












À propos du podcast

L'écrivain Roger Caillois, agrégé de grammaire, proche un temps des surréalistes, s’est distingué d’abord par des ouvrages théoriques avant de s’engager vers l’écriture poétique. Cette Nuit d'archives proposée par Antoine Dhulster offre un panorama de l'œuvre de cet esprit érudit et éclectique.
Plusieurs générations de lecteurs ont découvert le nom de Roger Caillois dans les premières pages des recueils de nouvelles de Jorge Luis Borges, le maître argentin du fantastique. De fait Caillois fut le traducteur et l’éditeur de Borges, c'est lui qui lui permit d'accéder à la notoriété en France. Plus récemment d’autres lecteurs ont pu eux aussi découvrir son nom dans un ouvrage d’un autre écrivain, Emmanuel Carrère qui cite Caillois dans son roman Yoga, paru en 2020.
Mais pour le reste, le relatif oubli dans lequel Roger Caillois semble être tombé aujourd’hui est un sujet d’étonnement car cet écrivain né en 1913 et disparu en 1978, membre de l’Académie française, est l’auteur d’une œuvre considérable. Une œuvre éclectique, complexe, dont l’une des clés de compréhension serait le souci d’appréhender avec les outils de la raison et de la logique toutes les manifestations de l’imaginaire. Caillois était "un esprit scientifique égaré en littérature", comme l’a résumé un jour dans une formule la dramaturge et femme de lettres Jeannine Worms.
A la fin des années 1930, jeune normalien et agrégé de grammaire, il publie ses premiers écrits sur le mythe et le sacré. Ses thèmes de prédilection, déjà, qui resteront au cœur de quantité de ses publications futures. Mais au-delà de ces quelques tropismes du mystère, du sacré, du rêve ou du mythe il est parfois difficile de trouver un fil directeur dans l’œuvre de Roger Caillois, tant l’auteur a semblé vouloir brouiller les pistes lui-même tout au long de sa vie.
Lire Caillois est une épreuve exigeante qui fait passer d’un ouvrage à l’autre de considérations théoriques sur la littérature, à des emprunts à la biologie, l’étude des insectes et même l’étude du monde minéral, le monde des pierres qui lui inspire un ouvrage poétique dans ses dernières années. Ces exercices littéraires en forme de grandes traversées entre les disciplines savantes pourraient aisément rebuter les lecteurs les plus impatients.
Mais on aurait tort de ne pas s’intéresser aujourd’hui à Roger Caillois, car son propos demeure d’une brillante actualité. Ses questionnements autour de ce qu’il nommait lui-même les forces obscures, son inquiétude aussi qui le poussa à toujours se méfier des certitudes et des écoles de pensées de chaque époque, du marxisme à la psychanalyse, font de son œuvre un véritable traité de résistance aux emportements et aux facilités de la pensée.
Tout au long de cette nuit nous vous proposons un tour d’horizon très large de l’œuvre et de la pensée de Roger Caillois, qui donnera à entendre l’écrivain lui-même, mais aussi des lectures de ses œuvres, depuis les traités scientifiques ou de théorie littéraire de ses premières années, jusqu’à ses écrits poétiques plus tardifs sur les pierres et le monde minéral...
"Roger Caillois, arpenteur de l’imaginaire" une sélection d'archives proposée par Antoine Dhulster.