Georges Bataille, l’hérétique

Ce n’est pas que le Dieu du catholicisme, le Dieu dogmatique et positif que cherche à abolir Georges Bataille : c’est tout. Faire table rase de la raison, de la logique, de la philosophie académique, de la littérature et même des choses dont il se tient le plus proche, telle est sa démarche. L’œuvre de Bataille est une tentative désespérée, angoissée et superbe de se défaire de toute subordination. Il rejette jusqu’à la notion de projet, de but : toute action faite avec une finalité en tête est comme corrompue. Le but même de l’expérience intérieure est une sorte d’ascèse totale, une suppression non seulement du monde mais de soi.

Plaçant au centre de son œuvre cette expérience impossible, Georges Bataille est donc un hérétique total. Son projet ou plutôt son non-projet est celui d’une tabula rasa radicale. La mort, l’expérience intérieure, Dieu, la vérité sont autant d’expressions consubstantielles, de mots qui ne renvoient à rien et pourtant qu’il utilise sans cesse comme autant de signes d’une hérésie radicale.

C’est aussi dans la forme de son œuvre et notamment dans les récits érotiques que s’expriment cette hérésie se défiant du monde : l’érotisme poétique et extrême d’Histoire de l’œil ou de Madame Edwarda par exemple fait circuler l’œuvre de Bataille clandestinement, sous le manteau.

Cette Nuit est l’occasion également de lever le voile ne serait-ce que légèrement sur l’homme que fut Bataille au quotidien, avec de nombreux témoignages de ses amis proches, décrivant l’être-au-monde de cet écrivain à l’œuvre opaque et dense, d’une puissance encore incomprise.

• Par Mathias Le Gargasson
• Réalisation Louise Devillard
• Avec la collaboration de Hassane M’Béchour
• Georges Bataille, l’hérétique (1ère diffusion : 12/03/2023)
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