- Laura Bossi neurologue et historienne des sciences, commissaire générale de l’exposition « Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXème siècle ».
- Bernard-Marie Dupont Médecin Généticien et spécialiste de soins palliatifs
- Sylvie Pucheu Psychologue clinicienne, docteur en psychologie à l’Hôpital Européen G-Pompidou (Paris), elle exerce depuis le début de sa carrière avec des patients atteints de maladies chroniques, diabétiques, insuffisants rénaux dialysés ou greffés,
- Israël Nisand professeur de gynécologie obstétrique à l'université de Strasbourg
- Jean-François Mattei Médecin, ancien ministre de la Santé, ex-président de la Croix Rouge française.

Une telle interrogation provoque souvent à une réponse instinctive. « Bien sûr, notre corps nous appartient ! A qui d’autre pourrait-il appartenir ? » Néanmoins, dès que l’on tente d’appliquer ce principe à certaines situations concrètes de la vie en société, l’évidence s’estompe. Elle finit même par disparaître si l’on prend en compte certains développements récents de la médecine mais aussi de l’éthique médicale. Nous voici au cœur du sujet de ce forum européen de bioéthique qui nous accueille à Strasbourg et dont le thème général concerne bien l’humain face aux progrès scientifiques et techniques qui touchent notre corps. Ils sont nombreux et tous sont au service de l’individu. Ils visent à protéger sa santé, à prolonger sa vie ou à lui épargner la souffrance. En aucun cas, ces progrès ne semblent remettre en cause notre intime sentiment d’être seul et unique propriétaire de notre corps. A l’inverse, on pourrait dire que le corps est la seule propriété de chaque être vivant.
Et pourtant… Si tel était le cas, le corps serait une chose comme une autre. Nous pourrions le vendre, par exemple. Nous pourrions acheter des organes en cas de dysfonctionnement des nôtres. Nous pourrions faire commerce de notre sang, de notre moelle, de nos cellules souches, de nos ovocytes. Ou de l’un de nos reins. Les femmes pourraient louer leur ventre pour une gestation pour autrui. La mort, aussi, pourrait être achetée. Or, en France et dans bon nombre de pays, tout cela est interdit par les lois et les règles de bioéthique qui régissent la société. Cela signifie donc bien que notre corps nous appartient d’une façon particulière et que nous n’avons pas tous les droits sur lui.
Le statut juridique du corps humain, qui le concerne après la naissance mais également dès la fécondation et après la mort, est-il clairement établi aujourd’hui ?
Ce statut qui autorise le don d’organe, par exemple, de la part de donneurs vivant et proscrit la vente de sang ne confère-t-il pas au corps humain un caractère sacré, voire religieux ?
En plein débat sur le mariage pour tous, comment ne pas nous interroger sur la question de la gestation pour autrui, seule solution pour des couples d’hommes qui veulent engendrer un enfant ?
Les lois de bioéthique résisteront-elles longtemps aux avancées technologiques comme le diagnostic préimplantatoire et prénatal ou le séquençage du génome ?
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