L'ancien président et Premier ministre israélien Shimon Peres est mort mercredi à l'âge de 93 ans, deux semaines après avoir été victime d'une attaque vasculaire cérébrale. La presse mondiale lui rend hommage.
A l’origine Shimon Persky, dit Shimon Peres, voulait devenir agriculteur. Et puis, alors qu’il n’était pas encore âgé de 18 ans, il avait finalement croisé la politique. Un chemin qu'il ne quittera jamais plus jusqu'à la fin de sa vie. Et à ce titre, peut-on lire ce matin dans les colonnes du quotidien HAARETZ, Shimon Peres aura battu tous les records de longévité. Pendant près d'un demi-siècle, il aura d'abord servi à la Knesset. Il est également le seul homme à avoir jamais servi dans les quatre plus importants postes ministériels : la Défense, les Affaires étrangères, la Finance et en tant que Premier ministre, à deux reprises. Toujours plus haut, il avait atteint le sommet en remportant le Prix Nobel de la Paix. Mais là encore, ça n'était pas suffisant.
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En 2014 il deviendra président, de sorte que durant près de 70 ans, note à son tour THE NEW YORK TIMES, Shimon Peres n'aura donc jamais quitté la scène politique israélienne. Et même si son dernier poste en tant que chef d’Etat était essentiellement protocolaire, jusqu’au bout il aura profité du perchoir qui lui était offert pour essayé d’exercer son influence.
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La vie publique et le développement d’Israël ont toujours été sa raison d'être, estime de son côté un spécialiste interrogé dans les colonnes du TEMPS. La politique, la vie publique, c’est ce qu’il a toujours aimé, dit-il. Il n’a donc pas pu s’arrêter de prendre position, d’intervenir et de lancer des projets malgré les appels à la modération que lançait son entourage inquiet.
A présent, la plupart des commentateurs israéliens présentent évidemment Shimon Peres comme un géant de l’histoire de leur pays, un monument qui a participé à toutes les phases de l’histoire israélienne et avec lequel aucune autre personnalité politique vivante ne peut aujourd'hui espérer rivaliser. Il figure dans une division à part, écrit en particulier l'éditorialiste du quotidien YEDIOT AHARONOT.
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«Il fait partie de notre paysage politique depuis si longtemps, qu'il est difficile d’imaginer la vie sans Shimon Peres», expliquait déjà l’ancien porte-parole d’Yitzhak Rabin avant l'annonce de sa disparition. «Shimon Peres a toujours été là, d’une manière ou d’une autre. Rares sont les Israéliens qui ne l’ont pas croisé dans un événement quelconque ou dans une cérémonie officielle. Ces dernières années, même ceux qui l’ont honni à la suite des accords de paix d’Oslo le traitaient avec respect. Parce qu’il incarnait physiquement Israël et qu’il se retrouvait au centre d’un consensus national interdisant de le critiquer».
En réalité, Shimon Perez n'a pas toujours reçu que des louanges. THE NEW YORK TIMES, en particulier, rappelle ce matin sa réputation d'infatigable intriguant et son art consommé de la manœuvre politique. Par ailleurs, les satiristes israéliens ont longtemps vu en lui un dirigeant peu consistant et surtout un perdant au long cours, sans électorat très net. Et de fait, à aucune élection, Shimon Peres n'aura conduit son Parti à une victoire nationale et ce malgré cinq tentatives entre 1977 et 1996. Ce à quoi, d'ailleurs, l'homme jamais avare de bon mot rétorquait : «Je suis un perdant. Je perds des élections. Mais je suis un vainqueur car je sers mon peuple».
A ce titre, note toujours le quotidien américain, on retiendra que plus que quiconque en Israël, Shimon Peres aura certes contribué à bâtir la redoutable puissance militaire de son pays, mais travaillé tout aussi durement à l’établissement d’une paix durable avec les voisins arabes de l’État hébreu. Après avoir été au cœur des grandes batailles de la courte histoire d'Israël et des farouches controverses d'un monde politique israélien féroce, Shimon Peres était devenu une personnalité largement consensuelle, considérée comme un sage de la nation, peut-on lire ce matin dans les colonnes de L'ORIENT LE JOUR.
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Et même si en dépit de la conversion à la paix de l'ancien faucon travailliste, les Palestiniens, eux, ont évidemment une vision bien plus noire de celui qui a cautionné, en particulier, les premières colonies juives de la Cisjordanie occupée, au fil du temps, il était devenu le visage modéré d'Israël cherchant constamment à rassurer la communauté internationale, ce qui lui avait valu, notamment, des relations compliquées avec le gouvernement belliciste de Benjamin Netanyahou. Et d'ailleurs, précise à nouveau THE NEW YORK TIMES, tout au long de sa carrière politique, Shimon Peres aura souffert de n'avoir jamais porté un uniforme de l'armée ou combattu dans une guerre.
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Enfin, toute sa vie Shimon Peres aura également souffert d'être vu comme l'éternel Oleh, comprenez le nouvel immigrant. C'est en tous les cas l'analyse défendue ce matin par le quotidien HAARETZ pour expliquer comment Shimon Peres est devenue cette figure à part de la vie israélienne. Peu importe si à l'âge de 30 ans, déjà, il avait déjà réalisé ce que peu d'hommes ne réaliseront sans doute jamais en l'espace de toute une vie, lui restait hanté par son exception d'extranéité. Lui que la vieille garde du Mapaï (l'ancêtre du Parti des Travailleurs) traitait comme un jeune homme ressentait le besoin d'en faire toujours plus que les autres pour s'affirmer et s'imposer. Et ce n'est finalement qu'à l'âge de 80 ans passé, en devenant enfin président, qu'il atteindra le statut auquel il avait toujours aspiré, celui d'aîné de la nation. Ce n'est qu'à ce moment de sa longue carrière, que l'éternel immigrant a fini par rejoindre la Terre Promise en devenant aussi populaire chez lui en Israël qu'il l'était, depuis longtemps déjà, à l'étranger. Ce n'est qu'à la toute fin de sa carrière politique et de sa vie, conclue à son tour THE NEW YORK TIMES, que Shimon Peres aura, finalement, obtenu ce qu'il voulait vraiment : l'admiration de son propre peuple.
Par Thomas CLUZEL
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