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- Maman, ça va pas du tout ! Mamie est sur répondeur depuis 5 000 ans ! J’ai laissé quarante millions de messages, no news ! Tu te rends pas compte ! Elle me doit toute la thune de mon anniversaire !23 mars 2020
- Ah ! Oui ! Ici, tout le monde devient ouf !... Sauf moi…Non, moi ça va… normal, quoi…!24 mars 2020
- Faut que je pédale de profil pour pas que ça me déchire les cuisses !25 mars 2020
À propos de la série
"Ah ! Oui ! Ici, tout le monde devient ouf ! Sauf moi… Non, moi ça va… normal, quoi !" A elle seule, Agrippine, 16 ans, est un concentré de crise d'adolescence. Pimbêche, râleuse, égocentrique, elle souffre le martyre avec sa famille. Heureusement, il y a les copines !
Une des grandes figures de la bande-dessinée disparaissait le 10 février dernier. Claire Bretécher avait 79 ans et elle nous laisse une oeuvre qui épingle nos travers et ceux de notre société avec une telle justesse qu'elle s'est inscrite, de son vivant, dans notre patrimoine culturel comme celle qui nous rappellera toujours l'irrésistible non-sens de notre condition humaine.
"Parmi les pionniers de la BD, elle a su imposer un style, un ton, un regard décalé d’une originalité totale. Observatrice détachée de son époque, elle en croque les travers avec une immense autodérision. Dessinatrice de presse, elle a dessiné dans Le Sauvage et Le Nouvel Observateur, où elle faisait paraître chaque semaine une planche des Frustrés. S’étant lancée dans l’autoédition, elle publie en 1988 le premier album des aventures d’Agrippine, suivi de six autres. Sa galerie de personnages lui permettait de s’attaquer à des sujets de société qu’elle aura très souvent identifiés bien avant la plupart de ses contemporains. Au point qu’en 1976 Roland Barthes dira qu’elle est la « sociologue de l’année »."
Source: Le Monde avec AFP, 11 février 2020
Créée par Claire Bretécher à la fin des années 1980, dans les colonnes du Nouvel Observateur, Agrippine est le prototype de l’adolescente gâtée, boudeuse, sarcastique, bavarde, paresseuse, en révolte contre des parents laxistes, et en conflit perpétuel avec son petit frère. Inséparable de ses copines de classe, avec qui elle parle un langage mystérieux et hilarant, elle séduit des garçons qui ont du mal à la suivre.
« Agrippine, tu as conscience que tu es toute nue au milieu du couloir ?... Chuis pas toute nue j’ai une serviette !... Oui, sous les fesses ! Alors maintenant mets une culotte et arrête de nous scier les trompes ! »
Adapter du Claire Bretécher pour la radio, c’est donner du dessin à entendre, servir à l’oreille des mots à croquer. On aurait pu choisir la facilité d’un narrateur descriptif, on a préféré travailler exclusivement dans le dialogue, faire surgir le trait de crayon dans la langue et restituer de cette manière la vélocité linguistique de l’héroïne et la férocité tendre de son auteure.
Les comédiens – nombreux – dévorent ce texte avec jubilation. Agrippine surgit, touchante et décapsulée avec sa rage en fleur, intarissable dans ce langage d’éternelle adolescente que Claire Bretécher a inventé.
Un feuilleton en 5 épisodes