










À propos du podcast

Cette nuit d’archives nous fait revivre les étapes de la lente féminisation de la BD en France, de l’époque des pionnières des années 70, dans le sillage de Claire Bretécher, aux grands succès de Marjane Satrapi au début des années 2000. Un programme d'archives proposé par Antoine Dhulster.
La bande dessinée est à l’honneur à l’occasion du 50e Festival d’Angoulême qui se tient du 26 au 29 janvier 2023. Angoulême : un monde à part avec ses artistes distingués, son palmarès, son Fauve d’Or, son Grand Prix, ses rituels et parfois ses accidents de parcours...
Cette année c’est l’affaire Bastien Vivès qui défraie la chronique avec la carte blanche accordée à cet auteur, une carte blanche annulée après une mobilisation et des pétitions dénonçant la teneur pédopornographique de plusieurs de ses publications.
Au-delà de la singularité de cette affaire, plusieurs auteurs et autrices de bandes dessinées font le lien avec une autre polémique survenue à Angoulême en 2016. Une polémique qui était relative cette fois à la place des femmes dans le monde du 9ème art. Cette année-là, aucune dessinatrice, aucune scénariste ne figurait dans la longue liste d’artistes en lice pour le Grand Prix du Festival. Lequel festival avait fait machine arrière en intégrant en catastrophe six noms féminins à sa liste initiale.
D’une année à l’autre et dans des contextes évidemment très différents, on interroge, donc, et on remet en cause un certain regard, une certaine domination masculine dans le monde de la bande dessinée. Car l’histoire des femmes dans la bande dessinée est une histoire compliquée, entamée dans les années 1970 avec quelques grands noms : Claire Bretécher et ses personnages des Frustrés, puis Agrippine. Mais aussi Florence Cestac ou Chantal Montellier, toutes deux membres de l’équipe du magazine Ah ! Nana, éphémère publication féminine et féministe de la fin des années 70. Plus près de nous des noms nous semblent encore plus familiers : Marjane Satrapi avec sa série Persépolis, ou encore Marguerite Abouet et son héroïne Aya.
On pense aussi à l’entrée officielle ce 30 novembre 2022 de la dessinatrice Catherine Meurisse à l’Académie des Beaux-Arts, un tournant historique de mise en valeur du neuvième art à travers une femme qui plus est.
D’une époque à l’autre et malgré des résistances, l’univers de la BD se féminise donc de façon accélérée et on aurait tort de chercher une “unité” ou une cohérence dans cette BD au féminin, la chose n’aurait pas plus de sens que pour la BD masculine. Mais on retient l’idée d’une discipline qui se renouvelle et s’enrichit en sortant bon an mal an d’un certain entre-soi masculin et donc de certains stéréotypes de genre. In fine et si ce mouvement se confirme, c’est tout l’univers du neuvième art qui aurait à y gagner.
- Par Antoine Dhulster, avec la collaboration d'Anne de Biran
- Réalisation Antoine Larcher
- B.D. : nom féminin - Présentation (1ère diffusion : 22/01/2023)
- Indexation web : Documentation de Radio France
- Archive Ina-Radio France