L'eau que nous buvons est-elle potable?

France Culture
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Avec
  • Emmanuel Poilane
  • Sylvain Victor chef de service eau, milieux aquatiques et agriculture de l’Agence de l’eau Seine-Normandie
  • Agathe Euzen Directrice de recherche CNRS au Laboratoire Techniques Territoires et Sociétés, Directrice adjointe scientifique à l’Institut écologie et environnement du CNRS
  • Yves Levi Professeur à la faculté de Pharmacie de l'Université Paris Sud, membre de l'Académie nationale de Pharamacie et membre correspondant de l'Académie nationale de Médecine
Cool Clear Water
Cool Clear Water
- Mark Wheadon

La question peut paraître saugrenue. A l’évidence, la facture que nous réglons à notre fournisseur d’eau, tel qu’un syndicat intercommunal d’addiction d’eau potable, concerne bien de l’eau… potable. C'est-à-dire propre à la consommation humaine. D’où la surprise de certains d’entre vous qui, comme moi, ont reçu, avec leur facture, une page intitulée « quelle eau buvons-nous ? » et signée par l’Agence régionale de santé, l’ARS. Cette page indique en conclusion, dans mon cas, que, je cite, « l’eau de votre réseau est toujours déclarée non conforme en vue de la consommation humaine », fin de citation. En cause, une teneur moyenne en arsenic ce 11 microgrammes par litre supérieure à la valeur limite admissible de 10 microgrammes par litre. Ainsi donc, l’eau qui coule de mon robinet n’est pas potable…

De quoi être saisi d’une certaine surprise. D’autant que l’eau ainsi distribuée reste au prix de l’eau potable. Il est seulement impossible de la boire ou de l’utiliser pour faire de la soupe, des pâtes ou de la purée. En fait, ce n’est simplement pas de chance. Selon le ministère de l’écologie, 96,8% de la population française est alimentée avec une eau conforme en permanence aux normes de qualité. Vraiment pas de chance, donc.

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Goutte
Goutte
- JR Guillaumin

Néanmoins, lorsque l’eau est déclarée conforme, cela ne signifie pas qu’elle est exempte de molécules plus ou moins indésirables. Ainsi, l’enquête réalisée en avril 2013 par le magazine 60 millions de consommateurs en partenariat avec l’association France Libertés, montre que huit sur dix des prélèvements réalisés contiennent une à quatre molécules sur les 85 recherchées. L’eau en bouteille, beaucoup plus chère, n’est pas, pour autant d’une pureté sans tâche. Sur les 47 échantillons analysés par 60 millions de consommateurs, 10 présentaient des contaminations.

Comment se fait-il que, malgré les traitements destinés à la rendre potable, l’eau du robinet puisse se retrouver impropre à la consommation humaine ?

Quel est le circuit des molécules de contaminants provenant de pesticides ou de médicaments que l’on retrouve dans les eaux du robinet et dans certaines bouteilles ?

Comment fonctionnent le millier de dérogations accordées par les préfets à plus de 400 communes en France afin qu’elles puissent distribuer de l’eau dépassant les seuils limites en nitrates, arsenic, atrazine, glyphosate et autres polluants ?

Pourquoi l’eau est-elle potable dans certains départements alors que dans d’autres elle ne l’est pas ?

L’information du public sur la qualité de l’eau du robinet ou en bouteille est-elle suffisante ?

L'équipe