La France a-t-elle raté le train de l'informatique ?

La France a-t-elle raté le train de l'informatique ?
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Avec
  • Pierre-Eric Mounier-Kühn Historien au CNRS et à l’Université de Paris-Sorbonne
  • Gérard Berry Informaticien, Professeur au Collège de France, membre de l'Académie des sciences

« La France est le seul pays industrialisé où la recherche publique n’a pas réussi à construire d’ordinateurs dans la période pionnière », constate Pierre-Eric Mounier-Kühn dans son ouvrage intitulé L’informatique en France, de la seconde guerre mondiale au plan Calcul, l’émergence d’une science . Ce constat de cet historien du CNRS qui a analysé les premières décennies de l’informatique en France s’inscrit dans une analyse très méticuleuse de cette période. Il nous permet de mieux comprendre comment un pays, pourtant pourvu, à l’époque, d’une élite en mathématiques pures, n’a pas réussi à prendre le virage d’une science qui allait révolutionner en profondeur les pratiques, aussi bien dans l’industrie que dans la vie quotidienne des particuliers. Les origines du problème de la France sont multiples. Mais elles remontent sans doute à la seconde guerre mondiale et au retard que la défaite de la France à provoqué. A cette époque, aux Etats-Unis, un premier ordinateur majeur, l’ENIAC, est construit grâce au financement de l’Armée et mis en service en 1947. Au moment où l’ENIAC cesse d’être utilisé, en 1955, les premiers ordinateurs à programme enregistré sont mis en service dans l’Hexagone dans un contexte où les spécialistes de la programmation restent très rares. Le Plan Calcul de 1966 relance la structuration de l’informatique française avec la création de l’entreprise CII et du centre de recherche IRIA, devenu l’INRIA actuel en 1979. Cet élan engendrera, entre 1972 et 1978, le réseau Cyclades suivi par le Minitel en 1981. La France se trouve alors en pointe en matière de télématique. Pourtant, Internet réduit en cendres cette avance technologique à partir de 1995. Retard au démarrage après la guerre, raté stratégique avec le Minitel, la France semble donc bien avoir raté le train de l’informatique.Comment expliquer qu’un pays comme la France, doté de toutes les capacités humaines nécessaires, n’ait pas réussi à tirer son épingle du jeu en matière de développement de l’informatique ?Qu’en est-il aujourd’hui de cette industrie dans l’Hexagone ? Quel rôle a joué ou aurait pu jouer l’Europe dans ce contexte ? Quel avenir se dessine pour l’informatique française ?

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