Comment le genre peut enrichir la science ?

France Culture
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Avec
  • Marie-Hélène Therre consultante en développement des organisations, fondatrice du cabinet conseil Inclusive Innovation, vice-présidente de l'association Femmes Ingénieurs.
  • Pascal Huguet Directeur de Recherche au CNRS, Directeur de la Fédération de Recherche 3C "Comportement-Cerveau-Cognition" sur le site Saint Charles de l'Université d'Aix-Marseille, auteur d'une centaine de publications scientifiques dans le domaine de l'influence de
  • Anne Pépin Directrice de la Mission pour la place des femmes au Cnrs
  • Sandra Laugier Philosophe à l'université Paris I
 Ouvrière usinant des pièces d'avion dans l'usine de  Consolidated Aircraft, à Fort Worth,Texas, en 1942.
Ouvrière usinant des pièces d'avion dans l'usine de Consolidated Aircraft, à Fort Worth,Texas, en 1942.
- Hollem, Howard R

Tandis que le sexe désigne les différences biologiques entre les femmes et les hommes, le genre, lui, est un concept qui s’attache aux différences non biologiques, c’est à dire sociales, culturelles, psychologiques, économiques ou politiques entre les deux sexes. En sciences sociales, les études de genre ont débuté aux Etats-Unis dans les années 1950 et elles ont été reprises dans les années 1970 par les mouvements féministes pour dénoncer les inégalités entre les hommes et les femmes. C’est sans doute là que les choses se compliquent un peu. En effet, le combat pour l’égalité entre les sexes, qui vise à supprimer les différences de salaire et à établir une parité au sein des différentes fonctions sociales, a pu être interprété comme une tentative d’effacement des différences entre les femmes et les hommes.

Aujourd’hui, une approche plus subtile se dessine dont l’objectif est de revendiquer à la fois l’égalité et la prise en compte de la différence. Elle souligne en effet qu’égalité ne signifie par identité ou indifférenciation entre les sexes. Ainsi, dans la recherche scientifique, les différences biologiques entre les hommes et les femmes sont parfois oubliées, souvent au profit de l’homme. Les tests des médicaments sur les animaux utilisent souvent des souris exclusivement mâles. A l’inverse, l’ostéoporose est étudiée, à tort, comme un problème purement féminin. Dans l’innovation et la technologie, également, la différence entre les sexes est souvent oubliée au stade de la conception. Par ailleurs, des stéréotypes fortement ancrés dans le cerveau des femmes et des hommes influencent négativement les performances des femmes dans les disciplines scientifiques, par exemple. Trop présent ou trop absent, le sexe reste donc mal pris en compte, y compris par la science elle-même.

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Comment développer à bon escient l’exploitation du genre dans les laboratoires ?

Quelle collaboration peut s’établir entre la philosophie, la psychologie, les sciences cognitives et la biologie dans ce domaine ?

Peut-on mettre expérimentalement en évidence les biais liés à l’éducation, la culture et le social qui perturbent l’évaluation des capacités réelles des hommes et des femmes ?

Comment mesurer l’impact de l’androcentrisme à tous les stades de la recherche scientifique ?

La dimension genre peut-elle se transformer en ressource, en dépassant même la question de la différenciation des sexes, en matière de recherche et d’innovation ?