Robert Badinter 15/15 : "Chez Hugo, l'abolition c'est un cri de l'âme"

Robert Badinter le 30 Novembre 2012, Place des Vosges, lors d'une cérémonie d'hommage devant la maison de Victor Hugo qui défendit l'abolition de la peine de mort.
Robert Badinter le 30 Novembre 2012, Place des Vosges, lors d'une cérémonie d'hommage devant la maison de Victor Hugo qui défendit l'abolition de la peine de mort. ©AFP - Miguel Medina
Robert Badinter le 30 Novembre 2012, Place des Vosges, lors d'une cérémonie d'hommage devant la maison de Victor Hugo qui défendit l'abolition de la peine de mort. ©AFP - Miguel Medina
Robert Badinter le 30 Novembre 2012, Place des Vosges, lors d'une cérémonie d'hommage devant la maison de Victor Hugo qui défendit l'abolition de la peine de mort. ©AFP - Miguel Medina
Publicité

Dans cet ultime entretien de la série "Mémorables", Robert Badinter évoque la figure de Victor Hugo, "le plus grand des abolitionnistes du 19ème siècle" selon lui. Il parle de la générosité de cet homme illustre qui n'a pas manqué une occasion de se battre contre la peine de mort.

Dans ce dernier entretien des "Mémorables", Robert Badinter, célèbre pour s'être inlassablement opposé à la peine de mort, dit son admiration pour Victor Hugo et le combat remarquable qu'il a engagé contre la peine capitale. Il affirme que cet élan abolitionniste, "c'est un principe" chez le grand écrivain et qu'il n'a pas changé de position tout au long de sa vie. Chez Hugo, "ce n'est pas seulement une conviction intellectuelle, c'est un cri de l'âme". L'ancien Garde des Sceaux relate l'expérience de Victor Hugo alors âgé de dix ans lorsqu'il voit un condamné à mort emmené à l'échafaud. Puis une seconde confrontation place de Grève l'a convaincu d'écrire en urgence Le Dernier jour d'un condamné publié en 1829.

Si Robert Badinter voit dans les écrits d'Hugo, un peu de naïveté, d'ingénuité, il y voit surtout une "dimension si rare de générosité humaine". C'est un grand homme dont "le cœur s'élargit à mesure qu'il avance en âge". Lui, l'écrivain le plus célèbre d'Europe, s'intéresse et défend ceux qu'il a appelés lui-même "les misérables". Il intervient partout en toute occasion même à l'encontre de ses propres intérêts lorsqu'il est exilé à Guernesey.

Publicité

Le génie littéraire de Victor Hugo, selon Robert Badinter, est de placer le lecteur "en condition de condamné à mort" et aussi de faire en sorte que "la peine de mort [soit] incarnée, matérialisée dans la guillotine" laquelle devient ainsi "un être malfaisant, maléfique, une espèce de monstre".

Je pense que Hugo a été non seulement un grand abolitionniste mais certainement un de ceux qui ont le plus sauvé des accusés qui allaient périr sur l'échafaud. Donc on lui doit, en abolitionniste, une reconnaissance qui est égale peut-être même plus grande encore que l'admiration que l'on doit vouer à son génie littéraire.

Une production de Joël Calmettes, réalisée par Pierrette Perrono.

Mémorables - Robert Badinter, entretien 15/15 : Le père Hugo  (Première diffusion : 22/02/2002)

Une archive France Culture/INA