Reprise en main par Erdogan, la monnaie turque inquiète les marchés financiers

Recep Tayyp Erdogan envisio-conférence avec bruxelles, le 19/03/21
Recep Tayyp Erdogan envisio-conférence avec bruxelles, le 19/03/21 ©AFP - Stéphanie Lecocq
Recep Tayyp Erdogan envisio-conférence avec bruxelles, le 19/03/21 ©AFP - Stéphanie Lecocq
Recep Tayyp Erdogan envisio-conférence avec bruxelles, le 19/03/21 ©AFP - Stéphanie Lecocq
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Après le limogeage abrupt du directeur de la Banque centrale turque, la monnaie nationale dévisse sur les marchés financiers inquiets de risques d'inflation accrus. Autre sujet de préoccupation, le retrait de la Turquie d'une convention européenne de lutte contre les violences faites aux femmes.

En ce lundi c’est la Turquie qui retient notre attention.

Et pour plusieurs raisons, nous allons le voir, la Turquie intéresse (et pour le dire franchement, inquiète) plusieurs grands titres de la presse internationale.

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La première alerte, note le journal turc en ligne Ahval, vient des marchés financiers asiatiques, les premiers à rouvrir après le week-end et où la monnaie turque, la lire, a perdu plus de 15% de sa valeur face au dollar. Conséquence du limogeage inattendu et abrupte, vendredi soir, du gouverneur de la banque centrale de Turquie, Naci Agbal. Les marchés financiers, explique Nicholas Morgan toujours sur Ahval, n’avaient pas vu venir cette décision du président Erdogan, et ils y ont vu, difficile de faire autrement, une sévère reprise en main de la politique monétaire turque par le président en personne.

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Il faut dire aussi que Naci Agbal avait été nommé il y a quatre mois seulement et que son successeur, un ancien député du parti présidentiel l’AKP, sera le 4e directeur de la banque centrale turque en moins de cinq ans. Ce poste, c’est un siège éjectable confirme Daniel Moss pour Bloomberg, d’autant plus en cette période où l’économie turque donne de sérieux signes de turbulence, avec pour principale crainte l’inflation galopante qu’il s’agit de juguler. Naji Agbal, reconnaît The Economist, avait choisi de le faire en augmentant les taux d’intérêts, c’est ce que veut l’orthodoxie économique libérale ; il avait réussi ce faisant à rétablir la crédibilité financière de la Turquie après une année 2020 très rude. Mais le président Erdogan est de ceux qui pensent au contraire que ce sont les taux d’intérêts élevés qui alimentent la spirale inflationniste, et qu’il faut donc des taux faibles pour stimuler avant tout l’économie.

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La crainte des marchés financiers à présent c’est que, pour réduire l’inflation sans augmenter les taux d’intérêts, le nouveau gouverneur Sahap Kavcioglu n’en arrive à imposer des mesures de contrôle des capitaux en Turquie, de limitation des échanges financiers, et ça c’est juste le cauchemar des traders internationaux. 

Et puis surtout, d’après les analystes financiers interrogés par The Guardian, ces manœuvres parviennent de plus en plus mal à masquer l’essentiel, à savoir que si l’inflation galope c’est parce que l’économie turque repose sur des bases qui ne sont pas saines depuis la précédente crise monétaire de 2018. D’où l’importance pour Erdogan d’avoir à la tête de la banque centrale un gouverneur qui fasse ce qu’il lui dit, pour masquer au maximum cette fragilité et contenir l’inflation à court-terme… Au risque que la bulle n’explose un jour, comme elle commence à en donner des signes ce lundi. 

Autre sujet qui met la Turquie à la Une des journaux ce matin : la lutte contre les violences faites aux femmes.

Avec Ankara, constate le quotidien turc Hürriyet, qui se retrouve sous le feu croisé des critiques de Washington et de Bruxelles pour s’être retiré ce week-end, simple annonce lapidaire dans le journal officiel, de la convention internationale dite d’Istanbul. Ce traité initié en 2011 par le Conseil de l’Europe visait à renforcer dans les trente-sept pays signataires la prévention et la répression des violences conjugales et plus largement des violences faites aux femmes. 

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"Un recul, un mauvais signal", ont déploré en chœur Joe Biden et les chancelleries occidentales. Au même moment, des milliers de Turques sont descendues dans les rues ce dimanche pour critiquer ce choix et demander au président Erdogan, de revenir sur sa décision. Son vice-président, cité là encore par Hürriyet, a bien tenté de rassurer en expliquant que "la Turquie va bien sûr continuer à tout faire pour rehausser la réputation et la dignité des femmes turques au niveau qu’elles méritent dans la société, tout en veillant à préserver le tissu social traditionnel qui prévaut en Turquie »... Mais est-ce vraiment rassurant ? Je vous laisse en juger.

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Pour la BBC enfin ce choix turc de sortir de la convention d’Istanbul aurait été dicté par des groupes conservateurs proches du président qui reprochaient au texte d’être trop favorable aux droits des homosexuels en Turquie.

Le dernier aspect de cette revue de presse consacrée à la Turquie nous emmène (ou plutôt nous ramène) en Méditerranée près des fonds marins disputés à la Grèce.

Les fonds marins et les potentiels gisements d’hydrocarbures qui vont avec, bien entendu : souvenirs de la crise de l’été dernier en Mer Egée… Eh bien en cette période de crispation autour de la Turquie, ce dossier-là aussi se devait de refaire parler de lui. 

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C’est chose faite depuis la fin de la semaine dernière, avec l’accostage très commenté dans les presses grecques et turques du porte-avion nucléaire américain USS Dwight Eisenhower dans le port de Souda en Crète, port où il avait déjà fait escale en juillet dernier au point culminant de la crise en mer Egée. Plus symbolique encore, selon le journal crétois en ligne Neakriti, le Premier ministre grec Kyriakos Mytsotakos va profiter de cette escale pour venir visiter le navire de guerre et marquer ainsi l’étroitesse des liens militaires qui unissent Athènes à Washington : c’est un message adressé directement à Ankara, décrypte Neakriti.

Les journaux turcs comme Takvim, eux, accusent leurs homologues grecs de trop en faire, en mettant en scène les exercices militaires conjoints menés par les armées grecques et américaines, et de jeter encore de l’huile sur le feu des tensions en méditerranée orientale. Ils tentent enfin de relativiser la portée symbolique enfin que le port crétois de Souda est de toute façon le seul dans toute la Méditerranée à pouvoir accueillir un porte-avion aux mensurations aussi impressionnantes que l’USS Eisenhower.

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