la Russie, mais WikiLeaks a toujours nié les avoir obtenus par ce biais. Quoi qu'il en soit, le contenu des échanges révélés cette semaine par le magazine américain entre WikiLeaks et Donald Trump Jr démontre à quel point le site de Julian Assange a bien manœuvré pour affaiblir les chances d’Hillary Clinton d’être élue. En clair, à la lumière de ces nouveaux documents, les efforts de WikiLeaks pour favoriser l’élection de Donald Trump ne font plus aucun doute. Quant au fait de savoir qui manipule qui, à la demande de qui et dans quel but ? C'est vrai qu'il y a encore de quoi s’y perdre, constate LE TEMPS. Toujours est-il que ces échanges ne font que renforcer, aujourd'hui, les soupçons qui pèsent sur Donald Trump Jr, lequel a déjà dû se justifier d’une curieuse rencontre, quelques mois avant l'élection, avec une avocate russe, en présence notamment du chef de campagne de Donald Trump, aujourd’hui inculpé. 

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Et puis concernant toujours la lutte d'influence entre Washington et Moscou, le site MIDDLE EAST EYE note pour sa part combien la Russie a été ridiculisée, hier, après avoir publié des images de jeu vidéo, comme preuve irréfutable de ce que les États-Unis avaient apporté un soutien aérien à des militants de Daech pour quitter la Syrie. Une fois acquis que ces images étaient, en réalité, issues d'un jeu de simulateur de tir pour les utilisateurs d'Androïde, le ministère russe a supprimé lesdites photos et déclaré sur Twitter qu'il enquêtait sur un employé civil, lequel aurait joint par erreur ces images à la déclaration officielle. Reste que ce n'est pas la première fois, rappelle l'article, que la Russie est ainsi pointée du doigt pour fabrication de «preuves». 

Autre forme de manipulation s'agissant, cette fois-ci, de l'opportunité d’entamer une procédure de destitution à l’encontre du président Donald Trump.Régulièrement, la question sur les capacités du chef de la Maison-Blanche à exercer le pouvoir se pose. Hier encore, des sénateurs américains inquiets d'une guerre nucléaire avec la Corée du Nord ont cherché à savoir si un éventuel ordre de Donald Trump de déclencher le feu nucléaire pouvait être stoppé. Bien que les élus aient prudemment répété que l'audition n'était pas spécifiquement consacrée à Donald Trump, un démocrate a tenu à expliciter ce que, apparemment, beaucoup pensaient : «Nous craignons que le processus décisionnel du président des Etats-Unis soit si fantasque, qu'il puisse donner un ordre d'utiliser l'arme nucléaire complètement contraire aux intérêts de la nation». D'où cette question récurrente, soulevée à nouveau par le magazine SLATE : qu'attendent donc les Démocrates pour destituer Donald Trump ? Après tout, les exemples de transgressions du président américain ne manquent pas. Seulement voilà, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas forcément dans l'intérêt des démocrates de lancer une procédure d'impeachment. Une tentative a d'ailleurs été avortée le 11 octobre dernier. Pourquoi ? Parce que les Démocrates bénéficient en ce moment d’une avance écrasante dans les sondages pour les élections au Congrès. Or les experts en stratégies s’inquiètent à l’idée que les discussions sur l’«impeachment» non seulement, n’empêchent de se concentrer sur le programme économique impopulaire du président, mais offre, qui plus est, aux soutiens de Trump un cri de ralliement sur un plateau.

Enfin, dernier exemple de manipulation, ce matin. Imaginez la scène : votre enfant regarde paisiblement ses dessins animés préférés sur la tablette. Et soudain, un hurlement d’horreur : sur l’écran, Mickey est en train d’éviscérer Minnie ou Spiderman en train d’uriner dans la baignoire de la Reine des neiges. Cette scène, plusieurs familles américaines l’ont vécue avec leurs très jeunes enfants. En cause ? Une chaîne YouTube destinée aux tout-petits, sur laquelle des plaisantins ont trouvé le moyen d’introduire des versions «trash» de dessins animés populaires, précise le site BIG BROWSER. Et quand bien même les motivations des créateurs de ces vidéos ne sont pas claires, cette mésaventure collective a inspiré à SLATE une réflexion sur l’importance que les algorithmes prennent dans nos vies. Nous avons bâti un monde qui fonctionne à grande échelle, où le contrôle humain est tout simplement impossible. Le magazine nous fait ainsi comprendre que le problème vient de la place que nous laissons à ces plates-formes : YouTube, mais aussi Facebook ou Twitter. Dans le cas présent, il s’agit de vidéos pour enfants sur YouTube. Mais le problème se pose, en réalité, pour tous les contenus circulant sur Internet : le nationalisme blanc, les idéologies religieuses violentes, le déni du réchauffement climatique ou les «fake news».

Par Thomas CLUZEL