Où en sommes-nous du rêve pavillonnaire ? On se le représente souvent en déshérence, comme une forme des Trente Glorieuses à laquelle incombe beaucoup de nos maux contemporains. Mais l'attrait du périurbain appartient-il vraiment au passé ? Ne se transforme-t-il pas avec nos aspirations nouvelles ?
- Aurélien Bellanger Écrivain
- Jean-Marc Stébé
Au fil des transformations démographiques du XXe siècle, l'importance des espaces périurbains est devenue un phénomène structurel de la société française. Si l'envie de vivre à la campagne tout en étant proche de toutes les commodités urbaines remonte à des siècles plus anciens, cette appétence est devenue programme dans l'après-guerre, quand l'étalement urbain est apparu comme réponse à la crise du logement et à la croissance rapide de la natalité. Très étudié dès les années 1960, le développement des banlieues par des ensembles concentrés de maisons individuelles avec jardin a donné naissance à des modes de vie nouveaux pour ces espaces nouveaux, « ni ville ni campagne, mi-ville mi-campagne » (selon une formule du géographe Martin Vanier).
De la même façon que la voiture individuelle (que le périurbain sous-tend comme moyen de transport essentiel), ce modèle majeur de l'aménagement du territoire hier cristallise désormais beaucoup d'enjeux contemporains. On se soucie de l'artificialisation massive des sols qu'il a engendré, on s'inquiète du vieillissement de sa population, d'aucun l'accusent même d'avoir été le fer de lance de l'individualisme et du délitement du lien social, voire de l'enlaidissement des abords des villes. En outre, les rapports entre l'urbain et le périurbain constituent une ligne forte de fracture de la société française, entre habitants des centres-villes très intégrés aux dispositifs nouveaux de la modernité et habitants des périphéries mis à l'écart par ces derniers. Que pouvons-nous faire dès lors de cet héritage collectif, qu'Aurélien Bellanger désignait comme « paradis de longue après-guerre [qui] s’est déroulé sur ces pelouses » et qui semble toucher à son terme ?
Dans la Pièce jointe, Luc Moullet propose de déplacer la capitale de la France à Imphy : Romain de Becdelièvre revient sur ce projet (qui est aussi un court-métrage) du cinéaste en 1995.
- Les invités : Jean-Marc Stébé est sociologue et professeur à l'Université de Lorraine. Spécialiste de sociologie urbaine, il est l'auteur avec Hervé Marchal des Grandes questions sur la ville et l'urbain (PUF, 2011) ainsi que de La France périurbaine (PUF, collection "Que sais-je ?", 2018).
Aurélien Bellanger est écrivain. Il est l'auteur de plusieurs romans parus chez Gallimard : La Théorie de l'information en 2012, Le Grand Paris en 2017, ou Téléréalité en 2021. Entre 2017 et 2021, il officie comme chroniqueur sur France Culture : La France (Coédition Gallimard / France Culture, 2019) compile plusieurs de ses passages à l'antenne.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration
- Production déléguée