












À propos du podcast

Quarante ans après les débuts du groupe de punk Bérurier Noir, un périple radiophonique sur les traces du rock alternatif français des années 80 avec Mano Negra, Les Wampas, Pigalle, Garçons Bouchers... et beaucoup d'autres ! Un programme d'archives proposé par Antoine Dhulster.
Paris, 19 février 1983. Dans une ruelle du quartier de Belleville, dans le nord-est de la capitale, l’usine de Pali-Kao, éphémère lieu de création alternatif, est le théâtre d’une petite révolution musicale et artistique comme la France en connaît peu. Le public présent ce soir-là est pris dans un maelstrom de sons formé par des riffs de guitares robotiques, les battements d’une boîte à rythme minimaliste et des paroles dont la noirceur, l’acidité, et le nihilisme n’ont aucun équivalent. Le groupe Bérurier Noir est né, il joue ce soir-là à Paris pour la première fois dans sa forme pérenne après avoir connu plusieurs formations depuis 1978.
Une scène punk-rock à la française
“Bérurier Noir”, dont le nom est un clin d’œil ironique à un personnage des livres de Frédéric Dard, emmène bientôt toute une scène de musiciens de rock que la presse de l’époque regroupe derrière l’épithète “alternatif”. En quelques années les groupes Pigalle, Les Garçons Bouchers, Los Carayos, Ludwig Von 88, Les Wampas, La Souris Déglinguée, Parabellum, Les Négresses Vertes, OTH et beaucoup d’autres inventent une déclinaison française de la vague punk qui avait déferlé sur le monde anglo-saxon quelques années plus tôt. Avec une particularité qui est restée comme une marque de fabrique de ce courant : la volonté de demeurer soigneusement à l’écart des circuits traditionnels de distribution de la musique.
Ces Keupons, punks à la française, font vivre une scène musicale parallèle dans les squats et les petites salles. Ils rejettent radicalement les grandes maisons de disques et entendent rester maîtres de leurs faits et gestes en choisissant l’autoproduction ou des petites maisons de disques indépendantes. Certains de ces musiciens s’investissent eux-mêmes dans ces nouveaux circuits alternatifs.
Les labels indépendants contre les majors
En 1985, le chanteur multi-instrumentiste François Hadji-Lazaro ( dont nous avons appris avec tristesse la disparition à l'âge de 66 ans), fondateur des Garçons Bouchers et du groupe Pigalle lance le label Boucherie Productions qui se veut une alternative aux majors. Il publie le premier album du groupe Mano Negra emmené par un certain Manu Chao en 1988. Non loin de là, d’autres labels comme Bondage Records ou Gougnaf Mouvement voient défiler les guérilleros de cette véritable insurrection sonore dans le paysage musical français.
Cette scène alternative se concentre à Paris, en particulier dans quelques rues du Nord-Est de la capitale, entre les squats de Belleville et les rues de Bagnolet ou de Buzenval. L’énergie mais aussi l’amateurisme de cette époque, comme l’esprit de famille qui unit tous ces groupes, laissent des souvenirs indélébiles à ceux qui en sont les acteurs. Mais l’amertume et les regrets aussi font partie du récit de cette époque. Les années passent, les concerts dans les squats se raréfient, les rockeurs se rangent, signent des contrats avec les majors, comme la Mano Negra qui part chez Virgin en 1989.
1989, l'année des adieux
1989 c’est aussi l’année de la fin de Bérurier Noir qui se saborde après trois concerts d’adieux à l’Olympia. Le groupe est arrivé à la fin d’un cycle : trop d’intérêts en jeu, trop de pression, trop de divergences au sein-même de leur collectif. Quelque temps plus tard la mort par overdose du chanteur Helno des Négresses Vertes, ami des Bérus et figure de la scène alternative, marque la fin d’une certaine candeur, une époque est bel et bien révolue.
La vague alternative touche à sa fin mais la musique demeure. De nombreux groupes continuent de sortir des disques, de tourner dans toutes les salles de France. C’est le cas par exemple des Wampas formation alternative devant l’éternel, emmenée par l’inénarrable Didier Chappedelaine alias Didier Wampas, chanteur au timbre éraillé et au style kitsch inimitable, qui mit un point d’honneur à conserver son poste de salarié de la RATP tout au long de sa carrière. Le prix, sans doute, de l'intégrité artistique et de la liberté musicale. Une manière comme une autre de rester alternatif après la vague alternative.
40 ans après les débuts de ce mouvement, cette nuit vous fera revivre les grandes heures des concerts de Bérurier Noir, OTH, Pigalle, Garçons Bouchers et Mano Negra. Sept heures d’archives sur les traces de ce que fut en ces années 80, un certain esprit rock en France.
- Par Antoine Dhulster
- Réalisation Antoine Larcher
- Avec la collaboration de Hassane M’Béchour
- Salut à toi, rock alternatif ! (1ère diffusion : 26/02/2023)
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