En quoi nos connaissances scientifiques sur l’eau, son origine, sa composition, ses propriétés, ses comportements, changent-elles nos façons de la penser, de la dire, de la « vivre » ?
- Olivier Rey Mathématicien et philosophe, chercheur au CNRS, enseignant en philosophie à l’Université Paris 1, membre de l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques
Boire un verre d’eau, c’est ingurgiter à chaque gorgée des milliards de myriades d’atomes d’hydrogène et d’oxygène, tous de céleste lignée : les atomes d’hydrogène se sont formés dans l’univers primordial – il y a plus de treize milliards d’années – et ceux d’oxygène dans le cœur brûlant d’une étoile – il y a environ cinq milliards d’années –, qui les a ensuite dispersés dans le vide intergalactique. Les éléments qui constituent l’eau, comme toute la matière présente, proviennent ainsi de vertigineusement loin. En prendre conscience, c’est réaliser que chacune de nos désaltérations est un acte grave et profond, un geste qui nous relie intimement à l’histoire de l’univers : notre corps absorbe alors, en définitive, des bribes de l’aurore du monde mélangées à des cendres plus tardives du feu stellaire.
Mais qu’est-ce que de telles connaissances scientifiques à propos de l’eau, de son origine, de sa composition, de ses propriétés, de ses comportements, changent à nos façons de la penser, de la dire, de la « vivre » ? Purgent-elles l’eau du symbolique dont elle était jadis saturée ? Ou bien, au contraire, déploient-elle notre imaginaire à son sujet ?
Invité : Olivier Rey, philosophe, auteur de « Réparer l’eau » (Stock).
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