Fermée et en travaux depuis 2005, la Samaritaine a réouvert ses portes en juin 2021, en tâchant de remobiliser l'imaginaire architectural d'Henri Sauvage et Frantz Jourdain dans un projet commercial contemporain… Mais au juste, quel objet historique et patrimonial ce grand magasin constitue-t-il ?
- Jean-Baptiste Minnaert
- Laure Ambroise Professeure à l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne
Du mot d'ordre de ses fondateurs Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ, "vendre bon marché pour vendre beaucoup, et vendre beaucoup pour vendre bon marché", à sa réouverture en grande pompe sous l'égide du groupe LVMH, la Samaritaine peut apparaitre comme l'un des marqueurs privilégiés de l'imaginaire que la communauté associe à la consommation, et des évolutions successives de celui-ci. Comme les autres Grands Magasins, son histoire raconte dans le détail les évolutions des usages sociaux associés à l'acquisition de biens matériels, et l'importance symbolique dont cet acte s'est progressivement revêtu : l'invention du shopping comme basculement d'un acte utilitaire à un loisir, du registre domestique à l'exposition publique...
Située en front de Seine, en plein centre de Paris, dotée d'une façade Art déco extrêmement identifiée, la Samaritaine apparait plus que tout autre enseigne comparable comme un emblème de cette invention de la consommation de masse comme spectacle. Entre logiques commerciales et patrimoniales, nous retraçons aujourd'hui les étapes de l'édification de ce bâtiment, et tâchons d'éclairer quelques conclusions qu'il nous permet d'établir sur notre histoire récente.
Dans la Pièce jointe, Romain de Becdelièvre propose quelques instants d'errance sur les toits de la Samaritaine vide, dans les pas et le regard de Leos Carax.
Les invité.e.s
- Laure Ambroise est professeure à l'université Jean-Monnet de Saint-Etienne, où elle travaille sur les relations qui unissent les consommateurs et les marques, notamment à travers le concept de personnalité des marques. Elle a publié plusieurs articles, parmi lesquels "La personnalité des marques : une contribution réelle à leur gestion ?" a paru dans le numéro 207 de la Revue Française du Marketing (2006).
- Jean-Baptiste Minnaert est professeur d'histoire de l'art à Sorbonne Université et historien de l'architecture. Il dirige le Centre André Chastel. Il est notamment l'auteur d'un essai monographique consacré à Henri Sauvage paru aux Éditions du Patrimoine en 2011, ainsi que de Le Périurbain est-il un objet d’histoire de l’architecture ? (à paraitre en 2022). Avec Jean-François Pousse, il a également signé La Samaritaine - Une renaissance architecturale, publiée en 2022 chez Ante Prima.
L'équipe
- Production
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- Réalisation
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- Production déléguée
- Stagiaire