

Sort des enfants migrants aux Etats-Unis, justification d'une politique migratoire raciste en Italie, effacement des symboles de Noël en Chine. La presse, heureusement, propose aussi de belles histoires de Noël pour illustrer l'actualité.
Noël est présent dans de nombreux journaux ce matin. Le bel esprit de Noël mais aussi des histoires et des images bien moins joyeuses et qui résonnent un peu partout dans le monde.
Ce sont par exemple des unes d'hebdomadaires comme ce dessin en couverture d' Humo, magazine belge néerlandophone : Paris en feu, des gilets jaunes en chorale, des policiers prêt à intervenir, un canon déverse sur la foule non pas de l'eau mais du champagne. Les fêtes de Noël, mères de réconciliation arrosées, qui sait...
Ou l'hebdomadaire britannique The Spectator, qui caricature la cacophonie actuelle autour du Brexit, et fait s'attrouper la classe politique du pays pour une chorale de Noël. Sauf que chacun choisit son propre chant : Theresa May, avec les paroles de "Je serai partie d'ici Noël" dans les mains, Jeremy Corbyn avec "Accourez fidèles" et puis pour Boris Johnson, "Qui est cet enfant", la bouche grande ouverte pour chanter plus fort que les autres.
On fête Noël partout dans le monde, parfois dans des conditions difficiles nous rappelle la presse ce matin. Le site Internet de la chaîne publique australienne ABC relate par exemple la disparition progressive et forcée de tout ce qui symbolise Noël en Chine. Il n'y a pas d'encadrement strictement frontal, mais des décorations de Noël interdites dans plusieurs grandes villes du pays, toujours localement, des restrictions des espaces de vente et des interdictions de publicité ou de spectacles. Tout cela fait partie, plus globalement, d'un verrouillage culturel, recentré sur les traditions chinoises, imposé depuis quelques années par le président Xi Jinping.

Le magazine Time, quant à lui, s'inquiète du Noël des migrants. En particulier des 14 000 enfants actuellement sur le territoire, qui vivent dans des centres de détention, qui sont seuls, séparés de leurs familles. Les services d’immigration, apprend t-on, veulent faire leur possible pour qu'ils puissent recevoir la visite de famille. Chaque centre est orné d'au moins un sapin. Des associations se mobilisent pour récolter des cadeaux à leur distribuer. Pour qu'ils puissent esquisser un sourire dans leur malheur.
D’immigration, il en est aussi question dans le quotidien espagnol El Mundo, qui révèle les propos de Matteo Salvini, le ministre italien de l'Intérieur, patron du parti d'extrême droite La Ligue. On le voit en photo, en train d'enfiler un bonnet de Père Noel autour de sympathisants. L'article détaille comment il défend sa politique migratoire qui, selon lui, épargne beaucoup de vies en refusant d'ouvrir ses portes. Avec les mots suivants : "les politiques égoïstes, racistes et fascistes sauvent des vies."
Outre Atlantique, Donald Trump est empêtré dans la crise du shutdown des institutions mais le président américaine a pris le temps de se plier à une tradition de Noël hier soir. Résultat : une nouvelle polémique.
C'est à lire dans les colonnes de The Daily Beast. Aux Etats-Unis, il est d'usage pour un président américain de répondre au téléphone à des enfants qui appellent le NORAD, le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, chargé de surveiller l'espace aérien. Les enfants appellent, demandent où se trouve le traîneau du Père Noël sur les radars de l'armée, et le président en profite pour échanger quelques instants avec l'enfant. Sauf que Donald Trump a fait une bourde... Au petit Coleman, âgé de 7 ans, qu'il a en ligne, le président lui demande s'il croit encore vraiment au Père Noël car à son âge ce n'est pas fréquent. Et depuis les médias du monde entier se délectent des images de ce moment gênant.

Seul point positif, faire découvrir cette tradition américaine de Noël. C'est le Washington Post qui la raconte. Tout commence en 1955, quand le colonel Harry Shoup, un haut gradé du Commandement de la défense aérospatiale, reçoit un coup de fil sur le fameux téléphone rouge des urgences militaires. Au bout du fil, une petite voix lui demande s'il est le Père Noël. Il croit à une farce et s'énerve. La petite voix semble sangloter, il comprend alors qu'il s'agit bien d'un enfant qui tente de téléphoner au gros barbu en rouge. Il joue donc le jeu, "oh oh oh, est-ce que tu as été sage ?" Puis, il demande à parler à la maman. Cette dernière explique avoir composé le numéro depuis la petite annonce d'un journal. Sauf que le numéro a mal été typographié. Au lieu du service téléphonique du Père Noël, c'est le numéro du téléphone rouge qui est inscrit. Le colonel décide alors de prévenir ses troupes que d'autres enfants risquent de téléphoner. Et c'est ainsi, que l'armée américaine est devenue la référence en matière de surveillance du Père Noel pendant sa tournée...
On termine avec un article qui tente de montrer qu'au fond, croire au Père Noël n'est pas important, mais le fêter l'est beaucoup plus.
Et ce, quoi qu'en disent certains qui ne voient dans cette fête qu'un moment mercantile. D'ailleurs, ceux qui font le procès d'un Père Noël, chantre du capitalisme, ont-ils vraiment perçu toute la symbolique de ce mythe ? Peut-être pas, si l'on en croit le trimestriel américain Jacobin, tendance démocrate socialiste, qui s'est lancé dans un plaidoyer à la fois drôle et sérieux pour le récit de Noël. Pour son auteur, ce récit n'est en rien capitaliste. Bien au contraire. Que fait le Père Noël ? Il gère une entreprise de production et de distributions de cadeaux avec sa femme et des lutins. Peut-être s'agit-il d'une coopérative ouvrière, nous disposons de peu d'informations sur le sujet.
Toujours est-il que cette coopérative fonctionne très bien puisqu'elle produit à une échelle industrielle, avec la particularité de fonctionner hors de tout système monétaire, en violation de toutes les frontières et des règles du commerce international. Ensuite, toujours selon le mythe, les cadeaux sont distribués aux enfants, non pas en fonction de la valeur de leur travail ou de leur possession de capital, et encore moins en fonction du statut social, économique ou politique des parents. Mais en fonction du bien qu'il font à la société. Bref, tout le contraire du mythe de la petite souris par exemple qui, analysé de la même façon, légitimise une forme de trafic d'organes. Qui est donc le Père Noël, selon Jacobin ? Un internationaliste, égalitariste, créateur d'un système de distribution de biens d'éveil, d'épanouissement personnel et collectif, et parfois de luxe, en opposition directe avec l'économie de marché. Noël doit donc être célébré, le mythe doit être partagé car en mentant à nos enfants une fois par an avec cette histoire, en réalité, nous leur insufflons l'espoir d'un monde meilleur. Joyeux Noël.
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