Ilse Koch, "la chienne de Buchenwald" : un podcast à écouter en ligne | France Culture

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© Radio France
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Ilse Koch lors de son procès (14 août 1947)
Ni gardienne ni SS, Ilse Koch, celle que tous, au camp de Buchenwald, appellent la « Commandeuse » va finir par incarner à elle seule toute l’ignominie nazie.
15 min
Le commandant du camp de concentration de Buchenwald, le colonel SS Karl Koch avec sa femme Ilsa, leur fils et leur chien (photo sans date)
Cupide et avide, Ilse Koch, née Margarete Ilse Kölher, porte ses prétentions en bandoulière. Prête à tout, cette fille de paysan va très vite monter en grade grâce à son mari.
14 min
Ilse Koch est condamnée à la prison à vie, le 14 août 1947, par le général de brigade Emil C. Kiel (dos à la caméra) lors du procès de Buchenwald
Si l’Histoire va faire d’Ilse Koch le monstre archétypal du nazisme, elle n’est en fait qu’un arbre qu’on va couper pour préserver le reste de la forêt.
15 min
Illustration de fétichisme
En se donnant la mort par pendaison dans sa cellule le 1er septembre 1967, Ilse Koch ne se doutait pas que la pop culture allait s’emparer de son personnage pour en faire une icône.
14 min

À propos de la série

Ni gardienne ni SS, Ilse Koch, va incarner à elle seule toute l’ignominie nazie. Cupide et avide, elle porte ses prétentions en bandoulière. Cette fille de paysan va très vite monter en grade grâce à son mari.

Attention, certains propos et images peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ainsi que des personnes non averties.

La fabrique d’un monstre

Tous les rescapés du camp de Buchenwald qui vont venir témoigner lors des procès de Dachau sont unanimes : Ilse Koch, qu’ils appellent « la chienne », « la louve SS » ou encore « la bête », Ilse Koch, l’épouse du commandant, le colonel SS Karl Otto Koch, est une femme sadique, perverse, libertine, nymphomane avide de conquêtes et fétichiste, ayant le pouvoir de vie ou de mort sur quiconque osait simplement poser son regard sur elle.
C’est ce qu’ils racontent lorsqu’ils défilent à la barre du 11 avril au 14 août 1947. Ils viennent dire l’impensable d’une réalité trouble faite de rumeurs, de « on-dit », d’approximations et de certitudes aléatoires. On les interroge et les contre-interroge tant les récits semblent imparfaits, comme si, pour l’accusation, la défense et les juges, quelque chose ne collait pas.

Ilse Koch (1906-1967) photographiée en 1947
Ilse Koch (1906-1967) photographiée en 1947
- Wikimedia Commons - Domaine public - Auteur inconnu

Issue d’une famille modeste originaire de Dresde, Ilse Koch devient secrétaire sténotypiste avant de s’engager au parti nazi en 1932 dont elle devient une petite employée modèle. C’est en 1937 qu’elle épouse le colonel SS Karl Otto Koch avec qui elle va avoir trois enfants. En 1938, Karl Koch prend du galon en devenant le commandant en chef du camp de Buchenwald. Ilse Koch devient « La Commandeuse » tandis que le couple, corrompu et cupide, appartient désormais « à la haute » comme on dit, au « gratin » du nazisme et de ses folies.

La naissance d’un mythe

Si l’Histoire va faire d’Ilse Koch le monstre archétypal du nazisme, elle n’est en fait qu’un arbre qu’on va couper pour préserver le reste de la forêt. Mais en se donnant la mort par pendaison le 1er septembre 1967, elle devient une icône de la pop culture.

L’Histoire avec un grand H mais également la presse internationale qui, articles après articles, photos après photos, vont faire d’Ilse Koch bien plus qu’un monstre. Elle va devenir un véritable mythe, l’incarnation féminine de l’horreur nazie, la femme du « boucher Koch », sadique et fétichiste. Celle que les journalistes, présents en masse lors de son procès, vont appeler la « Bitch of Buchenwald », l’accusé numéro 15, doit être jugée. Mais comment, tant les témoignages semblent incertains, voir hasardeux ? Un véritable casse-tête juridique. Elle va finir par être condamnée à la prison à vie mais va se suicider en 1967 dans sa cellule.

Preuves des atrocités présentées au procès : extraits et organes humains, feuilles et abat-jour en peau, savon fait de graisse humaine.... (16 avril 1945)
Preuves des atrocités présentées au procès : extraits et organes humains, feuilles et abat-jour en peau, savon fait de graisse humaine.... (16 avril 1945)
- Wikimedia Commons - United States Holocaust Memorial Museum

À peine morte et enterrée, Ilse Koch va devenir un véritable mythe. Celui de la femme qui commet des crimes pervers, pires que ceux des hommes parce que, justement, elle est une femme. Avec Ilse Koch, on transgresse les barrières de genre. Tous ses faits et gestes sont sexualisés à outrance et outre Atlantique, le public en raffole. On ne parle plus de ses abominations mais de son physique, de ses déviances au point de devenir le symbole du fétichisme. Le cinéma et la littérature vont s’en emparer. Le « naziporn » fera le reste.

Le témoignage d'un journaliste radio, retrouvant le micro avec émotion, après sa libération de Buchenwald, dans "Premiers libérés de Buchenwald", en 1942

2 min

Pour en parler

  • Claude Quétel, historien, spécialiste de l’étude des structures et des processus mentaux qui conduisent à la décision ou l’évènement
  • Benoit Cazenave, historien et économiste, auteur de La mégère de l’Armagedon
  • Florian Henn et Julien Aubrée, vidéastes, écrivains et passionnés d’histoire et fondateurs de la chaine Youtube Mamytwink
  • Barbara Necek, journaliste, réalisatrice et autrice de Femme bourreaux (Grasset, 2022)
  • Annette Wieviorka, historienne et spécialiste de la Shoah
  • Tomaz Jardim, historien à l’université de Toronto, auteur de Le procès d’Ilse Koch (Harvard University Press, 2023)
  • Liliane Kandel, sociologue et essayiste féministe
  • Clovis Goux, journaliste indépendant et fondateur du label Dirty sound system
  • Les témoignages posthumes de Cedomir Rubignoni, Ludwig Gehm, Eugen Kogon, Josef Lowenstein et Kurt Sitte, tous rescapés de Buchenwald

Bibliographie sélective

Lecture des textes (extraits) : Déclaration d’Ilse Koch à son procès en janvier 1951 par Anne de Peuffeilhoux

Filmographie sélective

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Musique

  • Ilse Koch par Woody Guthrie, ainsi que
  • Chanson du film IlsaL, she wolf of the SS (Don Edmonds, 1975)

Introduction et début d'un débat intitulé "Pour la justice, ou pour la vengeance ?" dans "Tribune de Paris : Les hommes, les événements, les idées à l'ordre du jour", consacré au procès de Nuremberg, et diffusée en 1946

4 min

Générique

Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Rafik Zénine. Coordination, Christine Bernard. Archives Ina, Delphine André. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.

Pour aller plus loin

L'Invité(e) des Matins
19 min

Ilse Koch, la chienne de Buchenwald s'inscrit dans la collection Criminels de guerre, une série de France Culture comprenant huit volets (quatre hommes et quatre femmes) à suivre en podcast et sur l'antenne de France Culture.

Provenant de l'émission

Une histoire particulière, un récit documentaire en deux parties, le samedi et le dimanche de 13h30 à 14h sur France Culture

Raconter des histoires du réel, et par le singulier toucher l’universel.