Le plan de réforme de l'asile et de l'immigration présenté mercredi par Ursula von der Leyen est diversement accueilli par les journaux du continent, qu'ils s'expriment depuis Budapest, Prague, Rome ou Athènes. En Biélorussie, un Alexandre Loukachenko bunkérisé prête serment en catimini.
L'Union européenne sera-t-elle capable de s'entendre sur une nouvelle politique commune en matière d'immigration et d'asile?
De Budapest à Athènes, que disent les journaux de ce plan migratoire présentée mercredi par Ursula von der Leyen ? Pour le contexte, commençons ce tour d' Europe par un pays hors-UE avec Le Temps en Suisse qui nous rappelle les tenants et aboutissants de cette réforme de l'asile : il s'agit pour la présidente de la Commission von der Leyen, rien de moins que de "mettre fin à l'impasse qui dure depuis la crise de 2015", "remettre de la confiance" entre les 27 sur le fait que chacun prenne vraiment sa part dans la charge que représente la prise en charge et l'accueil des migrants irréguliers en Europe (140 000 pour vous donner un ordre d'idée enregistrés l'an dernier).
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C'est donc spontanément vers les pays qui refusent d'accueillir plus de demandeurs d'asile que l'on guette d'abord les réactions. Et sans surprise, en Hongrie par exemple, les journaux ont très vite noté une chose en particulier : le plan von der Leyen ne retient pas l'idée tant crainte d'une répartition obligatoire des migrants par pays.
"Pas de quotas obligatoires", titrait hier soir par exemple le site d'info Index comme pour rassurer une opinion publique chauffée à blanc par les positions anti-immigration et eurosceptiques du gouvernement de Viktor Orban. Mais à y regarder de plus près, ajoute tout de même le journal en ligne de centre-droit Azonnali, il y a un pacte étrange proposé par Bruxelles aux pays réfractaires comme la Hongrie : "Vous ne voulez pas accueillir de réfugiés ? Ok, mais alors vous nous aidez à les expulser vers leur pays d'origine".
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En effet, selon le plan von der Leyen, si un pays n'accepte pas son quota de relocalisation, alors il doit s'engager à aider financièrement l'UE soit à construire ailleurs des centres d'accueil, soit à protéger les frontières extérieures de l'Union, soit à payer les frais d'expulsion des migrants qui au bout de cinq jours sur le territoire européen ne se verront pas reconnu le droit d'y demander l'asile.
Car la Commission européenne veut accélérer ces expulsions, qui pourraient concerner jusqu'à deux tiers des migrants entrés en Europe... et vu depuis la Pologne, dans les colonnes de la Gazeta, avec ce choix laissé aux Etats-membres (accueillir sa part de migrants ou bien payer pour leur déportation) l'Union européenne crée le "principe de solidarité obligatoire... à la carte" : tout un comble de raffinement dans l'ambiguïté technocratique.
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L'hebdomadaire nationaliste tchèque Reflex ne prend pas autant de pincettes : pour lui ce principe selon lequel "on vous donne de l'argent pour vous occuper des migrants chez vous ou c'est vous qui payez pour nous en débarrasser", c'est une forme de "sanction financière inacceptable qui fait de Bruxelles un passeur, un trafiquant d'êtres humains". "Ce n'est pas pour cette Europe-là que nous avons voulu rejoindre en 2003", tonne le magazine tchèque, constatant que "décidémment, le projet européen imposé par l'Allemagne et la France... diverge complètement des intérêts de pays comme la République Tchèque, la Pologne, la Hongrie ou encore la Slovaquie".
Dans les pays qui accueillent pour le moment le plus grand nombre d'exilés autour de la Méditerranée, est-ce que ce plan migratoire est mieux accueilli ? Oui, si l'on se fie à à l'édito d' El Pais ou à l'opinion d'Andrea Bonnani de La Repubblica, à Rome, il y aurait bien de quoi se satisfaire de ce plan "doublement pragmatique", qui évite l'écueil de la répartition obligatoire des migrants tout en mettant l'accent, tout de même, sur la solidarité avec des pays justement comme l'Italie ou la Grèce qui pour le moment gèrent quasiment seul les arrivées.
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Mais la journaliste italienne sait aussi que le plan von der Leyen est encore loin d'être ratifié par les 27, car il a besoin de l'unanimité des Etats-membres... qui est loin d'être acquise. A noter, sur ce point, la colère de "l'Aurore" grecque, le quotidien de gauche I Avgi qui reproche à la Commission européenne d'avoir complètement cédé aux pays du groupe de Visegrad, Hongrie-Pologne-République Tchèque, en renonçant bien trop vite au principe de la répartition obligatoire des migrants à accueillir par quota dans tous les pays. "Tant que l'on leur laisse le choix du volontariat, estime le journal athénien, ces pays ne feront que le strict minimum pour se montrer solidaire avec ceux, la Grèce en premier lieu, qui supportent l'essentiel du fardeau". La conclusion d' I Avgi est sans appel : une fois de plus l'UE se retrouve coincée par la loi d'airain de l'unanimité dans ses décisions politiques et pour ménager le compromis, "ce sont les extrêmes-droites au pouvoir en Europe centrale qui obtiennent gain de cause".
Un président obligé de se cacher pour prêter serment : en Biélorussie le maintient au pouvoir d'Alexandre Loukachenko tourne à la farce tragique.
C'était donc ce mercredi à Minsk : Alexandre Loukachenko a été investi pour un nouveau mandat présidentiel quasiment en catimini, sans prévenir ni la presse si sa population qui on le sait manifeste depuis plus d'un mois pour dénoncer les fraudes massives qui ont entaché justement sa réélection.
Mais tout de même : quoi de plus tragique et révélateur que cette "cérémonie secrète", pour reprendre les termes du Bélorusskiy Partizan, alors que la prestation de serment d'un nouveau président est censée être un summum d'apparat et de communication ? A la place, on a donc eu droit à une sorte de "mariage dans un bulnker, toujours selon le Belorusskiy Partizan, un Alexandr Lukachenko qui a osé dire dan son discours qu'il "'n'abandonnera jamais sa Biélorussie bien-aimée", déclaration d'amour et de dévotion qui a surtout sonné comme une menace et un aveu d'autocrate.
Bunkerisé, donc le président biélorusse, aux abois face à la colère la rue... et à la réprobation des diplomaties européennes... Loukachenko a clairement perdu toute léigitimité, tout mandat, résume le site d'infi indépendant tout.by. L'Allemagne et la plupart des pays de l'Est de l'UE ont refusé de reconnaître cette investiture, et d'y participer.
Mais comme le dit un politologue biélorusse toujours sur le site tout, Loukachenko et son entourage savent qu'ils n'ont plsu la confiance du peuple et c'est pour celà qu'ils précipitent les choses en un petit théâtre de propagande politique. Ils ne comptent plus sur l'Europe, et se raccrochent à la Russie, quasiment seule à avoir reconnu du bout des lèvres hier la "souveraineté" de l'élection présidentielle du 9 août.
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