Retours de bâton en série

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ©AFP - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL / AFP
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ©AFP - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL / AFP
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ©AFP - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL / AFP
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La décision de l'Iran d'augmenter ses capacités d'enrichissement d'uranium a provoqué une nouvelle envolée des tensions. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, en tournée européenne, estime que l'annonce de Téhéran constitue une menace pour l’existence même de l’Etat hébreu.

Si la voie du compromis est impraticable, il ne reste plus que celle de la confrontation. Voilà peu ou prou le message qu'a tenu à adresser, hier, l'Iran avec la mise en route d'un plan visant à augmenter sa capacité à enrichir l'uranium, dans le cas où l’accord de 2015 sur son programme nucléaire viendrait à s’écrouler. Ou quand Téhéran joue la carte de la pression, écrit ce matin L'ORIENT LE JOUR. L'Iran fait monter la pression sur les Européens, renchérit à son tour THE FINANCIAL TIMES. Bien entendu, le timing ne doit rien au hasard. Après s'être entretenu successivement avec Angela Merkel, puis Emmanuel Macron, le Premier ministre israélien est attendu aujourd'hui à Londres. Une visite express auprès de la Première ministre Theresa May, dans le seul but de créer un front commun contre l'Iran. Reste qu’en réalité Benjamin Netanyahou a surtout du mal à attirer les Européens dans sa croisade. Et pour cause, selon eux, à défaut d'être parfait cet accord offre aujourd'hui le seul garde-fou contre la prolifération nucléaire dans la région. Mais après tout, le Premier ministre israélien prendra-t-il ombrage de cet échec, lui qui ne se soucie de toute façon que de l’opinion de Donald Trump ?, analyse pour sa part le quotidien de gauche israélien HA'ARETZ

Toujours est-il que Téhéran semble, bel et bien, s’impatienter et juge les efforts des Européens encore «insuffisants». Pour preuve : l'annonce lundi dernier du groupe automobile PSA qu'il se préparait à quitter l'Iran. Toujours selon L'ORIENT LE JOUR, le groupe pétrolier Total serait, lui aussi, en train de préparer ses valises. D'où cette analyse, à lire cette fois-ci dans les colonnes du TEMPS : Alors qu’ils avaient suivi à la lettre les exigences de l’AIEA, les Iraniens n’ont pas obtenu ce qu’on leur avait promis. Et il n'en fallait pas davantage pour les convaincre d’adopter une politique beaucoup plus agressive au Moyen-Orient.

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Gare au retour de flammes, également, aux Etats-Unis. En annonçant, la semaine dernière, l’application de nouveaux droits de douane pour les pays de l’UE, Donald Trump a été le premier à tirer. Sauf que les Européens, eux, n’ont pas tardé à répliquer. Le bourbon, les Harley Davidson, mais aussi les jeans, les cigarettes ou bien encore le jus d’orange, voici quelques-uns des produits américains que Bruxelles s’apprêterait à taxer. Ou quand le comportement erratique de l'administration Trump se transforme en énorme menace pour nos industries nationales, déplore ce matin THE HILL.

Et puis toujours aux Etats-Unis, la polémique enfle sur l’étendue des pouvoirs du chef de l’État. Lundi, dans un tweet provocateur, Donald Trump a déclaré qu’il avait «le droit absolu» de s’autogracier, même s’il n’avait «rien à se reprocher». Une déclaration qui contribue à maintenir la pression sur le pouvoir judiciaire, déplore THE NEW YORK TIMES. En clair, le président continue à marteler l’idée que les suites de l’enquête du procureur spécial Mueller, sur l’ingérence russe dans la campagne américaine, non seulement dépendront de son bon vouloir, mais surtout qu’elles ne pourront pas l’atteindre. Ou quand le président Trump se prend pour un roi. Sa majesté le tsar Donald Ier prétend désormais au pouvoir suprême, raille à son tour THE WASHINGTON POST

Direction l'Allemagne, à présent, où la classe politique s’insurge contre le nouveau représentant de Donald Trump. L’homme, en poste depuis un mois seulement, multiplie les provocations.Les Allemands qui s'étaient d’abord réjouis de savoir qu’ils allaient enfin avoir un ambassadeur américain à Berlin, et que cet ambassadeur serait qui plus est un diplomate professionnel et non un riche soutien de la campagne du président, ont bien vite déchanté, note la correspondante du TEMPS. Hier, les partis de gauche (des Verts au SPD en passant par Die Linke) ont tous demandé le renvoi du nouvel ambassadeur, accusé d’interférer dans les affaires intérieures. La veille, le Ministère allemand des affaires étrangères avait, lui-même, demandé «une clarification» à Richard Grenell à la suite d’une énième provocation. Lundi, profitant de l’escale de Benjamin Netanyahou à Berlin, il s'est entretenu directement avec lui en privé à l’aéroport. «Grenell se comporte en vice-chancelier allemand» en organisant des rencontres avec des dirigeants étrangers, dénoncent ses détracteurs. «Ce que fait cet homme est unique dans la diplomatie internationale. Il se comporte comme un officier colonial d’extrême droite», s’étouffe pour sa part Martin Schulz. Et de fait, le weekend dernier, l'ambassadeur avait assuré, dans une interview au canal américain d’extrême droite BREITBART NEWS, vouloir «soutenir» la droite dure en Europe, avant de louer le chancelier autrichien Sebastian Kurz. «C’est une rock star. Je suis un grand fan», a-t-il déclaré, avant de préciser l'avoir invité à son ambassade la semaine prochaine.

Lui, en revanche, laisse définitivement sa place. Lui, c'est Mariano Rajoy. Après avoir été renversé par une motion de censure, vendredi dernier, l’ex-chef du gouvernement a décidé, hier, de jeter définitivement l'éponge en renonçant à son poste de président du Parti populaire. Quand le quotidien EL PAIS y voit, là, ce matin une issue possible à la crise politique, son confrère conservateur ABC rend, lui, hommage aux quarante ans de carrière politique de l'ancien Premier ministre, dont le visage s'affiche pleine page à la Une du journal. EL MUNDO ne semble pas cacher, non plus, son émotion, sinon sa tristesse ce matin : Avec des larmes et sans successeur, peut-on lire en manchette du quotidien. Quoi qu'il en soit, Mariano Rajoy ne sera donc pas le leader de l’opposition au gouvernement du socialiste Pedro Sánchez. Un congrès extraordinaire devrait être convoqué prochainement pour désigner un nouveau président du PP (le Parti Populaire). PPost Rajoy, s'amuse d'ailleurs en titre, ce matin, LA RAZON. Quant à LA VANGUARDIA, elle précise que le futur congrès pourrait compter pas moins de cinq candidats à la succession, dont les couteaux sont d'ores et déjà en train d'être aiguisés.

Par Thomas CLUZEL