Une victoire en forme de camouflet pour Angela Merkel

Hans-Georg Maassen avec Angela Merkel en 2014
Hans-Georg Maassen avec Angela Merkel en 2014 ©AFP - Oliver Berg
Hans-Georg Maassen avec Angela Merkel en 2014 ©AFP - Oliver Berg
Hans-Georg Maassen avec Angela Merkel en 2014 ©AFP - Oliver Berg
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Le chef du renseignement allemand est limogé pour son attitude complaisante avec les dernières violences anti-migrants, mais il est promu secrétaire d'Etat par le ministre de l'Intérieur. En Russie, l'opposant Piotr Verzilov a vraisemblablement été empoisonné. L'Afrique du Sud légalise le cannabis.

En Allemagne, Angela Merkel a sauvé, hier, sa coalition de gouvernement, au prix d'un tonitruant camouflet. 

Le visage à la Une de la presse allemande ce matin c'est celui de Hans-Georg Maassen, limogé hier par la Chancelière de son poste à la tête des services de renseignement intérieur, mais immédiatement promu secrétaire d'Etat, par le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer. 

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C'est un "accord qui a été trouvé pour éviter l'implosion de la grande coalition", nous explique la Zeit, après une réunion de crise entre Merkel, son ministre devenu meneur de la fronde contre sa politique migratoire, et la dirigeante du SPD Andrea Nahles.  Car la crise était profonde, depuis fin août, au sein de l'exécutif allemand, autour donc de Maassen, de ses positions sur les violences xénophobes de Chemnitz, et de ses liens ambigus avec le parti d'extrême-droite l'AFD.

En relativisant de manière "scandaleuse", selon la Frankfurter Rundschaü,  ces chasses aux migrants, menées à Chemnitz par des néo-nazis, Hans-Georg Maassen avait démontré son "aveuglement", sinon sa "complaisance", avec la xénophobie montante dans l'est du pays.  Il est donc exfiltré du renseignement intérieur,  pour rebondir instantanément au ministère de l'Intérieur. C'est "une promotion", il va même être payé 3000 euros de plus chaque mois, note la Zeit. Et cette promotion, au nez et à la barbe de la Chancelière, conforte finalement Maassen et Seehofer dans leurs positions hostiles à la politique d'asile portée par Angela Merkel.  

Ce qui s'est passé hier, commente Bertold Köhler dans la FAZ, nous montre que les tensions, autour de cette politique migratoire, ne seront pas réglées tant qu'Angela Merkel restera Chancelière.  "Dans cette affaire, le cas personnel de Maassen s'est effacé, pour devenir le symbole d'un débat de fond, entre politique d'accueil "optimiste" des migrants , et inquiétude xénophobes sur les dangers de cet accueil." Cette coalition, autour de la Chancelière, "ne fait plus que verser d'une polémique dans une autre" ; la seule chose qui semble tenir ensemble SPD, CSU et CDU, c'est la peur qu'en rompant leur fragile alliance, ils n'ouvrent un boulevard à l'AFD et à ses idées.

On reste en Allemagne où les médecins berlinois qui soignent l'opposant russe Piotr Verzilov estiment qu'il a "vraisemblablement" été empoisonné. 

La nature des maux dont souffre le membre des Pussy Riot semble bien correspondre avec les effets d'un poison, dont la nature n'a pas encore été identifiée: voilà le bilan de santé, établi hier par les médecins de la clinique de la Charité à Berlin, où Verzilov est soigné en soins intensifs depuis le 15 septembre.  Le site d'info russe Newsru relaie les nouvelles rassurantes: la vie de Verzilov n'est plus en danger ; son état s'améliore, même s'il reste très affaibli. 

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Piotr Verzilov, nous rappelle l'article, est le mari de la Pussy Riot Nadejda Tolokonnikova ; il faisait partie des deux militants qui s'étaient introduits sur la pelouse moscovite en pleine finale du dernier Mondial de football ; et il dirige aussi le site d'investigation Médiazona

C'est d'ailleurs là, selon Novaya Gazeta, qu'il faut chercher les raisons du probable empoisonnement de Verzilov: il devait recevoir, le jour où il est tombé malade, des informations très sensibles sur la mort de trois journalistes russes le 1er août en République Centrafricaine. L'un d'eux, Alexander Rastorguev, était un proche de Verzilov, qui avait personnellement engagé des informateurs sur place pour enquêter sur leur disparition. C'est l'un d'entre eux qu'il devait rencontrer la semaine dernière. 

Ces informations dérangeaient-elles des personnes en haut lieu, comme le sous-entendait Nadejda Tolokonnikova, hier, depuis la clinique de Berlin?  Les trois reporters tués en Centrafrique eux enquêtaient sur les activités des mercenaires russes, engagés par des sociétés militaires privées proches du Kremlin, dans ce pays africain.  

Un coup d'oeil à la presse d'Afrique du Sud, enfin: là-bas, la Cour Constitutionnelle a légalisé hier la possession, la consommation et la culture de cannabis. 

Tout est légal, du moment que vous le faites chez vous! Le respect de l'intimité du domicile a donc présidé à une victoire judiciaire historique que la communauté rastafarienne d'Afrique du Sud n'a pas fini de fêter, à en croire le Times Live

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D'ailleurs il y avait beaucoup de dreadlocks dans le public, hier quand le président de la Cour, le juge Zondo, a rendu sa décision:

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La Cour invalide donc les articles du code des Drogues sud-africain, relatifs au cannabis, qui sont jugés inconstitutionnels...  et vous entendez la réaction du public dans cette "High Court", cette Haute Cour que l'on pourrait aussi traduire de l'anglais en "Cour Défoncée". Le "Dagga", comme on le surnomme en Afrique du Sud, est donc légalisé : cela va contre l'avis "d'une majorité" de sud-africains, croit savoir l'Independant OnLine.

Mais sur le fond,   le Daily Maverick précise que le Parlement va devoir inscrire cette dé-criminalisation dans la loi, il a deux ans pour le faire,  et cette future loi devra préciser la quantité d'herbe en-dessous de laquelle les policiers ne pourront pas interpeller un consommateur ou cultivateur. 

Au départ de la bataille judiciaire, il y avait une plainte d'un fidèle du culte rastafarien, qui plaidait le fait qu'on devait le laisser fumer par respect pour sa liberté religieuse., nous rappelle le Times Live cet argument-là n'aura pas porté.  C'est finalement la protection de la vie privée qui a primé : les juges ont privilégié une vision très protectrice de la sphère intime, personnelle, dans le cadre du domicile de chacun, où les pouvoirs publics finalement n'ont pas à interdire quoi que ce soit. 

Mais le Daily Maverick retient un autre aspect de la décision de la Cour: elle reconnait qu'il y a une longue tradition de consommation du cannabis chez les noirs d'Afrique du Sud en particulier ; et que même si cette drogue pose de très importants problèmes sociaux, continuer à criminaliser ceux qui la consomment reviendrait aussi à faire perdurer une forme de discrimination.