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- Béatrice Cabarrou – qui deviendra, plus tard, Béatrice Dalle –, évoque son enfance au Mans, dans la cité HLM des Sablons, un terrain vague pour tout horizon. Elle nous parle aussi de sa fugue, à l’adolescence, direction Paris : une renaissance pour la jeune Béatrice qui ne reviendra pas sur ses pas…30 août 2021 • 29 min
- La jeune Béatrice, qui s’est littéralement enfuie du Mans, a quinze ans quand elle débarque dans la capitale où elle ne connait personne. Pourtant, des squats alternatifs aux lieux interlopes en passant par le luxe des façades à la beauté intemporelle, tout lui parait étrangement familier à Paris.31 août 2021 • 30 min
- Quand on se penche sur la filmographie de Béatrice Dalle, ce n’est pas tant le nombre de films qui impressionne, mais plutôt le sentiment qu’on éprouve en faisant défiler la galerie des personnages qui l’habitent, que tous ces personnages-là en particulier, avaient besoin d’elle pour exister.1 sept. 2021 • 30 min
- Amoureuse du verbe qui parfois se fait chair, Béatrice Dalle nous parle des mots qui la touchent et qu’elle aime partager, notamment sur la scène d’un théâtre…2 sept. 2021 • 31 min
- Si « l’art de la fugue » n’a jamais eu de secret pour Béatrice Dalle, c’est peut-être parce que la musique occupe depuis toujours la première place dans sa vie…3 sept. 2021 • 29 min
À propos de la série
« Paradoxe mon amour », c’est ainsi que l’appelait son ami, son frère de cœur, Guillaume Depardieu, dont elle dit qu’elle ne peut se faire à l’idée qu’il n’existe plus sur toute la planète une seule cellule de Guillaume quelque part. Ce mot, « paradoxe »,…
« Paradoxe mon amour », c’est ainsi que l’appelait son ami, son frère de cœur, Guillaume Depardieu, dont elle dit qu’elle ne peut se faire à l’idée qu’il n’existe plus sur toute la planète une seule cellule de Guillaume quelque part_._ Ce mot, « paradoxe », dont l’étymologie grecque pará dóxa signifie littéralement « opinion contre », et par extension, contre la dóxa, l’opinion établie, semble en effet lui aller comme un gant : gant ou mitaine de cuir noir clouté – évidemment –, chinée au hasard d’une fripe ou griffée Saint Laurent, révélant sur sa main diaphane la blancheur spectrale d’une peau, qui a toujours préféré la danse des ombres à la lumière écrasante des beaux jours. Ses nuits, Béatrice Dalle les passe volontiers seule chez elle, dans cet antre où n’entre personne, seule ou avec Mozart ou Vivaldi entre les oreilles, le volume poussé à son paroxysme.
Si elle prétend n’avoir jamais ouvert un livre hormis ceux du Divin Marquis à l’adolescence, elle confesse pourtant ne s’être jamais sentie aussi vivante qu’en lisant à voix haute les mots de Pier Paolo Pasolini, ceux d’Antonin Artaud ou de son « Saint Genet », comme on égrènerait pour une prière païenne un mystérieux chapelet. Mais encore lui faut-il un destinataire ; car si beaux, si forts soient les mots, ils n’ont de sens pour elle que s’ils sont bus à la même coupe, au même calice, partagés. Et n’est-ce pas précisément le propre d’une actrice, que de proférer les mots des autres pour pouvoir toucher l’autre à son tour ?
Actrice, elle l’est sans doute depuis toujours, même si elle dit n’avoir jamais joué – ou alors, peut-être, avec le feu ?
Quand on lui parle de rôles de composition, notamment à propos de son personnage d’amoureuse cannibale dans le film de Claire Denis Trouble Every Day, elle répond qu’il n’est nul besoin de composer pour incarner l’amour fou, la passion, la poésie d’une relation…
Philippe Bresson
Une série d’entretiens proposée par Philippe Bresson. Réalisation : Marie Plaçais. Attachée de production Daphné Abgrall. Prise de son : Gilles Gallinaro. Coordination : Sandrine Treiner.