Un journaliste dissident porté disparu à l'Ambassade saoudienne d'Istanbul

L'ambassade d'Arabie Saoudite à Istanbul encerclée par la police turque après la disparition de Jamal Khashoggi
L'ambassade d'Arabie Saoudite à Istanbul encerclée par la police turque après la disparition de Jamal Khashoggi ©AFP - OZAN KOSE
L'ambassade d'Arabie Saoudite à Istanbul encerclée par la police turque après la disparition de Jamal Khashoggi ©AFP - OZAN KOSE
L'ambassade d'Arabie Saoudite à Istanbul encerclée par la police turque après la disparition de Jamal Khashoggi ©AFP - OZAN KOSE
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Le journaliste Jamal Khashoggi n'est pas reparu après être entré mardi dans l’ambassade saoudienne d'Istanbul. Ses proches craignent qu'il y soit détenu. En Italie, volte-face du gouvernement sur ses objectifs budgétaires. Au Kenya une enquête parlementaire se termine dans les toilettes des femmes.

Le mystère s'épaissit autour de l'ambassade d'Arabie Saoudite à Istanbul, où le journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi était venu mardi faire des démarches administratives mais n'est jamais ressorti. 

C'est la Une de la plupart des titres de la presse arabophone, à part bien sûr ceux détenus par l'Arabie Saoudite elle-même. Chez les qatari par exemple d' Al Jazeera, l'inquiétante énigme Khashoggi fait l'ouverture de tous les journaux.  

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Jamal Khashoggi est un journaliste et écrivain respecté, ancien directeur d'El Watan à Riyad ou avec le Washington Post, pour lequel il écrit depuis qu'il a du s'exiler aux Etats-Unis l'an dernier pour fuir les grandes purges menées par le prince Mohamed Bin Salmane. Mais il n'a plus donné signe de vie depuis mardi après-midi, quand il est entré dans les locaux l'ambassade d'Arabie Saoudite à Istanbul.

"Il venait chercher des papiers officiels pour obtenir son divorce", explique au Middle East Eye sa nouvelle fiancée : tous deux devaient bientôt se marier, c'est elle qui a lancé l'alerte quand elle ne l'a pas vu ressortir mardi soir. Depuis, elle reste postée devant l'ambassade, à guetter des nouvelles. 

Des nouvelles qui arrivent au compte-gouttes et de manière très contradictoire, renforçant encore le mystère et l'inquiétude selon le Washington Post : l'ambassade saoudienne à Istanbul affirme que le journaliste est sorti libre du bâtiment, qu'il ne s'y trouve plus, et donc qu'il n'est pas détenu par les autorités saoudiennes, comme le craint par exemple Reporter Sans Frontières. 

Mais les autorités turques, elles, citées par le journal Hurriyet, assurent, après avoir vérifié les caméras de vidéosurveillance et tous les vols privés au départ d'Istanbul et à destination d'Arabie Saoudite, que Khashoggi n'a pas pu quitter l'ambassade, qu'il s'y trouve forcément encore, et qu'il y subit probablement des mauvais traitements. D'ailleurs des forces de sécurité turques ont été déployées tout autour du bâtiment. 

Il faut rappeler, avec Al Jazeera, que Khashoggi a longtemps été considéré comme un proche du prince héritier saoudien Mohammed Bin Salman, avant de tomber en disgrâce l'an dernier et de devoir fuir le pays. Depuis les Etats-Unis il avait retrouvé une certaine liberté de parole comme dans cette interview à Al Jazeera en mars dernier où on l'interrogeait, justement, sur le Prince MBS.

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"Cette disparition depuis mardi met en lumière l'illusion réformatrice et libérale" incarnée par Bin Salmane, affirme ce matin le Middle East Eye

Al Jazeera  de son côté veut croire que la disparition du journaliste va prendre une ampleur internationale, avec Washington et l'ONU qui semblent prêtes à demander des comptes à Riyad. 

En Italie, un mot revient à la Une de tous les quotidiens, celui de "volte-face".

"Volte-face", "tête-à-queue"... manœuvre acrobatique et contradictoire, en tous cas, que celle effectuée hier soir par le gouvernement italien sur son projet de budget : en trois jours, nous dit Il Fatto Quotidiano, l'exécutif italien, qui se disait intraitable face à l'austère Bruxelles, a finalement consenti à réduire ses objectifs de déficits publics, dès 2020.  Le but clairement affiché est de "rassurer les marchés" et le commissaire européen Pierre Moscovici, mais celui-ci reste "sceptique" note Il Fatto, et qualifie au passage le gouvernement italien "d'eurosceptique et xénophobe". 

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Dans la Stampa, on nous explique que finalement le cap du déficit italien ne sera pas maintenu pour les trois prochaines années à 2,4% du PIB, taux très élevé en comparaison au reste de l'Europe, mais que des mesures seront prises pour qu'il baisse à 2,1% en 2020 et même 1,8% en 2021. 

Comment est-ce que Rome compte y arriver? Eh bien, en remettant en cause sans le dire la plupart des mesures populistes qui avaient permis à la Ligue d'extrême droite et au Mouvement 5 étoiles de se faire élire, analyse le Corriere della Serra : à la lumière de ces nouveaux objectifs de réduction du déficit, difficile de ne pas comprendre que les baisses d'impôts, la promesse de ne pas toucher à la TVA, la création d'un revenu universel de citoyenneté, et la revalorisation de certaines retraites... tout ça pourrait être remis en cause dès l'an prochain.

Au passage, le journal note que le sujet a donné lieu à de nouvelles tensions palpables entre les deux composantes du gouvernement, Lega de Salvini et 5 Etoiles de Di Maio : une "guerre des milliards" pour tenter de ne perdre la face ni devant Bruxelles, ni devant les électeurs italiens.    

Au Kenya un scandale impliquant du sucre contaminé au mercure et des députés corrompus entraîne les enquêteurs dans des endroits inattendus. 

En l'occurence, dans les toilettes des femmes du Parlement kényan : c'est là, nous explique The Star de Nairobi, que des députés auraient reçu des pots-de-vins, de la part de lobbyistes, pour s'opposer à un rapport rendu par des experts du commerce de l'agriculture ; rapport donc qui confirmait que des milliers de sacs de sucre égyptien, saisis sur des marchés kényans, contenaient bien des taux dangereusement élevés de mercure et de cuivre.  

Cette affaire, c'est le scandale alimentaire qui passionne les médias  kényans depuis cet été : des ministres, et l'agence sanitaire kényane sont mis en cause pour avoir tenté de dissimuler les risques à la population.  Une commission d'enquête parlementaire a été mise sur pied pour tirer les choses au clair, et ce sont donc ses membres qui ont décidé de se rendre sur les lieux où, selon des témoins, certains parlementaires se seraient laissés corrompre à leur tour : les toilettes des femmes. 

Il s'agira, détaille The Standard, de vérifier "in situ" s'il est bien possible d'entendre une conversation entre deux personnes enfermées dans un cabinet, depuis le cabinet voisin. La question de savoir s'il est bien nécessaire de se rendre en délégation sur les lieux du crime a fait débat, au sein de la commission d'enquête ; mais un de ses membres masculin a expliqué qu'il ne pouvait pas se faire un avis définitif sur un lieu qu'il n'avait, à vrai dire, jamais fréquenté.