

Un haut responsable des rebelles houthis au Yémen se dit prêt à un cessez-le-feu plus complet "si l'Arabie Saoudite veut la paix". Les Etats-Unis vont-ils utiliser le dossier Khashoggi pour convaincre leur allié ? En Belgique, les "'gilets jaunes" sont déjà en phase de récupération politique.
Les médias internationaux ce matin s'accrochent à des espoirs de paix au Yémen.
Des espoirs qui n'avaient jamais été formulés aussi clairement, depuis trois ans que ce conflit s'est internationalisé : la nuit dernière, rapporte Al Jazeera, un haut responsable politique des rebelles Houthis a annoncé un cessez-le-feu unilatéral, un arrêt des frappes de drones et de missiles sur les positions de la coalition arabe. Les combattants chiites (soutenus, on le sait, par l'Iran) se disent donc prêts à discuter d'une cessation plus complète des hostilités si leur principal ennemi dans cette guerre, l'Arabie Saoudite, prouve qu'il "veut vraiment la paix".
Tout ça n'arrive pas par hasard, à ce moment précis au Yémen, nous rappelle Al Jazeera : depuis la semaine dernière la communauté internationale redouble de pressions sur les deux camps, pour faire renaître le processus de paix avorté en septembre. L'artisan de cette nouvelle tentative, c'est le britannique Martin Griffiths, envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen. Voilà ce qu'il déclarait vendredi devant le Conseil de sécurité des Nations Unies :
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"Nous sommes à un moment crucial pour le Yémen", selon donc l'émissaire Griffiths qui dit avoir eu "l'assurance des deux parties au conflit qu'elles vont participer aux négociations de paix qui doivent se tenir bientôt en Suède." Martin Griffiths dit aussi croire en la "bonne foi" des deux camps, pour le bien de la population yéménite meurtrie et affamée.
Déjà, nous rappelle The Guardian depuis Londres, la coalition menée par les Saoudiens a ordonné la semaine dernière l'arrêt des combats dans le port stratégique d'Hodeida, où elle avait lancé une grande offensive quelques jours plus tôt.
Les astres sont-ils pour autant en train de s'aligner au-dessus du Yémen ? Peut-on parler d'une vraie trève sur le terrain ?
Pas vraiment, à en croire le journal d'Abou Dhabi The National : il rapporte que les Houthis ont, juste après s'être dits prêts à participer aux pourparlers de paix, lancé quatre missiles balistiques sur la ville yéménite de Mariv, des missiles qui auraient été interceptés par les avions de la coalition arabe.
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A Riyad enfin, Al Arabiya salue la reprise, par les forces saoudiennes, de plusieurs villages après une énième offensive sur la région d'Hodeida.
Difficile donc dans ces conditions parler de "cessez-le-feu" pour le moment et de croire, comme l'ONU, en la "bonne volonté" des belligérants. Pour Al Jazeera, le vrai espoir, c'est de constater que toutes les voix internationales, pour une fois, parlent de concert pour appeler à la paix et forcer les belligérants à s'impliquer. Les Etats-Unis en particulier semblent enfin prêts à user de leur influence sur leur allié saoudien...
... En la matière, les Américains ont un atout dans leur jeu : la Maison Blanche doit rendre publique demain les conclusions de la CIA sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
La question étant de savoir, si ces conclusions vont, ou non, impliquer nommément le prince héritier Mohammed Ben Salman comme commanditaire de l'assassinat du journaliste.
Ce week-end, le Washington Post affirmait que la CIA était formelle, sur cette implication de MBS. Mais depuis, Donald Trump refuse de confirmer. "Le Président américain fait vraiment tout pour ne pas voir les preuves accumulées", affirme même le New York Times qui cite les doutes exprimés hier par Trump sur Fox News sur le fait que l'on connaisse un jour la vérité... comme une fatalité qui ne semble pas pour lui déplaire.
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"Pour vivre heureux, restons ignorants", voilà l'approche du président sur le dossier Khashoggi, analyse Samantha Vinograd pour CNN. Elle en veut pour preuve ce refus de Trump d'écouter l'enregistrement sonore de l'assassinat du journaliste saoudien fourni par le renseignement turc : il ne voit pas pourquoi il s'infligerait l'écoute de cette bande "horrible", au contenu "violent et cruel" où l'on entend sans filtre le supplice "vicieux' subi par le journaliste.
Et cette surdité volontaire choque le Washington Post, d'autant plus que Trump garde ses oreilles bien ouvertes, quand il s'agit d'entendre les dénégations répétées du prince héritier saoudien, son "allié spectaculaire" comme il l'a qualifié lui-même ce week-end.
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Cette alliance américano-saoudienne, le Président semble vouloir la préserver autant que possible, nous redit donc le New York Times. D'où cette idée qui semble avoir les faveurs de la Maison blanche : se servir du dossier Khashoggi comme levier diplomatique, pour obtenir de Riyad la fin de la guerre au Yémen. Blanchir le prince héritier Ben Salman de toute responsabilité dans la mort de Jamal Khashoggi. serait donc une sorte de prix à payer pour espérer la paix.
Un coup d’œil enfin sur la Belgique, pays lui aussi touché par la colère des "'gilets jaunes".
Les Belges ont même devancé les Français sur ce coup-ci : les barrages routiers chez eux ont été mis en place dès vendredi, nous dit Le Soir, qui précise tout de même que la mobilisation est restée assez faible en nombre de participants, et cantonnée à la Wallonie. Pourtant elle a reçu un vrai écho médiatique, dans la mesure où les gilets jaunes d'outre-Quiévrain ont d'emblée visé des cibles stratégiques, les raffineries de pétrole, même les craintes de pénuries d'essence ont vite été balayées par les autorités.
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En Belgique comme en France, le mouvement se veut l'incarnation d'une colère spontanée, populaire, apolitique contre la hausse des taxes sur les carburants ; plus largement, les gilets jaunes belges exigent la baisse de la TVA de 21 à 6% sur "tous les biens de première nécessité". Et pour porter cette revendication plus loin, les meneurs autoproclamés du mouvement ont créé un parti politique, un vrai, qui veut présenter des candidats aux prochaines élections. Ils l'ont baptisé "Mouvement Citoyen Belge".
Et Le Soir d'ironiser sur la rapidité avec laquelle la "récupération politique" sera tombée sur les gilets jaunes ; d'autant plus que le "Mouvement citoyen belge", est en fait un parti qui existe déjà !
"Pas sûr, conclut le quotidien de Bruxelles, que les centaines de citoyens qui bravent le froid depuis vendredi apprécieront la démarche." Ce qui est sûr, c'est que même en France les forces politiques qui lorgnent vers le mouvement n'ont pas osé aller aussi vite, en matière de récupération.
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